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Ingrid Etoke, une championne du marketing au service de la santé publique

Ingrid Etoke en compagnie du footballeur David Beckham ©Ingrid Etoke

Plutôt que de se consacrer à la recherche médicale comme l’y prédisposait son parcours académique, cette Camerounaise a préféré mettre son savoir-faire dans le développement de stratégies commerciales à même de démocratiser les moyens de lutte contre le paludisme en Afrique.

Par Julien Chongwang

Classée en 2020 dans le top 10 des personnalités qui révolutionnent le secteur de la santé selon les organisateurs du programme britannique « Decade of health » (Décennie de la santé), la Camerounaise Ingrid Etoke est une experte du marketing et de la gestion de performance qui accompagne depuis plus de 15 ans de grandes entreprises pharmaceutiques dans l’établissement et le développement de leurs activités en Afrique.

Titulaire d’un master en biochimie obtenu à l’université des sciences et technologies de Lille en 2004, elle aurait pu travailler dans un laboratoire de recherches pharmaceutiques par exemple. C’était d’ailleurs son rêve… Pourtant, « le domaine commercial était plus proche de ma personnalité. Je me serai vite ennuyée à temps plein dans un laboratoire », confie-t-elle aujourd’hui, rappelant [qu’] « à la suite de [son] cursus scientifique, [elle a] obtenu un master en marketing international », à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Lille. Commence alors un long périple dans les plus grandes firmes pharmaceutiques. Parmi celles-ci, Novartis Pharma, où elle arrive en 2008 comme coordinatrice marketing des clusters d’Afrique occidentale francophone et de l’océan indien, gérant un budget de 20 millions d’euros.

Réalisations

Un an et demi plus tard, en juillet 2009, elle passe chez le concurrent Sanofi, tout en restant dans la même ville, Douala, la capitale économique du Cameroun. Au sein de la multinationale française, elle occupe durant quatre années les fonctions de responsable marketing des clusters d’Afrique centrale où elle contribuera à faire progresser les ventes de 32% entre 2009 et 2012. Un bilan qui ne manque pas de séduire ses anciens employeurs, qui lui font à nouveau la cour. Incapable d’y résister, Ingrid Etoke effectue en janvier 2013 son retour au sein du groupe Novartis, précisément dans la firme Sandoz GmbH d’où elle est arrachée 22 mois plus tard par un autre géant de l’industrie pharmaceutique, le britannique GlaxoSmithKline (GSK). D’abord en poste à Douala comme directrice générale de l’entreprise pour l’Afrique centrale, elle se distingue en presque trois ans par la mise en place de nouvelles voies de distribution des produits en République démocratique du Congo (RDC) et au Cameroun et le développement de nouveaux segments commerciaux ainsi que par la conception d’un plan marketing de l’équipe pour cette sous-région. Elle est ensuite affectée à Londres aux fonctions de directrice du programme des agents de santé pour l’Afrique et l’Asie où elle ne reste qu’un an et demi.

Un temps néanmoins suffisant pour taper dans l’œil d’Innovative Vector Control Consortium (IVCC), une structure active dans le développement de nouveaux outils de lutte antivectorielle pour éradiquer le paludisme. Ingrid Etoke est, depuis mars 2019, responsable du développement de la stratégie de commercialisation. « Au quotidien, je travaille avec des partenaires industriels et les bailleurs de fonds à la mise en place de modèles industriels viables qui permettent l’accès à bas prix à des biens de santé », explique-t-elle.

Motivations

Face à ce que d’aucuns pourraient considérer comme une instabilité professionnelle chronique, la Camerounaise rappelle que les motivations qui l’ont si souvent poussée à changer de poste étaient diverses. « Parfois elles étaient liées à des raisons familiales, parfois c’était parce que le challenge du poste était très intéressant ; d’autres fois, c’était lié à une opportunité d’expatriation qui est une expérience personnelle et familiale unique », énumère la jeune dame. « Mais en fin de compte, j’ai toujours privilégié l’apprentissage », dit-elle. À chaque fois que j’ai changé de poste, j’étais certaine que j’allais certes apporter de la valeur dans la nouvelle structure mais aussi continuer à apprendre. Au total, ma principale motivation lorsque j’ai changé d’employeur a toujours été de continuer à me développer ».

À IVCC, Ingrid Etoke, qui a à peine plus de 40 ans, se dit particulièrement fière d’avoir contribué à déployer dans les pays d’Afrique en 2020 une nouvelle génération de moustiquaires imprégnées non pas d’un, mais de deux insecticides afin de réduire les risques de résistance des moustiques. Justement, « Decade of health » justifie la présence dans son classement de cette amazone du marketing part le fait qu’en travaillant avec des fabricants d’insecticides, cette dernière a mis en place des initiatives susceptibles d’aider les pays d’Afrique dans leur lutte contre le paludisme. Quant à l’institut Choiseul, qui établit chaque année un classement des ressortissants africains âgés au plus de 40 ans au 1er janvier et qui contribuent activement au développement économique de l’Afrique, il a intégré Ingrid Etoke comme l’unique ressortissant camerounaise dans son top 100, où elle occupe le 34è rang. Un classement dans lequel elle figure sans discontinuer depuis 2015…

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