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Les trois opportunités clés à saisir à la COP27

Par Tony Tiyou, fondateur et PDG de Renewables in Africa.

Comme chaque année en novembre, l’un des principaux centres d’intérêt sera la Conférence des Parties (COP), dont la 27eédition se déroulera en Egypte. L’Afrique étant l’une des régions les plus affectées par le changement climatique, plusieurs observateurs s’interrogent sur la manière avec laquelle elle abordera cet important rendez-vous mondial, tenu sur son sol.

Si l’attention s’est souvent portée sur les risques physiques que court le continent, il est aussi important de rappeler que le contexte actuel offre trois formidables opportunités que les représentations Africaines seraient bien inspirées de saisir.

Répandre l’accès à l’énergie moderne

Fournir de l’énergie moderne et à un prix abordable aux 600 millions d’Africains qui en manquent, mais aussi aux entreprises qui perdent en moyenne plus de 3% de leur productivité à cause des problèmes d’énergie, est un des principaux objectifs de développement de l’Afrique. Les énergies renouvelables peuvent apporter des solutions concrètes à ces défis majeurs tout en créant de nouveaux emplois. En effet, des études réalisées dans le secteur démontrent que l’expansion des grandes centrales utilitaires vertes et le développement de solutions de mini-réseaux distribués pourrait créer près de 190 000 emplois directs et 160 000 emplois indirects d’ici 2030. Étant en adéquation avec les préoccupations globales actuelles, l’Afrique devrait, si elle s’y prend bien, pouvoir obtenir un soutien financier, technique mais aussi moral de la part de tous ses partenaires.

Accélérer l’industrialisation manufacturière verte

Avec une population qui pourrait doubler au cours des 30 prochaines années et une classe moyenne grandissante, l’Afrique devra nécessairement renforcer son secteur industriel afin de répondre à la demande locale. De ce point, développer une industrialisation manufacturière à faible carbone offrirait plusieurs avantages. Tout d’abord sur le plan socio-économique, des études de McKinsey ont identifié huit secteurs à fort potentiel, dont le bois lamellé-croisé, qui pourraient générer entre 5 et 10 milliards de dollars de revenus et créer plus de 800 000 emplois, tout en réduisant les émissions de 70 millions tonnes de CO2-équivalent d’ici 2030. De surcroît, les investisseurs internationaux recherchant des projets durables où investir, suivre la voie d’une industrialisation manufacturière à faible émission de carbone permettrait également d’attirer des capitaux sur le continent. Enfin, en choisissant dès maintenant une trajectoire de croissance à faible émission de carbone, les pays africains peuvent éviter d’avoir à s’attaquer à une transition plus coûteuse et beaucoup plus pénible que celle affrontée actuellement par l’Occident.

Lancer de nouveaux secteurs d’exportations

À l’heure du passage à la neutralité carbone, les changements structurels observés dans l’économie mondiale offrent aux pays africains des opportunités pour tirer parti de leur riche dotation en ressources renouvelables, en capital naturel et en minéraux pour ouvrir de nouveaux secteurs d’exportation. Trois opportunités majeures peuvent être citées, notamment l’hydrogène vert ; les métaux de transition critiques tels que le lithium et le cobalt ; et les crédits carbones à monétiser comme préconisé par le rapport Ibrahim. Dans le cadre de l’hydrogène, l’Union Européenne estime que d’ici 2050, il lui faudra entre 65 et 70 millions de tonnes d’hydrogène vert par an pour atteindre son objectif de neutralité climatique. Ce qui représente environ 25 % de sa demande énergétique totale. Des pays déjà bien positionnés dans le secteur tels que la Namibie, le Maroc ou encore l’Egypte pourraient ainsi tirer leur épingle du jeu en fournissant une partie de cette demande.

Au final, comme chaque année en novembre, l’Afrique prendra sa place à la table des négociations de la COP, mais cette fois-ci, elle devra se rappeler qu’elle a énormément de cordes à son arc et ne devra pas hésiter à faire valoir sans complexe ses innombrables atouts pour obtenir un accord satisfaisant pour tout le continent.

©Cinnamon Photography

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