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Bourses Africaines : Transformer le Potentiel de Croissance en Réalité

Sur le continent, nombre de places financières peinent encore à trouver leurs marques auprès des entreprises et des investisseurs. Des solutions existent pourtant, basées sur la communication, la pédagogie, et la création d’un écosystème plus favorable.

Une chronique de Jacques Leroueil


Prises collectivement, les 32 Bourses africaines comptabilisent aujourd’hui environ 2 000 sociétés cotées pour une capitalisation cumulée de 1 400 milliards de dollars. L’importance des ordres de grandeur susmentionnés ne saurait toutefois éluder le point essentiel, à savoir la faiblesse relative des marchés de capitaux africains par rapport à leurs homologues internationaux. Le constat est sans appel : à quelques exceptions près, les places boursières africaines continuent à n’apporter qu’une contribution marginale au développement du continent car elles sont (encore) trop peu utilisées et mal comprises.

« À quelques exceptions près, les places boursières africaines continuent à n’apporter qu’une contribution marginale au développement du continent car elles sont (encore) trop peu utilisées et mal comprises »


Une Formule Aux Multiples Atouts

marchés de capitaux offrent pourtant bien des avantages. Pour les entreprises, cette formule permet en premier lieu de bénéficier de financements à long terme et à grande échelle tout en améliorant le ratio d’endettement puisque les fonds levés sont des fonds propres et non de la dette, contrairement au crédit bancaire.  Mieux, pour faciliter l’accès aux marchés auxpetites et moyennes entreprises (PME), un nombre croissant de places financières du continent ont mis en place des compartiments qui leur sont réservés, avec des processus d’introduction moins onéreux et des critères d’admission assouplis. AltX de Johannesburg, Nilex égyptien, DEM mauricien, Growth Enterprise Market Segment (Gems) de la Bourse de Nairobi, Ghana Alternative Exchange (GAX) d’Accra, Alternative Securities Market (Asem) à la Bourse de Lagos ou encore marchés alternatifs de Tunis, Dar es-Salaam et Kigali … Quant aux actionnaires, ils peuvent escompter des rendements accrus (moyenne annuelle de 6 à 8 % sur longue période), historiquement supérieurs à ceux de l’immobilier locatif (3 à 5 % par an selon les marchés), dans un cadre juridique formalisé et sécurisant.

Il n’empêche, en dépit de leurs nombreux atouts, les Bourses africaines peinent encore à susciter une large adhésion, les entreprises privées du continent continuant à minorer cette option lorsqu’elles cherchent à lever des fonds, tandis que les privatisations d’entreprises publiques sont souvent réalisées au compte-goutte. En résumé, les marchés financiers restent pour beaucoup un univers réservé à quelques initiés, où les principaux concernés – sociétés en besoin de financement comme investisseurs en capacité de financement – peinent à capitaliser pleinement sur les opportunités offertes.


Des Pesanteurs Culturelles

Nombre d’observateurs avertis des marchés financiers africains rappellent aussi que la barrière est (souvent) culturelle. «Beaucoup d’entrepreneurs préfèrent payer près de 20 % d’intérêts à leur banque et hypothéquer tous leurs biens plutôt qu’ouvrir leur capital, être transparents et partager les profits », se désole par exemple Pierre Célestin Rwabukumba, le directeur général du Rwanda Stock Exchange, dont le compartiment alternatif attend toujours ses premières PME. 

Comment, dès lors, changer durablement cette donne ? Il y a tout d’abord la nécessité de mieux communiquer, de faire plus de pédagogie à destination des entreprises et épargnants, et ce afin d’en faire des participants agissant en connaissance de cause sur les marchés.

« Il y a tout d’abord la nécessité de mieux communiquer, de faire plus de pédagogie à destination des entreprises et épargnants, et ce afin d’en faire des participants agissant en connaissance de cause sur les marchés »

Autre piste régulièrement évoquée par les financiers pour booster les places africaines, la création d’un écosystème plus favorable, qui passerait notamment par davantage de mesures d’accompagnement et d’incitations fiscales. Une bonne manière d’inciter les institutionnels locaux (banques, assurances, caisses de retraite) à investir davantage en Bourse tout en assouplissant les mesures appliquées aux investisseurs étrangers, ceux-ci subissant encore trop souvent des contraintes réglementaires telles que des restrictions de seuils de participation.


Optimiser Les Règles du Marché

La poursuite de l’optimisation des règles de fonctionnement du marché est par ailleurs cruciale, notamment pour les PME, qui continuent à être intimidées par le processus d’introduction en Bourse, trop complexe et coûteux à leurs yeux.  Sur ce point, nul doute que les régulateurs financiers africains tireraient profit de s’inspirer de certaines « best practices », observées ailleurs. Référence mondiale avec plus de de 130 milliards de livres (48 milliards d’euros) de fonds récoltés depuis ses débuts en 1995, l’Alternative Investment Market (AIM) du London Stock Exchange ne requiert ainsi aucune exigence de taille minimale, ni d’augmentation de capital. Quant à l’admission à la cote, elle est contrôlée par les intermédiaires introducteurs (les nominated advisers), qui font aussi office de régulateurs. En somme, un système très souple et qui pourrait certainement être transposable sur les Bourses du continent (au moins en partie), partiellement interconnectées entre elles depuis fin 2022 grâce à la plateforme AELP (African Exchanges Linkage Project). Autant de leviers d’action susceptibles, en définitive, de transformer le potentiel des marchés de capitaux africains en réalité effective.

« L’Alternative Investment Market (AIM) du London Stock Exchange ne requiert ainsi aucune exigence de taille minimale, ni d’augmentation de capital »


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