Au Tchad, le dynamique Hamid Khayar Oumar Defallah est le coordonnateur de l’Agence nationale pour la transition numérique (ANTN). Fervent défenseur de l’innovation, l’ingénieur mobilise son expertise pour transformer le paysage technologique du pays. Entre projets novateurs, soutien à la jeunesse et programmes d’inclusion numérique, une révolution numérique sans précédent est en marche.

Hamid Khayar Oumar Defallah se distingue par une vaste palette de compétences qui vont de la maîtrise des systèmes informatiques – Windows, Linux, VMware – à la production audiovisuelle en passant par le design graphique. À la jonction entre technologie et vision stratégique, il orchestre une multitude d’initiatives dans les secteurs de l’éducation, l’énergie et la santé, contribuant à construire un Tchad connecté, équitable et résilient.

Déploiement de la TNT

En 2020, nommé à la tête de l’Agence nationale pour la transition numérique(ANTN), Hamid Khayar Oumar Defallah insuffle une nouvelle énergie à des projets d’envergure. Parmi eux, le déploiement de la télévision numérique terrestre (TNT), qui permettra de diffuser plusieurs dizaines de chaînes sur une même fréquence. Ce projet multidimensionnel, véritable joyau technologique et symbole de modernité et d’inclusion, incarne une vision audacieuse : aligner le Tchad sur les standards internationaux, tout en répondant aux défis locaux qui handicapent le pays. Son objectif est, entre autres, d’offrir un accès équitable à l’information, jusque dans les coins les plus reculés du Tchad. « Nous avons élaboré une feuille de route nationale, ainsi qu’un cadre juridique et réglementaire. Le gouvernement a aussi investi dans des infrastructures essentielles », déclare-t-il.

L’expert prévoit que le projet sera pleinement opérationnel d’ici la fin 2025, marquant ainsi la transition complète du pays vers le numérique. « À terme, la stratégie globale vise à moderniser le secteur audiovisuel du Tchad tout en bâtissant une économie numérique durable et résiliente », ajoute-t-il, faisant de ce chantier une pierre angulaire de la transformation nationale.

« À terme, la stratégie globale vise à moderniser le secteur audiovisuel du Tchad tout en bâtissant une économie numérique durable et résiliente »

Coordonner une Transformation Nationale

Réparti sur 30 sites à travers le pays, le déploiement de la TNT illustre la maîtrise de Hamid Khayar Oumar Defallah dans l’art de coordonner des projets d’infrastructures aussi vastes que complexes. Sous sa direction, les avancées technologiques les plus récentes s’intègrent harmonieusement à ce programme national, traçant les contours d’un Tchad en pleine renaissance numérique.

En tant que coordonnateur de l’ANTN, Hamid Khayar Oumar Defallah est le secrétaire général du Comité national pour la transition numérique, organe stratégique présidé par le Premier ministre et Chef du gouvernement. Ce comité réunit une mosaïque d’acteurs dont des membres du gouvernement, des associations de commerçants, des médias, et bien d’autres entités de la société civile – afin de favoriser une inclusion numérique où chaque voix, grande ou petite, compte et trouve sa place. Hamid Khayar en est convaincu : cette transition numérique ne saurait porter ses fruits sans un engagement collectif. C’est pourquoi il entend placer la technologie au service de tous, pour un Tchad connecté pour tous.

« Pour l’expert, cette transition numérique ne saurait porter ses fruits sans un engagement collectif »

L’Innovation au Service de l’Éducation et des Services Publics

Pour le jeune ingénieur en informatique, la transition numérique du Tchad ne se limite pas au domaine technologique. Elle s’étend également à la cybersécurité, afin de protéger les infrastructures numériques du Tchad, ainsi qu’à l’énergie, où sont mises en place des solutions innovantes, comme le recours au solaire, pour garantir une autonomie durable. « Nous continuons également à sensibiliser la population pour assurer une adoption réussie des nouvelles technologies », confie l’expert tchadien, conscient que le progrès technologique doit s’accompagner d’une mobilisation nationale et collective.

Le projet vise également à accélérer la digitalisation des services publics et des entreprises, moteur d’efficacité et de compétitivité. Ainsi, des solutions numériques adaptées dans l’e-santé et l’e-éducation prennent vie, façonnant graduellement un avenir où la technologie répond aux besoins fondamentaux. Une plateforme d’apprentissage en ligne vient enrichir l’accès à l’éducation, brisant les barrières géographiques, tandis qu’une application mobile simplifie l’accès aux services publics, tout en rendant accessibles les recommandations issues du dernier dialogue national tchadien, organisé en 2022.

« Le projet vise également à accélérer la digitalisation des services publics et des entreprises, moteur d’efficacité et de compétitivité »

Expertise Technique et Leadership

Avant d’occuper le poste stratégique de coordonnateur de l’ANTN, Hamid Khayar Oumar Defallah a été directeur informatique au Radisson Blu Hotel de N’Djamena, où il veillait, avec une précision d’orfèvre, à la sécurité des données et des réseaux, démontrant son savoir-faire technique et son souci du détail.

« Hamid Khayar Oumar Defallah a été directeur informatique au Radisson Blu Hotel de N’Djamena »

Son parcours professionnel l’a mené loin des frontières du Tchad. Après avoir grandi sur sa terre natale, il est d’abord parti au Sénégal avant de poursuivre sa formation en Inde, où il a obtenu un Master en applications informatiques à l’université de Bangalore. Enfin, un séjour en Allemagne lui a permis d’acquérir une expérience en tant que développeur dans une entreprise de haute technologie. Cette immersion dans le monde professionnel allemand lui a ouvert les yeux sur les opportunités à explorer pour son pays natal. Il raconte : « Après avoir travaillé en Allemagne, j’ai pris conscience des défis auxquels mon pays est confronté et de la nécessité d’y retourner, afin de contribuer activement à son développement ».

De retour au Tchad en 2012, il s’engage d’abord comme ingénieur en informatique à la Radio-télévision nationale (2012-2015), avant de devenir assistant de recherche et ingénieur informatique au Centre national de recherche pour le développement (2015-2017). Ces années de pratique et d’innovation renforcent son expertise et affinent sa vision. En parallèle, à partir de 2014, Hamid Khayar Oumar Defallah devient professeur assistant à l’Université de N’Djamena, chargé des cours en multimédia et informatique, ainsi que des travaux dirigés en informatique. Dans ses cours en multimédia, il ne se contente pas de transmettre des connaissances techniques : il y intègre des modules interactifs sur les technologies émergentes, comme l’intelligence artificielle. Avec passion, il encourage également ses étudiants à développer des projets concrets et à participer à des compétitions d’entrepreneuriat. Par cette approche, il aspire à transformer les jeunes Tchadiens en acteurs du changement, capables de relever les défis numériques et d’apporter une contribution active au développement de leur pays.

 « Il aspire à transformer les jeunes Tchadiens en acteurs du changement, capables de relever les défis numériques et d’apporter une contribution active au développement de leur pays »

Une Immersion Dans l’Univers des Incubateurs

Cette aptitude à inspirer et à encadrer les jeunes lui permet d’être sélectionné en 2016 pour le programme YALI (Young African Leaders Initiative) aux États-Unis, à l’Université du Texas. Il y obtient une certification en commerce et entrepreneuriat, enrichissant davantage son arsenal de compétences.

Lors de son séjour américain, il plonge également dans l’univers des incubateurs, découvrant notamment 1776, un espace dédié à l’innovation. Il y effectue un stage, une opportunité rare, réservée à une poignée d’élus parmi les participants du programme YALI. Cette expérience l’amène à collaborer avec The Global Entrepreneurship Network, un réseau mondial qui soutient l’entrepreneuriat à travers le monde. « À travers cette expérience, j’ai appris comment ces espaces d’innovation transforment le monde, contribuent à l’économie et encouragent la créativité », partage-t-il. Une expérience qui l’inspire à concevoir des initiatives ambitieuses pour nourrir l’écosystème entrepreneurial du Tchad.

Création en 2017 du Chad Innovation Hub

C’est ainsi qu’en 2017, Hamid Khayar Oumar Defallah fonde le Chad Innovation Hub, un espace dédié à l’émergence de nouvelles idées, au soutien des startups et à l’accompagnement de projets entrepreneuriaux. Conçu comme un creuset d’innovations, ce hub propose un accompagnement sur mesure, des programmes de formation enrichissants et un espace de coworking collaboratif. « Notre objectif est de doter les jeunes des compétences nécessaires pour relever les défis du 21ᵉ siècle », déclare-t-il.

Sous la direction de Hamid Khayar Oumar Defallah, le Chad Innovation Hub s’est imposé comme un véritable sanctuaire de créativité. Depuis son inauguration en 2018, ce hub a formé plus de 1 000 jeunes, dont près de 30 % sont des femmes, grâce à des collaborations stratégiques avec des institutions locales, comme l’Agence nationale des investissements et des exportations (ANIE), le Fonds national d’appui à la jeunesse, et des réseaux internationaux tels qu’Afrilabs, Impact Hub et la Global Innovation Gathering dont il est membre du conseil d’administration.

« Sous la direction de Hamid Khayar Oumar Defallah, le Chad Innovation Hub s’est imposé comme un véritable sanctuaire de créativité »

Aujourd’hui , environ 15 startups ont vu le jour grâce à cette structure. Certaines sont parvenues à lever jusqu’à 10 millions de francs CFA (environ 15 000 euros) sur le marché local. Cette réussite éclatante a valu au Chad Innovation Hub d’être couronné meilleur incubateur d’Afrique centrale pour la période 2023-2024 lors des prestigieux Global Startups Awards.

Le Chad Innovation Hub a été couronné meilleur incubateur d’Afrique centrale pour la période 2023-2024 lors des Global Startups Awards.

 Le Sommet Tchadien de l’Innovation

Grâce à l’élan insufflé par le Chad Innovation Hub, Hamid Khayar Oumar Defallah a intégré le programme de réciprocité du « Mandela Washington Fellowship », qui permet à de jeunes leaders africains de collaborer avec des Américains sur des projets. Ce programme, inversant les paradigmes classiques, invite des experts américains à collaborer en Afrique sur des projets inspirés des échanges précédemment initiés aux États-Unis.

C’est dans ce contexte que le tech entrepreneur a organisé, en 2018, le Chad Innovation Summit (Sommet tchadien de l’innovation), une rencontre majeure qui a redéfini les contours de l’écosystème entrepreneurial tchadien. L’initiative était soutenue par le défunt Président Idriss Déby Itno, qui l’avait placée sous son haut patronage, par l’ambassade des États-Unis, ainsi que par de nombreuses entreprises nationales. Cet événement a rassemblé plus de 4 000 jeunes autour de thèmes porteurs comme les technologies émergentes, l’entrepreneuriat féminin ou le green business.

« Le tech entrepreneur a organisé, en 2018, le Chad Innovation Summit (Sommet tchadien de l’innovation), une rencontre majeure qui a redéfini les contours de l’écosystème entrepreneurial tchadien »

 La Souveraineté Numérique du Tchad, une Priorité

Pour l’avenir, Hamid Khayar Oumar Defallah se montre ambitieux. Dans les cinq à dix prochaines années, il envisage une transformation radicale : la mise en place d’une infrastructure numérique qui garantirait un accès universel à Internet dans toutes les régions du pays. « Nous devons moderniser notre secteur audiovisuel tout en bâtissant une économie numérique durable et résiliente. Cela nous permettra de tirer parti des technologies émergentes et de rester compétitifs sur la scène internationale. Pourquoi ne pas rêver grand ? Peut-être même atteindre des objectifs qui nous semblent aujourd’hui impossibles », confie-t-il, avec un optimisme contagieux.

Au cœur de sa vision réside la conviction que la souveraineté numérique du Tchad est une priorité. Pour ce faire, il insiste sur l’urgence de développer les compétences numériques, de stimuler l’innovation chez les jeunes et de hisser le pays au rang des nations modernes et connectées, afin de « parler un langage commun avec le reste du monde ».

« Dans les cinq à dix prochaines années, il envisage une transformation radicale : la mise en place d’une infrastructure numérique qui garantirait un accès universel à Internet dans toutes les régions du pays »