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L’Athlète Naomi Akakpo : “J’ai Envie De Faire Partie De l’Histoire De Mon Pays Et De La Marquer”

C’est l’une des étoiles montantes de l’athlétisme africain. Naomi Akakpo, spécialiste du 100 mètres haies, va représenter le Togo aux Jeux Olympiques 2024 qui s’ouvrent ce 26 juillet. À la veille de la grande compétition, cette métisse franco-togolaise nous a accordé un entretien exclusif. Elle revient sur son parcours, ses rêves de victoire, et sa quête de sponsors.

Propos recueillis par Olivia Yéré Daubrey


Forbes Afrique :  Comment en êtes-vous venue à l’athlétisme et pourquoi avoir choisi la course de haies ?

Naomi Akakpo : Par ma mère, qui m’a dit : « Je te vois bien à l’athlétisme, avec tes grandes jambes ». À l’époque, je pratiquais la gymnastique rythmique et sportive, mais l’ambiance n’était pas bonne. C’était la période où Usain Bolt était à son top niveau, je l’adorais et ça n’a donc pas été difficile de me convaincre.

Ensuite, j’ai fait énormément d’épreuves dans l’athlétisme. En France, j’ai eu un niveau national à la hauteur, aux épreuves combinées et sur les haies. Au début, j’avais choisi les épreuves combinées, mais avec mes études, le fait de devoir gérer sept épreuves s’est avéré compliqué. Je pense que les haies étaient faites pour moi : c’est vraiment mon caractère de tout donner pour franchir les obstacles, dans la vie comme sur la piste.

« C’est vraiment mon caractère de tout donner pour franchir les obstacles, dans la vie comme sur la piste »


Racontez-nous brièvement votre parcours sportif.

N. A. : J’ai commencé l’athlétisme en 2011 [elle est née le 17 décembre 2000, NDLR] à Romainville, à quelques kilomètres du Stade de France où j’aurai le privilège de courir aux Jeux cet été. En 2014, j’ai déménagé à Marseille et je me suis inscrite au club Aix Athlé Provence. Après avoir touché à toutes les épreuves, je me suis spécialisée sur le 100 m haies. En 2019, j’ai réalisé mon premier podium au Championnat de France junior en remportant la troisième place du 100 m haies. En 2022, je m’empare du Record national du Togo sur 100 m haies en 13 s 60, tout en prenant la seconde place au Championnat de France Espoir. Je participe ensuite à mes premiers Championnats du monde, avec le Togo, à Eugene aux États-Unis, et me place 2e des Jeux de la solidarité islamique à Konya, en Turquie.

En 2023, je termine 3e des Championnats de France nationaux sur 60 m haies et m’empare du Record national du Togo. J’ai également participé à mes deuxièmes Championnats du monde avec le Togo, à Budapest en Hongrie.

« En 2022, je me place 2e des Jeux de la solidarité islamique à Konya, en Turquie »

Naomi Akakpo sur la piste aux championnats du Monde à Budapest en 2023 ©Dorian Brochier

Avec ce beau parcours, que pourriez-vous dire sur ce qu’apporte à votre quotidien le sport de haut niveau ? Quelles sont ses vertus ?

N. A. : Le sport de haut niveau, c’est pour moi une école de la vie. J’aime justement comparer la vie à ma discipline de prédilection, le 100 m haies. En bref, il faut regarder son objectif au loin, et se concentrer dessus. Il faut s’élancer et franchir chaque haie, surmonter chaque obstacle sur notre route. Et pour le faire, pas d’autre choix que d’aller de l’avant, d’attaquer la haie et de prendre des risques. Et ce n’est pas grave, si on n’y arrive pas du premier coup ou si on tombe. On se relève, on essaie de comprendre ce qu’on peut améliorer, on travaille et on revient plus fort. Et on continue, haie après haie. Dans la vie, dès qu’on a franchi la ligne d’arrivée et qu’on a atteint son objectif, on s’en fixe un nouveau et on part pour une nouvelle course. Cela requiert de la rigueur, de la ténacité, de la persévérance et de la confiance en soi, pour aller au-delà de ses limites, celles qu’on se fixe soi-même ou celles que la société nous impose.

« En bref, il faut regarder son objectif au loin, et se concentrer dessus. Il faut s’élancer et franchir chaque haie, surmonter chaque obstacle sur notre route. »

Naomi Akakpo ©DR

Vous êtes née Française (d’une mère française et d’un père togolais) et avez choisi de prendre la nationalité togolaise, il y a quatre ans, pour pouvoir représenter le Togo aux Jeux olympiques 2024. Pourquoi ce choix ?

N. A. : À mon sens, le Togo n’est pas suffisamment représenté dans les événements sportifs internationaux. C’est l’une des principales raisons qui m’ont motivée à courir pour ce pays. J’avais envie de le faire découvrir à l’international, à travers mon sport et mes performances. Quitte à courir, autant que cela serve à quelque chose ! J’ai envie de faire partie de l’histoire de mon pays et de la marquer. J’ai également envie d’inciter les gens, les femmes, les enfants à se dépenser. Je veux que quand des petites filles ou des petits garçons me voient, ils voient une sportive qui les inspire et qu’ils se disent : « Nous aussi, on peut y arriver. Et nous aussi, on va y arriver. Comme Naomi et même mieux qu’elle ! »

C’est très dur pour des jeunes de devenir ce qu’ils ne voient pas. Et je pense que je peux avoir un impact positif auprès de cette jeunesse, en tant que modèle qui montre la voie, lors des grandes compétitions et au quotidien sur les réseaux sociaux. C’est en tout cas une motivation profonde et sincère qui me pousse à partager mon histoire et mes aventures.

« Je veux que quand des petites filles ou des petits garçons me voient, ils voient une sportive qui les inspire et qu’ils se disent: « nous aussi, on peut y arriver. Et nous aussi on va y arriver. Comme Naomi et même mieux qu’elle ! »


Plus que quelques jours avant les JO 2024… Êtes-vous prête, que visez-vous ?

N. A. : Oui je suis prête et déterminée ! Mes objectifs sont : battre mon record personnel, passer un tour ; promouvoir le Togo, sa culture et son peuple à l’international, en montrant que notre pays existe et regorge de talents. Également, inspirer les jeunes filles togolaises, d’Afrique et de France, à faire du sport, à s’épanouir dans la pratique et à s’en servir pour devenir les leaders de demain. Car j’en suis convaincue, l’avenir passera par des femmes fortes, confiantes et engagées. Et le sport peut les aider à développer cette confiance en soi et cette puissance indispensable.

« Mes objectifs sont : battre mon record personnel, passer un tour ; promouvoir le Togo, sa culture et son peuple à l’international, en montrant que notre pays existe et regorge de talents. »

Naomi Akakpo à l’entraînement avant les championnats du Monde à Budapest en 2023 ©Dorian Brochier

Vous étiez, il y a quelques semaines, encore à la recherche de sponsors. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

N. A. : Heureusement, j’ai pu mobiliser quelques partenariats en France qui m’ont permis de financer une partie de ma préparation pour les Jeux. Mais je suis toujours en recherche de sponsors capables de me soutenir financièrement, car dès la fin de la cérémonie de clôture des Jeux de Paris 2024 le 11 août, j’aurai en tête les prochaines Olympiades à Los Angeles en 2028. Et pour progresser et faire briller davantage le Togo, nous devons investir encore plus dans la préparation et les conditions d’entraînement. C’est ainsi qu’un jour nous pourrons lutter avec les meilleures nations d’Afrique et du monde. Ce nouveau projet va évidemment nécessiter un financement conséquent.

« Dès la fin de la cérémonie de clôture des Jeux de Paris le 11 août, j’aurai en tête les prochaines Olympiades à Los Angeles en 2028 »

J’aimerais aussi collaborer davantage avec des entreprises présentes au Togo et en Afrique, des marques qui aimeraient bénéficier de mon image et de mes audiences pour toucher leurs cibles ; et aussi des marques prêtes à imaginer des actions associatives à fort impact. Car au-delà d’être une athlète et une créatrice de contenu, je suis une professionnelle de santé, en tant que diététicienne nutritionniste. Et je veux m’engager pour inciter la jeunesse à bouger davantage et à mieux manger.

Je discute actuellement avec des organisations internationales, mais aussi avec des associations locales, pour développer des actions communes et que je puisse contribuer à valoriser et amplifier leurs messages. C’est encore mieux si on trouve des entreprises avec une vraie démarche RSE pour nous soutenir.

« J’aimerais collaborer davantage avec des entreprises présentes au Togo et en Afrique, des marques qui aimeraient bénéficier de mon image et de mes audiences pour toucher leurs cibles »


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