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Fortune : les démocrates font fausse route

Steve Forbes

Le classement des personnalités les plus riches publié par Forbes ne manquera pas d’attiser la hargne des politiciens kleptomanes, à commencer par les aspirants candidats démocrates à l’élection présidentielle, qui ont pour ambition de faire «casquer les riches» et de trouver des sources d’argent facile pour financer leurs lubies socialistes. On nage en plein délire. À en croire ces prétendants à la Maison-Blanche, les femmes et les hommes du classement Forbes 400, qui recense les plus grandes fortunes américaines, seraient l’incarnation même de l’oncle Picsou, assis sur des montagnes de pièces, de lingots d’or, de bijoux et de billets. Il suffirait de taxer ces richesses et le tour serait joué! Ce joli butin pourrait financer leurs marottes. Mais ils se trompent sur toute la ligne! Un simple coup d’œil sur le patrimoine réel des membres du classement suffit pour constater qu’une infime partie de leurs actifs est détenue sous forme de liquidités. Toute personne qui a déjà possédé une maison ou une voiture est à même d’établir le distinguo entre un bien et de l’argent liquide.
Qui dit impôt sur la fortune dit assiette fiscale réduite. Par définition, taxer le simple fait de posséder des biens et un portefeuille de titres contribue à dévaloriser ces derniers. Beaucoup devront vendre des actifs pour pouvoir payer l’impôt sur les biens qu’ils possèdent.
La valeur d’un actif, notamment d’un actif financier, est souvent commandée par la prospérité économique. Les réformes draconiennes de la fiscalité et la réglementation (qui n’est rien de moins qu’une taxation déguisée qui prive l’économie américaine d’environ 2000 milliards de dollars, soit une somme supérieure au PIB de chaque pays du monde ou presque) proposées par les démocrates brideraient considérablement l’activité économique. Alternativement, cette situation entraînerait la chute des recettes fiscales bien en deçà des prévisions. Malgré ce qu’ont démontré des siècles d’histoire, ces politicards avancent impudemment que l’application de règles ruineuses et contraignantes, ainsi que l’alourdissement de la fiscalité, n’affecteront pas la capacité des individus à entreprendre.
L’adoption de l’impôt sur la fortune ouvrirait la voie à une atteinte sans précédent à la vie privée des citoyens, qui ferait passer les manquements des «FANG» – les géants américains du web Facebook, Amazon, Netflix et Google – pour de petits écarts inoffensifs. Les bureaucrates du gouvernement seraient admis à exiger une liste des actifs des citoyens – et à passer au crible domiciles, locaux de stockage, comptes de courtage, comptes bancaires et tout le reste – pour déterminer s’ils sont redevables de l’impôt sur la fortune. D’un simple clic, les fonctionnaires auraient accès – pour servir le même objectif – à l’historique complet des achats et des ventes effectués par les Américains.
Nous nous dirigeons tout droit vers la route de la servitude.

Le profit : vraie bénédiction, fausse injustice

Les démocrates (comme certains républicains) n’ont pas compris le rôle déterminant que joue le profit dans le dynamisme d’une économie. Leur projet visant à augmenter la fiscalité des entreprises, l’impôt sur le revenu et sur les salaires, ainsi que les droits successoraux, sans parler de nouvelles extorsions telles que la taxation des émissions de carbone, assombrirait nos perspectives d’avenir, car ces prélèvements mettent à sec les principales sources de capitaux : l’épargne et les bénéfices. Sans investissement, l’économie est condamnée au marasme. Pour reprendre les propos de l’illustre économiste Joseph Schumpeter (auteur de l’expression «destruction créatrice»), il ne saurait y avoir d’évolution sans profit. Celui-ci constitue bel et bien une charge d’exploitation, tout comme l’amortissement. Il finance l’expansion des activités et l’amélioration de la productivité. Il a vocation à remplacer le capital détruit par les nouvelles technologies. Internet, par exemple, a amputé la presse traditionnelle de dizaines de milliards de dollars. La majorité des start-up font un flop et engouffrent l’épargne disponible. Les entreprises existantes essuient échec après échec, et font disparaître le capital. M. Schumpeter avait pris conscience que dans le monde des affaires, les succès doivent non seulement couvrir la prise en charge financière des dépenses des entreprises et récompenser les investisseurs, mais aussi, en substance, rembourser les sommes engagées dans le financement des initiatives avortées.
Il est vital de fournir aux start-up des capitaux suffisants, cela afin de favoriser la découverte et le développement de nouveaux produits et services qui contribueront à relever les niveaux de vie futurs. À l’image des expériences de laboratoire, les start-up et la recherche-développement sont déterminantes pour l’acquisition du savoir nécessaire à l’innovation.
Le profit est également un précieux relais d’information sur les priorités de chacun. Un produit ou un service à forte marge bénéficiaire ne manquera pas de drainer la concurrence, qui à son tour proposera aux acheteurs une version plus avancée ou plus abordable de ces produits ou services.

La face cachée de l’eldorado européen

Gratuité des études ! Gratuité des soins ! Gratuité des crèches ! Salaires minimaux mirobolants !
L’Europe en général et la Scandinavie en particulier sont pour les démocrates un exemple à suivre par les États-Unis. Après tout, leurs systèmes de protection sociale sont bien plus généreux que ceux proposés par l’Oncle Sam. Ces politiques oublient que ce sont les moins fortunés qui paient plein pot le prix de ces largesses.
Les taux de l’impôt sur le revenu en Europe sont supérieurs à ceux appliqués aux États-Unis. Les pays européens sont tous flanqués d’une super-taxe sur les ventes baptisée « taxe sur la valeur ajoutée » ou TVA, dont le taux varie entre 20 % et 25 %. Aux États-Unis, à quelques exceptions près, la taxe sur les ventes avoisine 6 %. Lors du prochain débat démocrate, il serait amusant de demander aux candidats à l’investiture quelle stratégie autre que la taxe de 20 % sur la vente de la quasi-totalité des produits ou services achetés par les Américains ils ou elles comptent mettre en place pour compenser les coûts induits par l’adoption d’un système de santé à l’européenne. Pour avoir une idée de leur réponse, il suffit de voir comment a réagi la sénatrice et candidate à l’investiture démocrate Elizabeth Warren, pressée par l’animateur Stephen Colbert de préciser si le projet de couverture universelle entraînerait un surcroît de pression fiscale sur les classes moyennes. La candidate s’est retrouvée dans une position délicate après avoir maladroitement tenté d’éluder la question. Bernie Sanders, qui brigue également la présidence, a quant à lui eu le mérite d’avoir joué franc-jeu et répondu par l’affirmative. (Mais il nous a ensuite gratifiés d’un raisonnement digne de Barack Obama et a prétendu que ces citoyens sortiraient gagnants, car la prise en charge médicale serait bien moins chère et de bien meilleure qualité une fois passée aux mains des bureaucrates de Washington.)
Comme si alourdir l’impôt sur le revenu ne suffisait pas, les salaires européens sont également écrasés par des impôts exorbitants. Aux États-Unis, le taux maximum de la taxe « FICA » est de 15,3 %. En Europe, il oscille entre 35 % et 50 % ! À croire que ce qui est bon ne peut toujours s’obtenir gratuitement.

Le PIB, une mesure inadaptée

Longtemps, on nous a donné à entendre que le PIB était l’outil idéal pour mesurer les performances et le niveau de développement d’un pays. Cet indicateur fournit pourtant une image lacunaire, et de fait trompeuse, de ce qui fait une économie. Combien de fois nous a-t-on répété que 70 % de l’économie reposait sur la consommation, alors qu’en réalité, l’essentiel relève de l’investissement et de la production ? Car il n’y a pas de consommation sans production. La consommation est le résultat de la production.
A contrario, la mesure de la production brute (gross output) s’avère bien plus complète, réaliste et informative que le PIB. Autant comparer une radiographie à un scanner !
Le PIB correspond à la valeur de l’ensemble des produits finis et services créés dans un pays. Au sein d’une entreprise, il équivaudrait à la marge brute. Mais le PIB ne prend en compte ni les recettes ni les dépenses. Une hérésie pour tout analyste financier qui évaluerait une entreprise. En revanche, la mesure de la production brute intègre les étapes de fabrication ou de mise en œuvre de ces produits et services. Autrement dit, sur la base de cet indicateur, l’économie américaine pèserait plus de 45 000 milliards de dollars, et non 21 000 milliards comme l’indique le PIB. La production brute est un baromètre plus sensible de l’état des lieux et des perspectives futures, car contrairement au PIB, elle réagit immédiatement aux fluctuations de la production et des investissements.
Économiste réputé, Mark Skousen martèle depuis longtemps que la production brute est un outil plus adapté pour apprécier la situation économique. Pour démontrer le bien-fondé de ses arguments, il prend l’exemple d’une tasse de café. Le PIB ne prend en compte ni la culture et la récolte des grains, ni leur transformation et leur transport, ni l’infusion de ce nouvel or noir. Grâce à la ténacité de Mark Skousen et à sa renommée, le Bureau of Economic Analysis (BEA), qui compile les données concernant le PIB américain, publie désormais chaque trimestre une mesure de la production brute (contre tous les cinq ans auparavant). Mais voici où le bât blesse : parce qu’elle est publiée plus de trois mois après l’estimation initiale du PIB, la production brute trimestrielle calculée par le BEA perd presque tout intérêt pour les médias. Pourquoi le BEA a-t-il commis cette erreur inexcusable ? Parce que le concept de production brute vient remettre en question l’orthodoxie économique keynésienne régnante, qui fait la part belle à la consommation et néglige la production.
Le président Trump devrait sans plus attendre enjoindre au BEA de cesser de tergiverser et de publier les chiffres de la production brute en même temps que ceux du PIB.

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