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Afrique Subsaharienne : Les Transferts d’Argent Ont Atteint 54 Milliards de Dollars en 2023

La note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, publiée le 26 juin, indique que les flux d’envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne ont atteint 54 milliards de dollars en 2023, soit une légère baisse de 0,3 % par rapport à l’année précédente. Ces flux devraient augmenter de 1,3 % en 2024, selon la Banque mondiale.

Par Patrick Ndungidi


En 2023, indique la note de la Banque mondiale, les transferts de fonds de la diaspora ont surtout augmenté vers l’Amérique latine et les Caraïbes (7,7 %), l’Asie du Sud (5,2 %), ainsi que l’Asie de l’Est et le Pacifique (4,8 %, hors Chine). En revanche, les transferts d’argent vers l’Afrique subsaharienne ont connu une légère diminution de 0,3 %, tandis que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont enregistré une chute de près de 15 %, et l’Europe et l’Asie centrale une baisse de 10,3 %.


Le Nigéria En Tête

Les pays d’Afrique subsaharienne qui ont reçu les plus grands montants des transferts de fonds de leur diaspora sont, en milliards de dollars : le Nigéria (19,5) ; le Ghana (4,6) ; le Kenya (4,2) ; le Zimbabwe (3,1) ; le Sénégal (2,6) ; la République démocratique du Congo (1,4) ;  l’Ouganda (1,3) ; le Mali (1,2) ; le Soudan (1) et l’Afrique du Sud (1). Le Nigéria représente environ 35 % du total des envois de fonds vers la région.

« Le Nigéria représente environ 35 % du total des envois de fonds vers la région »

La croissance des envois de fonds en Afrique subsaharienne en 2023 a été largement tirée par la forte croissance des envois de fonds en Ouganda (15 % à 1,3 milliard de dollars), au Rwanda (9,3 % à 0,5 milliard de dollars), au Kenya (2,6 % à 4,2 milliards de dollars), et en Tanzanie (4 % à 0,7 milliard de dollars).

L’augmentation des flux d’envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne, explique la Banque mondiale, a soutenu les comptes courants de plusieurs pays africains confrontés à l’insécurité alimentaire, à la sécheresse, aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, aux inondations et aux difficultés liées au service de la dette. Par exemple, au Ghana, le compte courant a enregistré un excédent, en partie grâce à la forte croissance des envois de fonds.


Les Montants des Transferts Plus Élevés que les IDE

Par ailleurs, indique la note de la Banque mondiale, les flux de transferts de fonds vers l’Afrique subsaharienne étaient près de 1,5 fois plus importants que les flux d’investissements directs étrangers (IDE) en 2023, et relativement plus stables. En effet, selon la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les flux d’IDE en Afrique subsaharienne ont atteint 38,6 milliards de dollars en 2023, principalement grâce à l’annonce de nouveaux projets au Kenya et au Nigéria.

« Les flux de transferts de fonds vers l’Afrique subsaharienne étaient près de 1,5 fois plus importants que les flux d’investissements directs étrangers (IDE) en 2023 »


Pays Dépendants

Les envois de fonds, explique la Banque mondiale, sont devenus la principale source de devises dans plusieurs pays. Au Kenya, par exemple, ces transferts sont plus importants que les principales exportations du pays, notamment celles liées au thé, au café et à l’horticulture, et plus importants également que les revenus issus du tourisme.

Les pays les plus dépendants des envois de fonds des migrants, en termes de proportion du PIB, sont la Gambie, le Lesotho, les Comores, le Liberia et le Cap Vert : dans ces trois premiers pays, ces envois représentent plus d’un cinquième du PIB.

« La Gambie, le Lesotho, les Comores, le Liberia et le Cap Vert sont les pays les plus dépendants des envois de fonds »


Une Croissance Modérée En 2024

Selon la Banque mondiale, la croissance modérée de 1,3 % prévue pour les envois de fonds en 2024 reflète le ralentissement attendu de la croissance aux États-Unis, tandis qu’un faible rebond est attendu en Europe. Dans l’ensemble, explique l’institution, le taux de croissance économique au Canada, en Europe et aux États-Unis, où vivent une grande partie des expéditeurs de fonds, passera de 1,6 % en 2023 à 1,5 % en 2024.

Ainsi, indique l’institution de Bretton Woods, les données sur les envois de fonds pour les quatre premiers mois de 2024 au Kenya, par exemple, montrent une augmentation de 21 % de la croissance des envois de fonds par rapport à la même période en 2023. Les flux les plus importants proviennent des États-Unis et du Canada, ainsi que du Royaume-Uni, de la Suisse et de l’Italie.

Par ailleurs, fait-on savoir, le taux de change fixes et les contrôles des capitaux continuent d’avoir un impact sur les marchés des changes et les canaux de transfert de fonds. À cet effet, au Nigéria, par exemple, la Banque centrale du Nigéria (CBN) a commencé à unifier les guichets du marché des changes en introduisant des changements opérationnels sur le marché des changes nigérian. Elle a également défini de nouvelles modalités opérationnelles pour les banques commerciales, les opérateurs de bureaux de change et les opérateurs de transferts de fonds internationaux. En outre, la CBN vient également d’accorder une licence à 14 de ces opérateurs afin d’accroître la concurrence dans les opérations de transfert de fonds.


Des Frais Élevés

Globalement, l’Afrique subsaharienne reste la région où les frais d’envoi de fonds sont les plus élevés. Selon la Banque mondiale, les expéditeurs ont dû payer une moyenne de 7,9 % pour envoyer 200 dollars vers les pays africains en 2023, contre 7,4 % en 2022. Les coûts varient considérablement dans la région, allant de 2,1 à 4,0 % dans les corridors les moins coûteux à 18-36 % dans les plus coûteux. Bien plus, explique-t-on, les coûts des envois de fonds intrarégionaux sont encore très élevés. Par exemple, l’envoi de 200 dollars de la Tanzanie au Kenya, à l’Ouganda et au Rwanda voisins coûte à un migrant plus de 33 % en 2023. « Les banques facturent les coûts les plus élevés, ce qui souligne l’importance des transactions transfrontalières d’argent mobile. Au Kenya, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda, ces transactions sont entravées par une interopérabilité limitée entre les opérateurs de télécommunications et de transfert d’argent. Un accord signé en avril 2024 entre M-PESA et Onafriq, le plus grand réseau de paiement numérique d’Afrique, qui opère dans 40 pays, est une bonne nouvelle ; il facilitera les envois de fonds vers l’Éthiopie », souligne la note de la Banque mondiale.

« Une moyenne de 7,9 % pour envoyer 200 dollars vers les pays africains »


Prévisions Pour 2024

Selon la Banque mondiale, la croissance des envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne devrait se redresser légèrement, passant d’une croissance négative de -0,3 % en 2023 à + 1,5 % en 2024. Parmi les risques pesant sur les perspectives figurent : une croissance plus faible que prévu dans les pays développés, qui entraînera une baisse des envois de fonds de la diaspora africaine ; une escalade du conflit Israël-Gaza, qui pourrait perturber la chaîne d’approvisionnement ; les risques sécuritaires au Burkina Faso, au Tchad, en République démocratique du Congo, au Mali, au Mozambique et au Nigéria ; et les risques climatiques, notamment une sécheresse prononcée en Afrique australe.

La note d’information intitulée Migration and Development Brief 40 est disponible ICI.


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