Autrice de la BD à succès C’est maman qui commande, la gabonaise Scheena Donia parvient à dépeindre avec humour et justesse l’autorité matriarcale. Portée par cette reconnaissance, elle prépare déjà un second tome, C’est maman qui commande, les tatas c’est pas mieux. Rencontre avec une bédéiste qui n’a pas fini de faire parler d’elle.
Par Sophie Leiser
Après avoir dirigé pendant 9 ans une agence de communication dans son pays natal la gabonaise Scheena Donia s’est installée à partir de 2012 à Paris avec sa famille. Elle poursuit alors une formation de coach en image, formant notamment les micro-entrepreneurs, les salariés, les porteurs de projet. « Je les accompagne dans les choses qu’ils veulent accomplir, je travaille la gestuelle et la posture, c’est aussi important que la parole », explique-t-elle. Suivie par une communauté active d’internautes, elle promeut aujourd’hui les initiatives « made in Africa » et partage ses passions sur les réseaux sociaux – « lieu où l’on échange des valeurs et où les femmes donnent de la voix », rappelle l’influenceuse gabonaise. C’est ainsi qu’elle commence à publier ses « histoires de maman », racontées avec une pointe d’humour. Forte du succès de ses posts et poussée par feu son ami Amobé Mévégué (animateur, journaliste et producteur camerounais décédé en 2021) à qui le livre est dédié, elle décide alors de conter sa vie en images et en mots dans une bande dessinée.
Une BD pour transmettre des valeurs familiales
Inspirée par son éducation traditionnelle au Gabon, « très matriarcale et très chauvine » précise cette native de Bitam, dans le nord du pays, Scheena Donia remet la femme africaine à sa place. Elle transmet ses valeurs familiales à ses enfants, souhaitant notamment que sa fille sache qu’elle a les mêmes droits que ses trois frères. « C’est maman qui commande » relate la vie d’une famille africaine à Paris avec ses joies et ses malheurs. Les fans de l’autrice se retrouvent en tous les cas dans ces bulles humoristiques où l’on dit non à son enfant, tout en le guidant vers son épanouissement personnel. Le tout avec humour. La bédéiste gabonaise dédramatise les conflits et encourage les enfants à l’autonomie. « Les enfants ne se retrouvaient pas dans certaines BD telles que Tom Tom et Nana », commente Scheena qui dit pour sa part être « plus inspirée par les livres de Marguerite Abouet (autrice de la BD Aya de Yopougon, ndlr) »
Une œuvre répertoriée par la Francophonie
En collaboration avec l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), C’est maman qui commande est aujourd’hui diffusé dans les écoles francophones du continent et d’ailleurs, des extraits de la BD étant notamment insérés dans des fascicules scolaires. « Ces extraits à disposition des enseignants dans les écoles me rapporte le plus de gratitude car un enfant va ouvrir mon livre, s’y plonger et partir… », souffle Scheena Donia qui confirme par ailleurs que « sa tournée en Afrique, en février et mars 2022, a été un succès ». De fait, un premier tirage de 3000 exemplaires a été distribué au Sénégal, au Gabon, au Ghana, au Rwanda mais aussi, au Vietnam. Suivi d’un deuxième tirage de 5000 exemplaires. Un succès qui n’empêche pas la bédéiste de nourrir d’autres ambitions : Outre la parution prochaine d’un second tome qui sera intitulé C’est maman qui commande, les tatas c’est pas mieux, cette admiratrice du travail de Marguerite Abouet- qui rêve d’ouvrir un concept store en ligne qui rassemblerait ses coups de cœurs- prépare déjà la traduction de son premier tome en anglais. Sans parler d’une adaptation au cinéma de sa BD.
« C’est maman qui commande », Editions Coast to Coast