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Libra ou l’exploit du héros Zuckerberg

Steve Forbes

Mark Zuckerberg a passé un mauvais quart d’heure devant la commission des services financiers de la Chambre des représentants, où il était questionné sur la Libra (entre autres), le projet de cryptomonnaie et d’infrastructure financière présenté par Facebook. N’ignorant pas le déficit de notoriété dont souffrent aujourd’hui la firme de Menlo Park et d’autres colosses des technologies, la plupart des membres du comité n’ont pu s’empêcher de sermonner le fondateur de Facebook. Certes, certains enjeux, tels que le respect de la vie privée et le blanchiment d’argent, méritent d’être examinés. Mais Facebook collabore déjà avec les organismes de contrôle pour dénouer ces points sensibles.

Il reste que, sous la pression réglementaire, plusieurs entreprises qui s’étaient ralliées à Facebook se sont aujourd’hui retirées du projet. Ce qui nous amène à la véritable raison pour laquelle la Libra donne des sueurs froides à autant de responsables politiques, de ronds de cuir du gouvernement, de banques et d’économistes.
Elle réserve aux banques centrales le même sort que Lyft et Uber ont fait subir aux cartels de taxis : elle va briser leur monopole ou leur donner du fil à retordre.
La Libra serait adossée à un panier de devises et de valeurs de premier ordre, et s’affranchirait ce faisant du talon d’Achille des autres cryptomonnaies : la volatilité. Si quatre siècles d’histoire ont démontré que l’or serait la référence idéale, le panier de la Libra surpasserait tout de même tous ses équivalents.
Une fois la Libra sur les rails, chaque utilisateur de Facebook pourra disposer d’un porte-monnaie numérique, le Calibra, et transférer des unités de la devise aux autres détenteurs de Calibra, où qu’ils soient dans le monde. La révolution serait immédiate. Dans le système actuel, le transfert d’argent transfrontalier reste prohibitif, sans compter les délais – plusieurs heures ou plusieurs jours – nécessaires à la réception des fonds. Avec la Libra, les banques seraient totalement exclues du processus ! L’écosystème Libra allie simplicité des opérations et stabilité de la monnaie.
Autre atout substantiel : ancré dans le numérique et le mobile, il démocratisera largement l’accès aux services bancaires pour le milliard d’étrangers et les 14 millions d’Américains non bancarisés. Au Kenya – beaucoup l’ignorent –, la numérisation des services bancaires connaît un formidable essor. L’absence de succursales et de services bancaires traditionnels a conduit des millions de clients à se tourner vers le mobile pour la gestion de leurs opérations. La Chine éclipse, et de loin, les États-Unis dans le domaine des transactions numériques.
Mais devant une hostilité aussi farouche, la Libra parviendra-t-elle à prendre son envol ? Mark Zuckerberg a clairement indiqué que Facebook ne poursuivrait pas le projet Libra sans l’aval des autorités réglementaires américaines. Or, la Libra pourrait tout de même voir le jour, car le dossier est à présent entre les mains de la jeune association Libra – un consortium d’entreprises (dont Facebook) et d’ONG –, qui est officiellement indépendante du réseau social. Mais en réalité, sans Facebook, le projet Libra n’a aucun avenir.
Il faudra force finesse diplomatique et adresse politique pour que le projet surmonte les obstacles qui se dressent devant lui, ce qui est regrettable, car ce type de système est voué à voir le jour, et ne serait-il pas appréciable que son créateur soit une entreprise américaine ? Ainsi que l’a déclaré Mark Zuckerberg devant la Chambre, « alors que nous débattons de ces questions, le reste du monde ne reste pas les bras croisés. La Chine s’apprête à déployer des concepts similaires dans les mois à venir. Le projet Libra […] renforcera le leadership financier des États-Unis, ainsi que le rayonnement de nos valeurs démocratiques et de notre contrôle dans le reste du monde. Sans innovation, l’hégémonie de notre système financier n’est pas assurée. ”

Les bienfaits de la cigarette électronique

Contrairement à ce que laissent entendre les journaux avec leurs titres sensationnalistes sur la vague de décès attribuée au tabagisme électronique, le vapotage est une bénédiction pour les fumeurs. L’hystérie autour du vapotage en dit davantage sur les maux de notre époque que sur les dessous de la cigarette électronique. Ces décès dont on nous parle ne sont pas causés par la consommation de cigarettes électroniques officielles, mais par celle de produits trafiqués, dont certains contenaient le principe actif du cannabis. Appeler à l’interdiction du vapotage est aussi absurde que de proscrire le lait parce que quelques personnes malveillantes auront mis en vente des lots de lait frelaté.
En vérité, la cigarette électronique est 95 % moins nocive que le tabac. Les utilisateurs reçoivent une dose de nicotine sans être exposés à toutes les autres substances cancérigènes et au monoxyde de carbone contenus dans la fumée de tabac. Le vapotage est bien plus efficace pour arrêter de fumer que tous les autres substituts, y compris les patchs à la nicotine. De nombreux dispositifs de vapotage permettent par ailleurs d’ajuster la dose de nicotine, voire de ne pas en délivrer. Grâce à la cigarette électronique, un nombre incalculable de fumeurs a abandonné le tabac et de nombreux autres n’y ont pas cédé. Des millions de vies ont ainsi été sauvées.
Contrairement à son pendant américain, le gendarme sanitaire britannique estime que la cigarette électronique est un moyen extrêmement efficace pour aider les fumeurs à arrêter le tabac.
Mais quoi qu’il en soit, l’autorité de réglementation et les responsables politiques américains – sous l’impulsion de la FDA, l’agence des produits alimentaires et médicamenteux – ont interdit les cigarettes électroniques aromatisées, au prétexte qu’elles ont été conçues pour pousser les adolescents non avertis à fumer de « vraies » cigarettes. La ville de San Francisco a même interdit la vente des stylos de vapotage. Mais la plupart des consommateurs – environ 11 millions d’adultes aux États-Unis – préfèrent un produit aromatisé au goût naturel du tabac.
Quant à la fameuse « épidémie » qui toucherait les adolescents, peu d’éléments permettent d’établir que la cigarette électronique serait une passerelle vers la consommation de tabac. Celle-ci est même en net recul chez les adolescents depuis les années 1990. Interdire la cigarette électronique classique ou aromatisée, ou imposer des taxes exorbitantes (cheval de bataille de certains membres du Congrès et d’autres institutions) entraînerait une double contreperformance : l’augmentation du nombre de consommateurs de cigarettes traditionnelles – qui, rappelons-le, peuvent entraîner la mort – et l’essor de marchés noirs pour la vente de cigarettes aromatisées, avec tous les risques que cela impliquerait.

Comment sauver les éléphants ?

Voilà une idée qui défie toute logique ! Pour protéger efficacement les éléphants et autres espèces sauvages menacées du continent africain, il suffirait d’autoriser et de réglementer la chasse au gros gibier.
Mokgweetsi Masisi, le président du Botswana, a récemment écrit pour le Wall Street Journal un article provocateur intitulé « Hunting Elephants Will Help Them Survive. » (« La chasse, essentielle à la survie des éléphants »). À la différence des autres pays d’Afrique, au Botswana, la population de pachydermes a explosé, passant de 50 000 individus au milieu des années 1990 à 130 000 aujourd’hui. Le pays n’est pas en mesure de gérer une telle population. « Trop nombreux pour les rares [végétaux] et points d’eau, les éléphants délaissent leurs pâturages pour des zones plus peuplées – avec les terribles conséquences que l’on sait », à savoir la mort et la mutilation des villageois.
La chasse permettrait aux habitants des zones rurales de se protéger et aux pachydermes solitaires « de comprendre rapidement qu’il leur faut rester à distance des zones où ils ne devraient pas se trouver » .
Attribuer aux collectivités locales une partie de la redevance pour le permis de chasse, c’est « encourager fortement [celles-ci] à reconnaître la valeur [des éléphants] – et nous prenons généralement soin de ce qui nous est précieux ».
Et que dire des autres pays d’Afrique, tels que l’Angola, où le braconnage endémique et la longue guerre civile ont fait fuir les troupeaux, ou de la savane africaine, où le braconnage (et dans une bien moindre mesure, la pression démographique) a entraîné la disparition de 30 % des éléphants ?
Ces régions pourraient trouver leur salut dans l’instauration d’un vaste plan de réglementation de la chasse et dans l’extension des droits de propriété, autant qu’il serait possible. Le célèbre économiste Steve Hanke, de l’université JohnsHopkins, a mené il y a quelques années au Kenya des travaux approfondis sur les mécanismes et les bénéfices de la privatisation des terres et de la faune. Il écrivait récemment dans les colonnes de Forbes : « Les approches classiques de la gestion des troupeaux sauvages en Afrique ont échoué, comme en témoigne le déclin spectaculaire de la population faunique. » S’appuyant sur ce formidable travail de fond réalisé en Afrique, il conclut que « seul l’établissement de droits de propriété permanents sur les terres et la faune sauvage contribuerait à valoriser ce patrimoine. Et à lui ouvrir de nouveaux marchés, ce qui inciterait [les populations] à l’exploiter, à le protéger et à agir pour sa conservation de manière raisonnée. L’utilisation réfléchie de ces ressources est, et a toujours été, affaire de propriété, de prix, de marché et de légitimité du commerce. »
L’attribution de ces droits est également créatrice de ressources. Ainsi, asi du jour au lendemain plus personne aux États-Unis ne consommait de bacon, de jambon, de saucisses, de côtes et de couenne de porc, la population porcine s’effondrerait et les quelques porcs restants retourneraient à la vie sauvage.

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