Les autorités gabonaises ont décidé de prendre le contrôle de la compagnie pétrolière Assala Energy, pourtant promise au Français Maurel et Prom, chahuté en Bourse.
Pour la junior française Maurel & Prom, qui espérait changer de dimension au Gabon avec le rachat annoncé en août — pour 730 millions de dollars — de la compagnie pétrolière Assala Energy, c’est la douche froide.
Un acte de portée nationale pour le Gabon
L’opération, qui restait soumise à une série d’approbations du régulateur, n’aura finalement pas lieu. Dans un message de vœux adressé le 31 décembre à la nation, le président de la transition gabonaise, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a annoncé que son pays acquerra finalement la société. « Dans l’optique d’augmenter nos recettes, nous avons décidé de faire valoir les droits de préemption de l’État pour le rachat de la société pétrolière Assala », a notamment déclaré le chef d’État gabonais, ce dernier justifiant cette décision par un « un acte de portée nationale qui permettra à la République de marquer sa souveraineté dans le secteur pétrolier, poumon de [l’économie gabonaise] ».
Prenant acte de la décision des autorités gabonaises, la réaction de la communauté financière n’a pas tardé : le titre de Maurel & Prom a terminé la première séance boursière de 2024 en baisse de plus de 8 %, et ce dans un marché où les cours du Brent progressaient pourtant de plus de près de 2 %. De fait, en dépit des récents changements politiques survenus dans le pays d’Afrique centrale, et en d’une courte réaction de panique, fin août, lors du putsch ayant renversé l’ancien président Ali Bongo, les investisseurs escomptaient que ces évolutions n’auraient pas d’incidences notables sur les projets locaux de l’entreprise. Plus largement, la hausse des prix de l’or noir jusqu’en septembre avait boosté le cours de l’action de la junior, qui avait alors atteint presque 7 euros, un plus haut de 5 ans.
Un cours boursier en chute libre
Aujourd’hui, c’est tous les espoirs bâtis autour de la reprise annoncée d’Assala par Maurel & Prom, qui sont réduits à néant. Jusqu’alors détenus par Shell, les actifs d’Assala avaient été rachetés par le fonds Carlyle en 2017 après la décision du géant anglo-néerlandais de quitter le pays, et étaient considérés comme complémentaires aux activités de la junior française au Gabon. Les opérations d’Assala Energy devaient notamment permettre à Maurel & Prom de « réaliser d’importantes optimisations opérationnelles et financières avec une production uniquement onshore, diversifiée, à longue durée de vie et à faible coût », justifiait encore en août le groupe français, qui ambitionnait de passer ainsi de 15,8 kbp/j à 56,5 kbp/j, grâce à cette acquisition majeure.