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Vin : Les 5 destinations africaines incontournables

Noël, réveillon de la Saint-Sylvestre… Les fêtes de fin d’année sont synonymes de repas élaborés et de bons vins. Une belle occasion de rappeler que l’Afrique dispose d’un riche héritage viticole, qui ne demande qu’à être (re) découvert. Focus sur les 5 principaux pays producteurs du continent. 

Par Erwan Faust


Kleine Zalze, un domaine peu connu de la région de Stellenbosch ©DR

Afrique du Sud

Huitième producteur mondial de vin (environ 10 millions d’hectolitres par an), l’Afrique du Sud possède une riche tradition viticole qui remonte à près de quatre siècles. Les premières vignes ont été plantées au 17siècle par des colons européens, en particulier des huguenots français fuyant la répression de la monarchie catholique au moment des Guerres de Religion. La région du Cap occidental est notamment célèbre pour ses vignobles, avec des domaines renommés tels que Stellenbosch, Franschhoek et Paarl.

Le vrai décollage de la filière viticole n’est toutefois survenu qu’à la fin du 20ᵉ siècle, avec la fin de l’Apartheid, lorsque la levée des sanctions internationales a permis d’exporter des quantités toujours croissantes de vin sud-africain, réputé bon marché et de bonne qualité. Kleine Zalze, un domaine peu connu de la région de Stellenbosch, capitale des vins de la nation Arc-en-ciel, s’est ainsi vu décerner le trophée du meilleur vin blanc au monde en 2015 par le prestigieux Concours mondial de Bruxelles. Une récompense — la première pour un vin africain — qui consacre la montée en gamme qualitative continue de la filière viticole sud-africaine. Mieux, de plus en plus de vignerons noirs et métis parviennent à s’imposer dans cet univers historiquement « blanc ». Au total, la filière fait vivre aujourd’hui 300 000 personnes dans le pays et gonfle significativement les recettes générées en devises. Pour la seule année 2021, année record pour les exportations de vin sud-africain, quelque 3,88 millions d’hectolitres ont ainsi été expédiés à l’étranger pour une valeur de 673 millions de dollars.


Algérie

Deuxième producteur de vin d’Afrique (500 000 hectolitres de vin produits chaque année) après l’Afrique du Sud, l’Algérie a une histoire viticole plurimillénaire, quand la région était le cellier de Rome. Plus tard, le pays fut un important producteur de vin pendant la période coloniale française, mais a par la suite vu ses volumes considérablement diminuer en raison d’un contexte socio-politique peu propice. La filière viticole — dominé par la Société publique de transformation des produits viticoles (Sotravit) — a toutefois su conserver un savoir-faire certain et se maintenir dans le centre et l’ouest du pays (Mascara, Médéa, Sidi Bel-Abbès, Aïn Temouchent, Tlemcen), avec des vins tels que ceux issus du domaine Castel, les vins de la Mitidja et les vins du domaine Sidi Brahim. Prochain objectif pour le pays : renouer avec son passé d’important exportateur de vin. Une ambition qui passera notamment par l’amélioration de la qualité des vins proposés et par une politique marketing centrée sur la mise en valeur des produits du terroir, plus en phase avec les attentes d’un public international exigeant.


Maroc

Introduite dès l’Antiquité, à l’époque des Phéniciens, la viticulture marocaine est aujourd’hui l’une des plus dynamiques du continent africain. Près de 400 000 hectolitres de vin sont produits chaque année dans le pays. Un chiffre certes loin des pics de production constatés dans les années 50 (jusqu’à trois millions d’hectolitres par an), lorsque le royaume était sous protectorats français et espagnol, mais qui s’est depuis orienté vers le qualitatif. Avec un succès certain. Une part croissante de la production viticole est désormais destinée à l’export. Apprécié des cavistes et hôteliers, le Boulaouane — détenu par le groupe français Castel — est ainsi devenu la première marque de vin du continent en France et la deuxième marque de vins étrangers sur le marché hexagonal. Sans parler des autres grands noms locaux. Benslimane, Guerrouane, Berkane… En tout, le royaume chérifien compte une dizaine d’appellations d’origine garantie, cultivées essentiellement dans les régions viticoles de Meknès, Casablanca et de l’Atlas, qui offrent des vins rouges, blancs et rosés de qualité. Le pays compte même, depuis 2012, une Association des Sommeliers du Maroc, qui a vu le jour à Marrakech.

Abdelghafour Sadik, vainqueur de la précédente édition du concours du Meilleur Sommelier du Maroc ©DR

Tunisie

Entre le pays du jasmin et le vin, l’histoire commune est ancienne. Durant l’Antiquité, les peuples occupant l’actuel territoire tunisien — Phéniciens, Carthaginois, Romains et Byzantins — ont tous cultivé la vigne et le pays peut même s’enorgueillir d’avoir connu un grand agronome, le Carthaginois Magon, qui fut l’un des premiers à laisser des traités viticoles. Le nom de cet illustre aïeul est aujourd’hui célébré sur de nombreuses étiquettes de bouteilles, symbole du renouveau des vins de cette région maghrébine. De fait, la filière viticole tunisienne (environ 350 000 hectolitres de vin par an) revient de loin. Collectivisation des terres après l’indépendance, fuite des vignerons européens après l’indépendance, baisse de la qualité… Le tournant a lieu dans les années 90, avec une nouvelle politique résolument axée sur le qualitatif et l’arrivée d’investisseurs étrangers, qui jouent également le pari de la montée en gamme. Les résultats ne tardent pas à suivre. Depuis le début des années 2000, les vins tunisiens ont remporté nombre de récompenses dans plusieurs évènements internationaux de la filière, tels que le Concours mondial de Bruxelles, le Challenge international du vin ou encore les Vinalies internationales.


Égypte

Avec l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et l’Éthiopie, l’Égypte est l’un des seuls pays du continent à posséder une tradition vinicole, et ce depuis le temps des Pharaons. La viticulture égyptienne (57 000 hectolitres en 2021) connaît un premier âge d’or sous la colonisation britannique avant de régresser dans la foulée coup d’État militaire de 1952, qui chasse la monarchie. Une longue phase de déclin qui durera jusqu’aux années 2000. Depuis, la filière viticole du pays musulman le plus peuplé du monde arabe (100 millions d’habitants) s’est restructurée et reprise en main en important des cépages d’Espagne de France, mais aussi d’Italie. De quoi offrir sur le marché local, en dépit de conditions de production souvent compliquées (températures caniculaires, absence quasi-totale de pluie, prévalence de terres salinisées…), une dizaine de vins déclinés en rouge, rosé ou blanc. Produit par la maison Kouroum of the Nile, le Beausoleil blanc, produit à partir d’une variété de raisin 100 % égyptienne-le Bannati– s’est notamment vu récompenser en 2016 par une médaille d’argent au Concours mondial de Bruxelles.

Prêtresses égyptiennes offrant du vin aux dieux ©DR

La toile représente Bacchus comme le dieu qui offre aux hommes le vin qui les libère temporairement de leurs problèmes. Dans la littérature baroque, Bacchus est considéré comme une allégorie de la libération de l’homme face à l’esclavage de son quotidien.

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