Rendez-vous incontournable des acteurs de la filière continentale, le salon du marché audiovisuel africain DISCOP 2022 se tiendra à Kigali du 29 novembre au 1er décembre. À l’origine de cette initiative, Patrick Zuchowicki Jucaud, le fondateur de la société d’événementiel Basic Lead, explique à Forbes Afrique les enjeux de cet événement qui met en relation les producteurs et les diffuseurs du continent et d’ailleurs.
Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed
Forbes Afrique : Rappelez-nous le concept du DISCOP et ce qui nous attend lors de cette nouvelle édition à Kigali
Patrick Zuchowicki Jucaud : DISCOP est un marché de vente, d’achat et de coproduction de contenus audiovisuels et qui a souvent fait œuvre de pionnier en ouvrant les portes de région du monde jouant un rôle de plus en plus important pour l’industrie. Historiquement, nous avons commencé il y a 32 ans en nous positionnant en Europe de l’Est, peu après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique avant de venir au Moyen Orient, en Afrique et finalement depuis peu, sur le continent américain, avec notre salon de Miami. S’agissant spécifiquement de l’Afrique, après un hiatus de trois ans, nous allons reprendre notre rythme de deux salons par an. Outre cette édition 2022 à Kigali, nous serons ainsi présents en 2023 à Abidjan, du 21 au 22 Juin, et dans la capitale rwandaise de nouveau, du 28 au 30 Novembre 2023.
DISCOP Kigali 2022 devrait pour sa part accueillir plus 500 participants et mettra l’accent sur l’Afrique de l’Est (Ouganda, Kenya, Ethiopie, Rwanda, Tanzanie) ainsi que sur les récentes initiatives du Rwanda Film Office, l’agence publique rwandaise qui ambitionne de faire du Rwanda une destination de tournage internationale. Par ailleurs, une emphase particulière sera mise sur les contenus en langues locales (Kiswahili, Kinyarwanda, Amhara…), les nouvelles plateformes OTT- les services de streaming, qui se multiplient en Afrique Subsaharienne et qui, hors du continent, achètent de plus en plus de contenus produits en Afrique – de même que sur les coproductions entre l’Afrique anglophone et francophone. En cette période particulière de Mondial, il sera également question des opportunités liées aux programmations sport à la télévision.
Forbes Afrique : Parmi les principales annonces faites, vous avez notamment acté le lancement du DISCOP Club, une plateforme numérique destinée à participer à la promotion et à la diffusion des contenus « made in Africa »…
Patrick Zuchowicki Jucaud : En effet. Nous estimons que l’exportation de contenus audiovisuels produits en Afrique ne cessera de progresser au cours des prochaines années pour atteindre 400 millions de dollars en 2025. Pour rappel, le chiffre pour 2019 s’est élevé à 200 millions de dollars ; un doublement en l’espace de six ans. L’initiative DISCOP CLUB est vouée à faciliter ces exportations et répond en particulier à deux problématiques. En premier lieu, elle permet aux producteurs indépendants d’Afrique de vendre leurs contenus à près de 6,500 acheteurs du monde entier et de compléter de manière sécurisée leurs transactions de A à Z, directement en ligne. Dans cette configuration, les coûts de distribution se réduisent à des frais de transaction, qui s’élèvent à 10%. Par ailleurs, DISCOP CLUB répond aux besoins d’une nouvelle génération d’acheteurs, se déplaçant moins aux salons et qui représente une multitude de nouvelles plateformes AVOD (Advertising Video On Demand, qui sont des plateformes de streaming avec de l’insertion de publicité, ndlr) aussi nombreuses que difficiles à joindre individuellement. L’objectif de DISCOP Club est aussi de valoriser les interactions en personne et une ombrelle DISCOP Club sera mise en place sur tous les salons DISCOP, et sur d’autres salons ou festivals partenaires et à vocation internationale. Ces espaces accueilleront les producteurs membres de DISCOP Club, qui seront ainsi mis en rapport avec des acheteurs et/ou des coproducteurs potentiels. Nous allons également organiser avec Vuulr, notre partenaire technique, des webinaires afin de promouvoir l’usage de la plateforme DISCOP Club et en expliquer le fonctionnement. Le dernier webinaire, organisé au début du mois, comptait par exemple 32 producteurs venus du Ghana, Nigeria, Rwanda et du Sénégal soit deux fois plus que le nombre de participants attendus.
Forbes Afrique : Concrètement, quelle valeur ajoutée apportera cette nouvelle plateforme numérique ?
Patrick Zuchowicki Jucaud : La plateforme DISCOP CLUB, mis en place en partenariat avec Vuulr, propose un environnement transactionnel entièrement sécurisé, qui permet notamment à l’acheteur et au vendeur de s’entendre sur un prix et de compléter tous les éléments du deal, jusqu’au règlement final. Ce qui est par ailleurs innovant, c’est de proposer aux vendeurs, acheteurs et producteurs qui se rendent sur nos marchés DISCOP, ou qui ont leurs contenus en vente sur la plateforme DISCOP CLUB, la possibilité d’un vrai rendez-vous – en « face-à-face » – et la souplesse d’un environnement transactionnel qui permet entre les salons de clore des deals avec des prospects virtuels ou avec des rencontres en personne pendant les salons.
Crédit-photo : Discop
