Jusqu’alors directrice générale de Teyliom Sénégal, Dorethy Pesseu a été nommée, fin janvier, à la tête de Mangalis Hotel Group. Femme de convictions, elle a pour mission de construire une hôtellerie africaine compétitive, enracinée et tournée vers l’avenir.

^{Par Jean-Luc Clouard}

Elle le dit d’un ton convaincant, avec un évident souci pédagogique : « Ma mission est claire : renforcer la compétitivité de nos marques, consolider notre portefeuille existant et poursuivre notre développement stratégique dans les capitales africaines à fort développement ». Au sein du groupe Teyliom, fondé par l’Ivoiro-Sénégalais Yérim Sow, Dorethy Pesseu a mobilisé depuis plus de seize ans une double expertise en développement hôtelier et en structuration d’actifs immobiliers. C’est donc fort logiquement que, courant janvier, elle a pris les fonctions de directrice générale du Mangalis Hotel Group, filiale de Teyliom.

Noom, Seen et Yaas

Objectif de cette entité créée en 2011 : « Bâtir un modèle hôtelier africain capable de répondre aux meilleurs standards internationaux, tout en intégrant les spécificités économiques, culturelles et sociales du continent ». Il faut dire que Mangalis s’appuie sur des bases solides pour se projeter dans l’avenir et afficher des objectifs aussi ambitieux. Fort de sept établissements hôteliers installés au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Niger, le groupe exploite aujourd’hui trois marques positionnées sur des segments stratégiques différents : Noom Hotels (hôtellerie haut de gamme urbaine et contemporaine) ; Seen Hotels (haut et milieu de gamme, tendance & lifestyle) ; Yaas Hotels (concept économique nouvelle génération). Et ça marche : + 14 % de croissance du chiffre d’affaires consolidé en 2025 ; revenu par chambre disponible (RevPar) en hausse sur l’ensemble du portefeuille ; taux d’occupation de 72 % dans les établissements matures et une marge opérationnelle comprise entre 39 et 44 %. Assurément, Mangalis s’impose comme l’un des rares groupes hôteliers africains à allier expertise de terrain, structuration internationale et ancrage local. Le groupe ne compte pas en rester là : six projets sont en cours de développement : à Pointe-Noire, Freetown, Abidjan, Douala, Dakar et Diamniadio, la ville nouvelle de Dakar. À terme : plus de 2 500 chambres dans sept pays, avec un effectif consolidé de 2 000 collaborateurs. « Ma feuille de route repose sur trois piliers fondamentaux », ajoute Dorethy Pesseu : « une vision stratégique, l’excellence opérationnelle et une compréhension fine des attentes clients ». Avec ces arguments, elle entend aussi inciter des structures hôtelières déjà existantes à faire appel aux compétences de Mangalis pour moderniser leurs établissements, en adoptant ses concepts ou, pourquoi pas, en lui confiant leur gestion déléguée.

Un Opérateur Nouvelle Génération

Dorethy Pesseu ne le formule pas de cette manière car elle est modeste, mais en réalité Mangalis a véritablement inventé une nouvelle hôtellerie pour l’Afrique. Ses initiateurs ont développé une alternative aux grands groupes internationaux, tout en construisant une identité d’opérateur nouvelle génération, indépendant, structuré, à l’écoute des réalités du continent et… rentable ! Une belle vision pour un continent porteur d’avenir. « L’hôtellerie est un levier de transformation économique, mais aussi un outil de valorisation territoriale », détaille la nouvelle directrice générale. « À ce titre, notre responsabilité dépasse la simple gestion hôtelière. Nous avons vocation à incarner l’Afrique telle qu’elle se projette – exigeante, créative, ancrée culturellement et tournée vers l’excellence ». Mangalis s’appuie sur une vision claire de l’avenir, avec une solide conviction : l’Afrique sera au cœur des dynamiques démographiques et économiques mondiales. D’ici 2050, elle comptera un quart de la population mondiale et cela implique une transformation structurelle du marché de l’hospitalité. Selon le groupe la croissance viendra à la fois du tourisme international et des voyageurs intra-africains, des classes moyennes émergentes et d’une demande de la clientèle d’affaires de plus en plus exigeante. « Le défi sera d’y répondre par des produits adaptés, technologiquement avancés, rentables et porteurs de sens », analyse la jeune directrice. « Mangalis entend accompagner cette mutation en proposant une hospitalité enracinée, moderne et opérée avec rigueur – africaine dans l’âme, universelle dans l’exécution ». Pour quels clients ? « La clientèle africaine et la clientèle occidentale de nos hôtels sont quasiment similaires car à la recherche d’hôtels modernes, avec un positionnement géographique propice pour les affaires, mais aussi les loisirs », révèle-t-elle. « Nous sommes très à cheval sur la qualité de services et sur le sens des détails pour obtenir un niveau de satisfaction au-dessus de la moyenne ».

“Mangalis a véritablement inventé une nouvelle hôtellerie pour l’Afrique”

Une Hospitalité Humaine

Les projets que la nouvelle directrice générale entend conduire découlent de cette approche. Il s’agit de créer des « lieux d’exception ancrés dans leur territoire et conçus comme des produits d’expérience à forte valeur émotionnelle et sensorielle ». Réinventer la relation client grâce à une « hospitalité humaine et à des parcours personnalisés, cohérents et intuitifs ». Déployer une « marque d’hospitalité lifestyle africaine de référence » avec des concepts hybrides intégrant design, culture, bien-être, gastronomie et services augmentés. Ce n’est pas un hasard si beaucoup des espaces du groupe sont devenus « instagrammables ». Mais ce n’est pas tout. Convaincue qu’il est indispensable aujourd’hui de motiver les plus jeunes en leur offrant de nouvelles perspectives, Dorethy Pesseu entend aussi mettre l’accent sur la formation des jeunes talents africains du service, à travers la Mangalis Academy, créée tout récemment. Objectif : en faire un « incubateur d’excellence et de leadership ». Sans oublier d’agir pour une hôtellerie qui enrichit les territoires en valorisant les savoir- faire locaux et en respectant les équilibres environnementaux. Comment, pour sa part, Dorethy Pesseu réussit-elle à concilier vie professionnelle et vie personnelle ? Elle fait beaucoup de sport et croit aux choses simples. « Mère de deux enfants, je suis très attachée à la transmission », dit-elle. « Ma vie personnelle est guidée par la sobriété, la foi et une sensibilité profonde à l’égard de l’esthétique et de l’harmonie ». À parler avec elle, on comprend combien cela est vrai.