Dévoilée début mai 2022, la nouvelle levée de fonds d’Interswitch pour un montant de 110 millions de dollars met de nouveau sous les feux de la rampe le fondateur de la start-up nigériane, Mitchell Elegbe.

^{Par Oju Babayaro – Publié dans l’édition 65}

Patron de la fintech Interswitch, l’entrepreneur nigérian Mitchell Elegbe fait de nouveau la une. Annoncée le 11 mai 2022, la prise de participation des fonds LeapFrog Investments et Tana Africa Capital pour un montant de 110 millions de dollars confirme la solidité du modèle d’affaires de l’entreprise mais plus encore, le talent de Mitchell Elegbe pour s’allier à des partenaires de poids. Fin 2019 déjà, c’est le géant américain des cartes de paiement Visa qui avait pris une participation non divulguée dans Interswitch, dans le cadre d’une opération à 1 milliard de dollars, propulsant de facto la start-up nigériane au rang de « licorne » africaine. Sous la férule de son fondateur, Interswitch, fondée en 2022, a bouleversé le paysage financier nigérian en fournissant notamment aux institutions financières une plateforme à partir de laquelle elles peuvent se mettre en réseau et gérer les transactions de leurs utilisateurs. Âgé de 49 ans à ce jour, Mitchell Elegbe est né à Benin City, une ville située au sud-ouest du Nigeria dans l’État d’Edo. C’est dans l’université de cette ville qu’il obtient son diplôme d’ingénieur en électricité avant d’entrer dans la vie active. Son aventure professionnelle va démarrer dans une entreprise locale de TIC proposant des solutions au secteur de la finance, puis se poursuivre en Écosse, où il passe quelques années. Il revient ensuite au Nigeria et, pendant plusieurs mois, travaille encore comme employé, avant de se lancer à son propre compte.

Interswitch a bouleversé le paysage financier nigérian en fournissant notamment aux institutions financières une plateforme à partir de laquelle elles peuvent se mettre en réseau et gérer les transactions de leurs utilisateurs. 

Switch

Selon la légende, sa première rencontre avec un distributeur de billets a justement lieu en Écosse. À l’époque, le Nigeria n’abrite pas le moindre distributeur de billets. Toutes les opérations s’effectuent aux guichets des banques, au prix de pénibles files d’attente. Par ailleurs, les agences bancaires ne disposant pas d’un logiciel les reliant entre elles, les clients doivent impérativement retirer de l’argent dans l’agence exacte où ils ont ouvert leur compte, une mission impossible lorsqu’on est en déplacement. De là lui vient l’idée de concevoir le « Switch », un logiciel de commutation de paiements capable de résoudre ce problème. Les acteurs bancaires se montrant frileux vis-à-vis de sa solution, Mitchell Elegbe lance alors Interswitch, avec le soutien d’Accenture et de quelques banques locales. C’est ainsi que naîtront les deux services phares d’Interswitch, Verve et Quickteller, les principaux moteurs de la croissance de l’entreprise jusqu’aujourd’hui. Verve est la première carte à puce acceptée sur tous les canaux de paiement au Nigeria ; elle totalise quelque 35 millions d’utilisateurs à travers le pays. Sa version Verve Global peut être utilisée dans plus de 185 pays dans le monde. Quickteller est quant à elle une plateforme conçue pour les particuliers, leur permettant de recharger facilement du crédit téléphonique, de transférer des fonds, de payer des factures. Deux innovations qu’Interswitch souhaite désormais étendre au reste du continent, la dernière levée de fonds ayant notamment pour objectif de développer les services de paiement numérique de la fintech ailleurs en Afrique. On n’a donc pas fini d’entendre parler de Mitchell Elegbe…