Lancée comme une plateforme de VTC en Côte d’Ivoire en 2018, Yango est devenue une entreprise technologique mondiale opérant dans plus de 30 pays. En combinant technologies avancées et approche hyperlocale, elle construit des écosystèmes numériques qui aident les entreprises locales à croître et facilitent le quotidien de millions d’utilisateurs. Lors de l’inauguration de son nouveau bureau régional à Abidjan (désormais siège africain de l’entreprise), Forbes Afrique s’est entretenu avec Daniil Shuleyko, PDG de Yango Group, pour évoquer la stratégie de l’entreprise et sa vision de l’avenir numérique du continent.

^{Par Roldan Klohi}

Les PME représentent environ 90 % des entreprises en Afrique, fournissant 80 % des emplois et contribuant à près de 50 % du PIB des pays d’Afrique subsaharienne. Mais pour alimenter la croissance économique et la création d’emplois attendues, ces entreprises doivent avoir accès à des technologies et des outils financiers qui leur ont longtemps été inaccessibles.

C’est là que Yango intervient. Basée à Dubaï, l’entreprise a fait ses débuts en Côte d’Ivoire en 2018, avec une application de VTC. Depuis, elle est devenue une entreprise technologique mondiale active dans plus de 30 pays à travers le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Amérique latine, l’Europe et l’Asie, proposant des solutions numériques locales dans les domaines du transport, du commerce, de l’IA, du divertissement, de la publicité, ou encore de la navigation.

Ce qui distingue Yango, c’est son approche  : l’entreprise ne fonctionne pas en système fermé. Elle s’associe avec des opérateurs de transport, restaurants, commerçants et prestataires locaux, en leur fournissant des plateformes et outils pour croître.

« Dans le VTC, nous ne recrutons pas de chauffeurs : nous travaillons avec des compagnies locales. Dans la livraison, nous offrons une plateforme qui permet aux restaurants et petits commerçants de se développer. Notre objectif est de croître avec nos partenaires, en leur donnant une technologie qui amplifie leur potentiel et favorise le succès collectif », explique Daniil Shuleyko.

Le PDG de Yango Group ajoute : « Prenez l’un de nos plus anciens partenaires, LMS CI. Quand on a commencé, ils avaient environ 40 véhicules, presque tous vieux de 20 ans. Aujourd’hui, ils en ont plus de 200, tous âgés de moins de 3 ans – et rien que cette année, ils en ont acheté 60 de plus. Voilà ce qui se passe quand on connecte les entreprises locales à la demande et aux bons outils ». Le même principe s’applique à tous les secteurs  : « Nous créons une infrastructure qui aide les autres à créer de la valeur ».

« Notre objectif est de croître avec nos partenaires, en leur donnant une technologie qui amplifie leur potentiel et favorise le succès collectif »

Construire Des Écosystèmes Numériques Inclusifs

Comme l’explique Daniil Shuleyko, la stratégie du groupe repose sur la création d’écosystèmes numériques fondés sur des technologies mondiales, mais avec une approche locale. « Chaque pays est différent, dit-il. Nous ne croyons pas à l’expansion en copiant-collant. Nous demandons  : qu’est-ce qui manque dans la vie quotidienne ici  ? Et comment construire un écosystème autour de ces besoins ? »

Ce modèle d’adaptation a permis à Yango de croître rapidement. Si le VTC reste central — avec plus de 900 millions de trajets et 1,5 million de conducteurs inscrits dans le monde entier — l’entreprise a aussi lancé la location de véhicules (Yango Drive), la navigation (Yango Maps et Navigator), des plateformes de streaming (Yango Play), l’assistante vocale Yasmina (IA arabe-anglais), ainsi que des services B2B comme Yango Tech et Yango Ads.

Ces services varient selon les besoins des pays. En Côte d’Ivoire, par exemple, la fonctionnalité « Achat & Vente » a été introduite pour combler un manque dans le e-commerce. Aux Émirats, Yango Drive répond à la forte demande touristique. « Nous ne lançons pas des services pour le principe », affirme Shuleyko. « Nous agissons là où la demande est réelle et où nous pouvons améliorer la vie des utilisateurs et partenaires. »

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Un Nouveau Siège Régional à Abidjan

En juillet, Yango a ouvert son premier siège international en dehors de Dubaï – à Abidjan. Ce bureau devient le siège régional africain, symbole de l’engagement de long terme de l’entreprise envers le continent. « Ce bureau n’est pas seulement pour la Côte d’Ivoire. C’est notre base régionale : un lieu où les équipes collaborent, partagent et grandissent », explique Daniil Shuleyko. « Il nous permettra d’agir plus vite, de soutenir davantage de partenaires et d’accompagner une croissance durable sur le continent. » Il espère élargir l’accès aux plateformes de Yango, en mettant à disposition logistique, outils numériques et infrastructure pour aider les entrepreneurs africains à se développer plus vite et plus efficacement.

Le bureau d’Abidjan comptera près de 200 employés, des équipes en charge des partenariats à celles chargées du développement des services en passant par le marketing, entre autres. Pour Daniil Shuleyko, Abidjan peut devenir une capitale technologique pour l’Afrique de l’Ouest : « Nous croyons au potentiel d’Abidjan comme hub d’innovation et nous voulons y contribuer », observe-t-il.

« Ce bureau n’est pas seulement pour la Côte d’Ivoire. C’est notre base régionale »

Renforcer Les Capacités Pour l’Avenir

Au-delà de la technologie, Yango veut investir dans les talents africains. « La technologie seule ne suffit pas. Il faut des personnes capables de la développer. C’est pourquoi nous investissons dans les talents locaux — pour que l’avenir numérique de l’Afrique soit façonné par les Africains. » L’entreprise a annoncé l’extension du programme Yango Fellowship à l’échelle panafricaine, pour former les jeunes aux compétences numériques d’avenir.

« L’entreprise a annoncé l’extension à l’échelle panafricaine du programme Yango Fellowship »

Elle a a également lancé Yango Ventures, un fonds d’investissement de 20 millions de dollars pour soutenir, avec un accompagnement stratégique, les startups prometteuses en Afrique. « Nous n’apportons pas que du financement : ce qui compte autant, c’est le partage d’expérience. » Ce faisant, l’entreprise aide les fondateurs locaux à aller plus vite et à éviter les erreurs classiques.ite et éviter les erreurs classiques.

« Nous n’apportons pas que du financement : ce qui compte autant, c’est le partage d’expérience »

Perspectives Pour l’Afrique

Les perspectives de Yango en Afrique sont ambitieuses, mais ciblées. « Nous ne courons pas après la croissance pour la croissance, souligneDaniil Shuleyko. Nous voulons résoudre des problèmes réels, avec la technologie comme levier pour créer de la valeur économique et améliorer la vie quotidienne ».

Des outils de navigation hors ligne à Dakar ou Maputo, à l’IA locale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les innovations de Yango naissent de l’écoute des besoins locaux. « Ce n’est que le début. La prochaine vague numérique en Afrique ne viendra pas de la copie des modèles existants, mais d’une construction en cocréation avec le continent ».

La prochaine vague numérique en Afrique ne viendra pas de la copie des modèles existants, mais d’une construction en cocréation avec le continent »