D’Abidjan à Dakar en passant par Kinshasa, Yaoundé ou Douala, l’opérateur VTC Yango assure des centaines de milliers de déplacements quotidiens tout en contribuant à la professionnalisation d’un secteur historiquement informel. Au lendemain du lancement en Côte d’Ivoire de Yango Motors (sa division dédiée au secteur automobile), Bolat Abuov, responsable mondial du développement de la flotte et vice-président commercial, répond à nos questions.
Propos Recueillis Par Kouza Kiénou
Forbes Afrique : Alors que vos concurrents travaillent directement avec les chauffeurs, vous avez fait le choix de collaborer par l’intermédiaire de PME partenaires, qui possèdent et gèrent des véhicules pour Yango. Quel type d’accompagnement leur apportez-vous ?
Bolat Abuov : Notre business model est en effet historiquement très différent de celui des autres acteurs. Nous essayons d’aider nos partenaires de diverses manières. En tirant parti de notre vaste réseau de contacts et de nos relations avec les institutions financières, nous faisons en sorte qu’ils puissent acquérir une flotte en bénéficiant des meilleures conditions : taux d’intérêt plus bas, exigences de mise de fonds moins élevées et processus d’approbation plus rapide. Par ailleurs, notre technologie, l’une des plus avancées au monde, nous permet d’offrir le meilleur rapport qualité-prix à nos clients, ce qui nous rend plus attractifs pour les chauffeurs travaillant avec nous. Enfin, grâce à nos accords avec les constructeurs automobiles, nos partenaires peuvent accéder à des véhicules abordables et de bonne qualité.
Qui Sont vos Partenaires Financiers ?
B. A. : Nous collaborons avec Orange Bank, par exemple, et avec Yas Sénégal, acteur des services télécoms et monétiques du groupe Axian. Nous avons deux principaux partenaires financiers qui ne souhaitent pas être cités. Par le biais de nos services, nous avons à cœur d’accroître l’inclusion financière et de financer des partenaires viables et solvables vis-à-vis des emprunteurs.

En Quoi les Activités de Yango Contribuent-elles à Transformer le Paysage de la Mobilité en Afrique ?
B. A. : Alors que le leasing est peu développé sur le continent, nous aidons nos partenaires locaux à acquérir une flotte grâce aux solutions de financement déjà évoquées. De son côté, notre division Yango Motors, dédiée à la concession de voitures [et lancée en septembre 2025, NDLR], vise à démocratiser l’acquisition de voitures en Côte d’Ivoire. Nous réinventons le modèle de concession sur tous les segments, y compris les pièces de rechange. Nous voulons apporter à nos partenaires les meilleures voitures, avec les meilleurs prix et services. In fine, nous sommes en train de transformer la mobilité urbaine et l’industrie des concessionnaires automobiles, tout en rajeunissant le parc de VTC et en responsabilisant les PME locales. Yango facilite ainsi le développement du marché du taxi dans son ensemble. À Abidjan, près de 200 entreprises de transport dotées d’une flotte d’au moins 10 véhicules ont vu le jour grâce à Yango. Auparavant, il n’y avait dans les rues qu’un seul type de voiture.
« Nous sommes en train de transformer la mobilité urbaine et l’industrie des concessionnaires automobiles, tout en rajeunissant le parc de VTC et en responsabilisant les entreprises locales »

Les Problématiques de Mobilité sont-elles les mêmes à Abidjan, Kinshasa, Dakar ou Douala ?
B. A. : Chaque ville est très spécifique. Les habitudes de déplacement varient, et les entreprises de transport fonctionnent différemment. À Douala ou à Kinshasa, vous ne pouvez pas introduire de marques chinoises flambant neuves comme Kaiyi X3 ou Bestune, car le retour sur investissement serait nul. À l’inverse, à Abidjan et à Dakar, vous pouvez facilement intégrer ces voitures dans l’écosystème des taxis : cela générera une bonne rentabilité. Il y a des nuances associées à chacun de ces marchés, c’est pourquoi nous devons y ajuster une stratégie particulière.

Comment Yango se Positionne-t-elle sur ses Principaux Marchés Africains ?
B. A. : Abidjan, où nous avons démarré nos activités en 2018, est un marché très mature. Via notre partenaire GoCab, nous comptons près de 400 voitures neuves de grande classe comme les modèles chinois Chery Tiggo2, Bestune T55 et Bestune B70. Ces voitures, très confortables et de grande capacité, apportent un nouveau standard sur le marché des VTC. Nous aidons nos partenaires à renouveler leur flotte et à proposer des voitures haut de gamme, qui offriront plus de choix tarifaires et une qualité supérieure. À Dakar, les tarifs sont plus élevés et, de fait, les chauffeurs peuvent gagner plus d’argent. Dans cette ville, les services de taxi et VTC recourent aux voitures neuves. À l’inverse, les marchés de Kinshasa et de Douala, où nous nous sommes implantés entre 2022 et 2023, sont encore en devenir. Dans ces villes, les tarifs des courses sont bas, alors que les droits d’importation de véhicules et les coûts associés y sont relativement élevés. Pour que l’activité de taxi y soit rentable, il est nécessaire de disposer d’un véhicule plus simple et moins cher. L’une des solutions est le recours aux voitures d’occasion, très populaires et répandues à Douala, avec la prépondérance de vieilles marques Toyota. Cependant, il est difficile de bâtir une entreprise avec une voiture d’occasion et les banques ne sont pas vraiment disposées à financer ce type de flotte.

Quelle Place Accordez-vous aux Véhicules Électriques dans votre Stratégie en Afrique?
B. A. : Les véhicules électriques, qui s’adaptent bien au climat africain, commencent tout juste à se développer sur le continent. Le prix de l’électricité y est relativement cher, et le prix de l’essence est très cher. Yango Motors apportera bientôt jusqu’à 100 véhicules électriques et nos partenaires locaux sont déjà prêts à les acheter. Nous constatons également beaucoup d’intérêt de la part des startups à l’égard des infrastructures de recharge pour voitures électriques. Au moins à Abidjan, elles sont plusieurs à travailler actuellement à l’installation de bornes de recharge. Nous pensons que les véhicules électriques ont intrinsèquement un potentiel important en Afrique.
Yango Motors apportera bientôt jusqu’à 100 véhicules électriques et nos partenaires locaux sont déjà prêts à les acheter.
