Premier partenaire commercial du continent et bailleur de fonds très important, la Chine est en passe de renforcer son positionnement tandis que Pékin s’est engagé à annuler vingt-trois prêts sans intérêt en faveur de dix-sept pays africains. Une annonce qui intervient alors que l’Afrique se retrouve au cœur d’une bataille d’influence entre grandes puissances.
Par la rédaction
« La Chine annulera les vingt-trois prêts sans intérêt accordés à dix-sept pays africains qui étaient arrivés à échéance à la fin de 2021 », a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, dans un communiqué publié à la suite du Forum sur la coopération sino-africaine dont la 11e édition s’est tenue à Beijing et à Jinhua les 20 et 21 juillet derniers[l1] .
Promettant en outre une aide alimentaire aux pays concernés — dont les noms n’ont pas été révélés —, le responsable chinois en a profité pour redéfinir et préciser les priorités de la coopération chinoise en Afrique : « Nous continuerons également à augmenter les importations en provenance d’Afrique, à soutenir un plus grand développement des secteurs agricole et manufacturier de l’Afrique, et à étendre la coopération dans les industries émergentes telles que l’économie numérique, la santé, les secteurs verts et à faible émission de carbone. »
Financements, investissements et assistance
Et d’ajouter que la Chine continuerait à soutenir activement et prendre part à la construction de grands projets d’infrastructures sur le continent par le biais de financements, d’investissements et d’assistance.
Une annonce qui intervient dans un contexte où des luttes d’influence se jouent entre les grandes puissances en Afrique. Si l’empire du Milieu, premier partenaire commercial du continent et par ailleurs bailleur de fonds très important, jouit pour l’heure d’un positionnement privilégié, cette situation de monopole n’a pas manqué de lui attirer les critiques de ses concurrents occidentaux, qui dénoncent notamment la pratique d’une « stratégie », accusant la Chine d’entraîner l’Afrique dans « le piège de la dette ». Autrement dit, le pays accorderait des prêts dans le but d’obtenir des actifs stratégiques internationaux et de maintenir le continent dans une relation de dépendance.
Selon les données de la Banque mondiale de 2020 citées par Forbes, les nations africaines dont la dette extérieure envers la Chine est la plus élevée en pourcentage du revenu national brut sont Djibouti (43 %), l’Angola (41 %) et la République démocratique du Congo (29 %).
Plus engagée que jamais sur le continent à travers notamment sa feuille de route « Belt and Road », qui vise à construire des infrastructures portuaires, ferroviaires et terrestres, la Route de la soie moderne de Pékin, la Chine revoit son approche sur le continent et cherche à convaincre que celle-ci entend se baser sur une « coopération multipartite » qui apporte des « résultats gagnant-gagnant » pour toutes les parties.
[l1]L’annonce a été faite dans le contexte des réunions de suivi du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac 8), tenu à Dakar, en novembre dernier. Le rassemblement qui a eu lieu cet été à Beijing et Jinhua est la 11e Réunion du Forum Chine-Afrique des Think Tanks…