Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le média de ceux qui construisent l'Afrique d'aujourd'hui et de demain

Arsène Dansou, Directeur Général de la BIIC : “Notre Résultat Attendu Devrait Dépasser la Barre des 30 Milliards de Francs CFA”

En cinq ans, la Banque Internationale pour l’Industrie et le Commerce (BIIC) s’est imposée comme le bras financier des pouvoirs publics béninois. Ancien patron pour l’Afrique francophone d’African Trade Insurance Agency et ex-dirigeant de la Caisse autonome d’amortissement du Bénin, Arsène Mahougnon Dansou en est le directeur général depuis juillet 2022. Pour Forbes Afrique, il décline la stratégie de cette banque, leader incontesté du paysage financier béninois.

Propos Recueillis par Kouza Kiénou


Forbes Afrique :  Où en est la BIIC, cinq ans après sa mise en place ?

Arsène Dansou : Issue de la fusion en juin 2020 de la Banque Internationale du Bénin (BIBE) et de la Banque africaine pour l’Industrie et le Commerce (BAIC), notre banque se porte bien. En effet, elle construit au fil des années une structure financière et opérationnelle rassurante. Et elle a su surmonter les obstacles post-fusion grâce à une restructuration interne efficace et à une gestion prudente. Les efforts pour consolider ses actifs, réorganiser les équipes et renforcer la gouvernance ont permis à la banque de retrouver une solidité financière et d’augmenter sa part de marché. Elle continue de se développer progressivement, en mettant en œuvre une politique rigoureuse de gestion des risques et en exploitant les synergies issues de la fusion.

Grâce à tout ce qui précède, la BIIC a enregistré une croissance remarquable. Son résultat net est passé de 5,7 milliards de francs CFA en 2021 à 27,2 milliards de francs CFA en 2023 [de 8,6 à 41,4 millions d’euros, NDLR], soit une augmentation de plus de 155 % et une perspective de croissance pour 2024, dont le résultat attendu devrait dépasser la barre des 30 milliards de francs CFA [45 millions d’euros, NDLR]. Cette performance est portée par la diversification des activités, le soutien accru des PME-PMI et à l’accélération de la digitalisation.

« Le résultat attendu [pour 2024] devrait dépasser la barre des 30 milliards de francs CFA [45 millions d’euros, NDLR] »


Quels Sont les Fondamentaux de Votre Stratégie, Qui Fait de BIIC la Première Banque du Pays ?

A. D. : Notre stratégie repose sur un modèle inclusif, avec un accent particulier sur le financement des chaînes de valeur des secteurs productifs de l’économie, facilitant ainsi les transactions et la fluidité des paiements.

En participant à des consortiums de financement, la BIIC facilite le montage de projets d’envergure, aussi bien privés comme celui de la Société des textiles du Bénin (STB), contribuant ainsi au développement industriel du pays, que des contrats publics portés par des entreprises privées locales et/ou internationales. Je peux citer, à titre d’exemples, le financement d’une minoterie moderne dans la zone industrielle de Sèmè-Kpodji, ainsi que la ferme agropastorale dans la vallée de l’Ouémé, deux initiatives privées d’envergure ; ou encore la route reliant les villes d’Akpro-Misserete, Pobe et Obele à la frontière du Nigéria ; et le Musée international du Vodoun de Porto-Novo. Ces deux projets ont été réalisés par des entreprises adjudicataires de contrats publics. L’une était locale, l’autre internationale.

La banque a également développé des produits et solutions adaptés aux besoins des PME-PMI afin d’intensifier son accompagnement des acteurs essentiels du tissu économique. L’accompagnement de cette clientèle se fait à travers deux programmes spécifiques : « PME-BOOST » et « BIIC avec elles », dédiés respectivement à l’accompagnement customisé des PME et aux entreprises portées par des femmes ou ayant un personnel à majorité féminin.

La collecte des ressources demeure une priorité stratégique pour la BIIC. Nous recevons à la fois des dépôts issus de ressources publiques portées par le financement de contrats publics, mais également des ressources de la clientèle privée, permettant de renforcer la liquidité et d’augmenter les possibilités de soutien à l’ensemble de ses activités. Le tout est soutenu par une digitalisation croissante, pour améliorer l’efficacité et l’accès aux services bancaires.

De par la qualité de notre portefeuille et la rigueur dans la gestion de la banque, nous bénéficions depuis 2023 de financements de maturité « moyen long terme » d’institutions spécialisées (BOAD, FIMO, ICD…), destinés à nous permettre d’offrir à notre clientèle l’accompagnement adapté aux exigences de leurs projets ou contrats en termes de durée de remboursement.

« En participant à des consortiums de financement, la BIIC facilite le montage de projets d’envergure, aussi bien privés comme celui de la Société des textiles du Bénin (STB) […] que des contrats publics portés par des entreprises privées locales et/ou internationales »


Pour Quelles Raisons Stratégiques Avez-Vous Jugé Pertinent d’Ouvrir le Capital au Public Via une OPV et de Coter une Part Flottante à la Bourse Régionale Basée à Abidjan ? Où en est Cette Opération ?

A. D. : Il s’agit aussi de promouvoir l’actionnariat populaire, de stimuler le marché boursier régional et de mobiliser des ressources sans recourir à l’endettement. L’accès à ce capital frais va soutenir les projets stratégiques du Programme d’action du gouvernement (PAG) et permettre in fine à la banque de se rapprocher des normes internationales et de démontrer sa solidité sur les marchés financiers. En termes de calendrier, l’opération a été réalisée dans les délais prévus et a débouché sur l’introduction à la bourse régionale en avril dernier.


Quels Sont les Enjeux Liés aux Alliances Que Vous Avez Nouées Avec Les Institutionnels Comme le Fonds Africain de Garantie et de Coopération Économique (FAGACE) ?

A. D. : Les partenariats avec des institutionnels (Fonds africain de garantie et de coopération économique, l’Africaine des garanties et de cautionnement, African Guarantee Funds ou le Fonds de solidarité africain) sont essentiels pour sécuriser les financements et limiter les risques. Ces alliances permettent de renforcer la capacité de la BIIC à octroyer des crédits à des taux compétitifs tout en sécurisant ses engagements. Elles permettent également à la banque de soutenir des projets d’envergure, notamment dans les secteurs stratégiques pour le développement économique, tout en bénéficiant de garanties qui limitent les risques de crédit.

Le partenariat avec AGF permet en particulier de déployer notre programme en faveur des PME-PMI à travers une couverture de portefeuille avec un soutien spécial à l’initiative « BIIC avec Elles » dans le cadre du programme AFAWA* de la Banque africaine de développement (BAD).

« Le partenariat avec AGF permet en particulier de déployer notre programme en faveur des PME-PMI à travers une couverture de portefeuille avec un soutien spécial à l’initiative “BIIC avec Elles” »


Quelles Sont Vos Priorités Pour 2025 ? Et Qu’en Est-il de Vos Objectifs ?

A. D. : Parmi les priorités, j’en citerai quelques-unes : consolider la position de leader sur le marché bancaire, améliorer l’accès au crédit pour les PME et diversifier nos produits financiers à travers l’extension des services numériques et digitaux innovants. La banque prévoit également d’augmenter sa présence aux côtés de sa clientèle dans les zones faiblement bancarisées, tout en continuant à investir dans la formation et le développement de ses collaborateurs. Enfin, le renforcement de la solidité financière et l’amélioration de la rentabilité figurent parmi les principaux objectifs afin de garantir une croissance soutenue à long terme.


Face à la concurrence des groupes régionaux (BOA, Ecobank, Coris, NSIA), estimez-vous avoir jusqu’ici atteint vos objectifs et en quoi votre modèle est-il pertinent ?

A. D. : La vocation de toute banque étant de financer tous les besoins du marché, nous travaillons plutôt pour l’instauration d’un environnement de partenariat au niveau des banques qui se complètent pour assurer la prise en charge des besoins de l’économie béninoise. Fort de ce principe, la BIIC travaille en bonne intelligence avec les autres banques pour le partage de risques sur les dossiers stratégiques, mais également pour l’animation des marchés interbancaire et secondaire des titres souverains. Dans ce contexte, les efforts de digitalisation des services, d’inclusion financière et l’accompagnement des projets à fort impact économique permettent à la banque de se maintenir sur une trajectoire de croissance positive.

« Nous travaillons plutôt pour l’instauration d’un environnement de partenariat au niveau des banques qui se complètent pour assurer la prise en charge des besoins de l’économie béninoise »


* L’Initiative pour le financement en faveur des femmes en Afrique, baptisée AFAWA par acronyme anglais (pour Affirmative Finance Action for Women in Africa) est une initiative panafricaine visant à combler le déficit de financement qui affecte les femmes en Afrique, estimé à 42 milliards de dollars.


Lire Aussi :

Partager l’article


Ne manquez aucun de nos articles.

Inscrivez-vous et recevez une alerte par email
à chaque article publié sur forbesafrique.com

Bonne lecture !

Profitez de notre abonnement illimité et sans engagement pour 5 euros par mois

√ Accédez à tous les numéros du mensuel Forbes Afrique de l'année grâce à notre liseuse digitale.
√ Bénéficiez de l'accès à l'ensemble des articles du site forbesafrique.com, y compris les articles exclusifs.