Tenu à Saint-Pétersbourg les 27 et 28 juillet, le second sommet Russie-Afrique aura connu une participation moindre que lors de la première édition, organisée à Sotchi en octobre 2019. Un sommet où le président Poutine s’est employé à rassurer ses partenaires africains. 

Alors que 43 chefs d’État et de gouvernement s’étaient à l’époque déplacés sur les rivages de la mer Noire, seuls 17 d’entre eux étaient présents dans l’ancienne capitale de l’empire russe. Ostracisé sur le plan international depuis le début du conflit en Ukraine, en février 2022, et fragilisé politiquement depuis la récente mutinerie  de la milice Wagner, Vladimir Poutine s’est évertué à rassurer ses partenaires africains. Le dirigeant russe s’est ainsi engagé à fournir – gratuitement – dans les mois qui viennent « jusqu’à 50.000 tonnes » de céréales au Zimbabwe, à la Somalie, à l’Érythrée, au Mali, à la Centrafrique et au Burkina Faso. Une annonce qui intervient peu après la non-reconduction de l’accord sur les exportations céréalières, qui a permis sur l’année écoulée de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens en dépit du conflit en cours. 

À cette posture diplomatique calculée et habilement « bienveillante », le Kremlin a par ailleurs ajouté une longue liste de promesses : accueil de plus de 35 000 étudiants africains en Russie, ouverture de filiales d’universités russes sur le continent, déploiement de technologies destinées à aider l’agriculture locale, invitation à venir participer à un festival de la jeunesse à Sotchi… 

Un forum économique en marge du sommet politique

Au-delà du sommet politique, l’autre grand enjeu était le forum économique, organisé en parallèle. Celui-ci aura notamment permis de mettre en lumière l’authentique savoir-faire russe dans nombre de domaines stratégiques pour l’Afrique : extraction minière, hydrocarbures, nucléaire, armement… De fait, la diplomatie du géant eurasiatique a pour elle bien des atouts tels qu’effacer de la dette en échange d’une coopération militaire renforcée ou la promesse d’accéder à des ressources naturelles, qui seront ensuite exploitées par des poids-lourds de l’économie russe comme Rostec (armement) Gazprom, Rosneft et Lukoil (hydrocarbures), Alrosa (diamants), Rusal (aluminium) et Rosatom (nucléaire). 

Il n’empêche, en matière commerciale,  le plus grand pays du monde reste un modeste acteur sur le continent (18 milliards d’échanges avec l’Afrique en 2022, principalement avec l’Afrique du Nord) comparé aux géants européen (275 milliards), chinois (254 milliards), indien (75 milliards) et américain (64 milliards).  On retiendra enfin l’apparition de tensions entre dirigeants africains, qui ont éclaté au grand jour durant ce sommet Russie-Afrique. S’adressant à ses pairs à la tribune, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition au Burkina Faso, s’est ainsi étonné du fait que nombre de « chefs d’État [africains] traversent le monde à mendier […]. Il faut que nous, chefs d’État africains, arrêtions de nous comporter en marionnettes qui dansent à chaque fois que les impérialistes tirent sur les ficelles », a conclu le dirigeant burkinabé. Des propos auxquels le président Macky Sall a immédiatement répliqué. « Pour répondre à notre jeune frère, notre cadet : les chefs d’État ne sont pas venus ici pour mendier. Nous n’allons pas ailleurs pour tendre la main. Nous travaillons pour un partenariat d’égale dignité entre les peuples. C’est le même discours qu’on tient à Dakar, ici à Saint-Pétersbourg, ou à Washington. Et ce combat transcende les générations », a tranché le chef d’État sénégalais.