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Rose Pola Pricemou : « La Guinée Mise Sur le Numérique Pour Construire Son Avenir »

Ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique de Guinée, Rose Pola Pricemou dévoile comment le pays construit son avenir digital. Entre projets d’envergure, connectivité, start-up, fibre optique et stratégie « Simandou 2040 », elle trace les grandes lignes du nouvel écosystème numérique guinéen.

Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed


Forbes Afrique : Madame le Ministre, à l’ouverture du Transform Africa Summit, vous avez déclaré : « Hier, la Guinée lançait le plus grand projet minier d’Afrique. Aujourd’hui, elle accueille le plus grand sommet du continent sur le numérique. Deux événements, deux symboles, un seul message : notre pays entre dans une nouvelle ère ». C’est une vision ambitieuse. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

Rose Pola Pricemou : Effectivement, la Guinée a longtemps été reconnue pour ses richesses minières. Mais notre ambition est claire : transformer cette richesse en développement humain et numérique. Le numérique est un levier stratégique pour relier nos territoires, former nos jeunes, stimuler l’innovation et créer une économie diversifiée et durable. Nous investissons dans les infrastructures, les compétences et les startups pour que la Guinée devienne un hub régional et un acteur clé de l’innovation en Afrique de l’Ouest.

Quel est l’état actuel de l’écosystème numérique guinéen et quels projets concrets sont déjà en place ?

R.P. P. : Sous la vision du Président de la République, la Guinée s’est engagée dans une transformation profonde, structurée autour de la vision « Simandou 2040 », dont le Pilier 3 – Infrastructures, Transports et Technologies – érige le numérique en instrument de souveraineté et de prospérité.

« Notre pays s’est doté d’un cadre institutionnel moderne, avec la création d’agences dédiées à la digitalisation, à la cybersécurité et à l’inclusion numérique »

Nous avons bâti les fondations de cette transformation : 12 000 kilomètres de fibre optique déployés à travers le territoire national ; un datacenter national Tier III, symbole de notre indépendance technologique ; un second câble sous-marin en cours de raccordement avec l’appui de la Banque mondiale ; plus de 500 écoles déjà connectées grâce au projet GIGA mené avec l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) et l’UNICEF ; des interconnexions régionales effectives avec le Mali, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire, et des discussions avancées avec le Sénégal, le Libéria et la Guinée-Bissau ; la mise en place de hubs numériques régionaux dans chaque capitale régionale, véritables pôles d’innovation et de formation pour la jeunesse guinéenne ; et enfin, la conception d’un technopôle national appelé à devenir un centre d’innovation majeur en Afrique de l’Ouest.

Ces réalisations ne sont pas que des infrastructures : elles sont les artères vivantes du développement numérique de la Guinée. Notre pays s’est doté d’un cadre institutionnel moderne, avec la création d’agences dédiées à la digitalisation, à la cybersécurité et à l’inclusion numérique.


Vous avez évoqué la stratégie « Simandou 2040 – Pilier 3 » qui place la technologie au cœur du développement. Quels en sont les axes principaux ?

R.P. P. : Le Pilier 3 vise à faire du numérique un instrument de souveraineté et de prospérité. Nous travaillons sur plusieurs axes : déployer des infrastructures de qualité, créer des technopoles comme le projet Symphonia sur 20 hectares, soutenir la transformation digitale des administrations et des entreprises, renforcer la cybersécurité, et accompagner l’innovation locale via des startups. L’objectif est de faire en sorte que le numérique contribue directement au PIB et permette un accès équitable aux services pour tous.

 « L’objectif est de faire en sorte que le numérique contribue directement au PIB et permette un accès équitable aux services pour tous »


Comment comptez-vous attirer les investisseurs, les partenaires, qui vont vous accompagner pour atteindre ces ambitions ?

R. P. P. : Nous montrons notre ambition à travers un cadre légal et institutionnel solide, incluant la protection des données et des lois qui régissent l’écosystème. Nous mettons en place des incitations fiscales et des technopoles, comme le projet de Symphonia sur 20 hectares, pour créer un environnement favorable aux investissements. Nous révisons aussi le code des investissements avec un accent sur le numérique et la Startup Act, afin de rendre notre pays attractif.


Quel rôle jouent les startups et la formation dans cette transformation numérique ?

R. P. P. : Les startups sont au cœur de notre stratégie. Lors du Grand Prix numérique, nous avons reçu plus de 300 candidatures : les 10 meilleurs projets seront accompagnés techniquement et financièrement. L’année dernière, quatre lauréats ont été primés à l’international. Nous formons également les jeunes dès l’école maternelle et offrons des programmes de formation pour ceux qui n’ont pas accès à l’éducation traditionnelle. Les femmes sont également ciblées : cette année, nous voulons former 1 500 femmes à la maîtrise du numérique et à la création d’une économie locale.


Votre stratégie inclut également le développement d’une intelligence artificielle locale et adaptée aux besoins du pays.  Comment l’envisagez-vous ?

R. P. P. : Une IA africaine, c’est une IA conçue pour nos réalités et nos priorités. Nous développons déjà des solutions en Guinée, dans l’administration publique et au sein de la Cité des sciences, afin de créer des talents capables de développer et d’utiliser l’IA. Notre objectif est de construire une IA qui reflète nos valeurs, protège les données de nos citoyens et apporte un impact concret dans la santé, l’éducation et l’économie.

« Notre objectif est de construire une IA qui reflète nos valeurs, protège les données de nos citoyens et apporte un impact concret dans la santé, l’éducation et l’économie »


À quoi ressemblera la Guinée de demain, portée par le numérique ?

R. P. P. : Je rêve d’une Guinée pleinement numérique d’ici 2040 : chaque école, chaque hôpital, chaque entreprise et chaque administration sera connectée. L’innovation sera une culture, nos enfants coderont en langues africaines, et le numérique deviendra le socle du développement économique et social. Nous voulons que la Guinée inspire, unisse et transforme le continent à travers la coopération, la formation et l’innovation locale.

 « Je rêve d’une Guinée pleinement numérique d’ici 2040 »


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