Le deuxième sommet africain des family offices se tiendra à Port Louis, la capitale de Maurice les 19 et 20 février prochain. Une family office est un cabinet de conseil en gestion de patrimoine et gestionnaire de grande fortune. C’est une organisation privée qui accompagne des familles fortunées et les conseille dans la gestion et la transmission de leur patrimoine. Le sommet de Port Louis sera l’occasion pour les acteurs de cette activité encore peu connue en Afrique francophone de réunir des entreprises familiales et leur donner l’opportunité de créer un réseau et d’échanger leurs expériences. Forbes Afrique a interviewé David Grammig, fondateur de Grammig Advisory et organisateur de ce rendez-vous.
Forbes Afrique : Le prochain sommet africain des family offices dqui se tient ce mois de février 2020 à Port Louis, la capitale de l’île Maurice, sera le deuxième. Quelle est la particularité de cette deuxième édition ?
David Grammig : A chaque édition, nous augmentons le nombre de familles participantes et sommes heureux de réaliser une diversification des industries. Les entreprises familiales africaines sont aussi diverses que le continent sur lequel elles opèrent et nous sommes fiers de refléter cette diversité lors de notre événement. De plus, nous discutons de sujets et de questions d’intérêt pour les investisseurs africains ainsi que des tendances mondiales. Notre objectif est de couvrir tous les aspects des entreprises familiales africaines et de nous plonger dans les sujets qui préoccupent les familles présentes.
L’objectif tel qu’il est présenté dans votre site web est d’aider les familles à se connecter et à créer des réseaux, à apprendre les uns des autres et à préparer l’avenir et les défis à venir. Comment voyez-vous l’avenir des affaires des family offices en Afrique ?
Les entreprises familiales ont une longue tradition dans le monde entier et façonnent les économies régionales. Dans d’autres parties du monde, les entreprises familiales sont plus avancées dans la mise en relation avec des parties prenantes partageant les mêmes intérêts, afin de collaborer lorsqu’il s’agit d’intérêts mutuels, de tirer parti de l’expertise de chacun et de regrouper leurs forces pour gagner en efficacité et en résilience face aux défis auxquels elles sont confrontées. Dans un premier temps, nous souhaitons mettre les familles en relation les unes avec les autres et leur montrer l’importance d’un échange constant et d’initier des partenariats. L’Afrique est un continent extrêmement riche en ressources et je crois que les perspectives en Afrique son multiples – allant de l’industrie à la technologie, au tourisme et aux énergies renouvelables.
Quels sont, selon vous, les défis à venir ?
Préparer la succession et planifier des investissements durables, tels sont les défis actuels des family offices africains en raison de leur manque d’expérience dans ce domaine particulier. Mais ce n’est pas un phénomène africain. Un grand nombre de conseillers et de consultants en matière de succession dans le monde entier soulignent la nécessité d’accompagner les familles dans ce domaine. En outre, l’investissement sur le long terme exige également de l’expérience : quel projet est vraiment durable et a un impact ? Comment identifier des projets durables ? Comment puis-je m’impliquer ? Puis-je transformer mon entreprise en une entreprise pérenne et comment ? Ou même pourquoi ?
L’un des grands défis des familles africaines riches est la transmission de la richesse à la prochaine génération. Comment analysez-vous cette problématique ?
Avant de transmettre la richesse, vous devez transmettre la passion pour l’entreprise de la génération actuelle à la génération suivante. La transmission de la richesse ne se termine pas par la remise d’un chèque ou d’une entreprise, mais elle doit garantir la protection de la richesse et la survie de l’entreprise familiale pour les générations futures. Cela exige la passion de la prochaine génération pour l’entreprise et l’héritage de la famille. Cette passion doit faire partie de son ADN. Mais la passion pour votre entreprise signifie également que la génération actuelle doit laisser à la génération suivante une marge de manœuvre pour le développement de l’entreprise.
Le business du family office semble être de plus en plus dynamique en Afrique de l’Est et dans les pays anglophones. Au contraire elle est très faible dans les pays francophones. Comment expliquer cette différence ?
L’influence du monde occidental dans les domaines de la politique et de l’éducation a certainement une incidence. En dehors de la langue, les pays anglophones sont plus fortement influencés par les principes économiques anglo-saxons et les tendances capitalistes qui favorisent les activités d’investissement caractéristiques des family offices.
Dans le programme du sommet de Port Louis, il y a un point surprenant : la citoyenneté à travers les programmes d’investissement. Quelles sont les perspectives de cette activité en Afrique ?
Il est plus facile pour un citoyen de l’Union Européenne de se rendre en Afrique du Sud qu’un Nigérian ou un Congolais. Et il en est de même pour de nombreux ressortissants d’autres pays africains – et c’est là que se situe le problème. Les contraintes en matière de visa peuvent être très restrictives, ce qui a une influence négative sur la facilité de se déplacer pour faire des affaires. Mais il est évident que voyager pour l’Europe ou les Etats-Unis est également plus compliqué pour les détenteurs de passeports africains. Les voyages d’affaires spontanés ou les participations à des conférences sont difficiles, voire impossibles, dès lors que les procédures de visa nécessitent des jours, voire des semaines de préparation. Les programmes de citoyenneté par l’investissement sont un moyen facile d’acquérir un passeport supplémentaire qui permet aux investisseurs de voyager sans visa dans la plupart des endroits du monde.
Le programme a prévu un autre thème intéressant : l’île Maurice considéré comme Suisse de l’Afrique. Quelles sont selon vous les raisons qui justifient une telle comparaison ?
L’île Maurice est un petit pays sûr pour les touristes et les investisseurs. Le cadre légal et la fiscalité la rendent intéressante pour les UHNWI et c’est un hub financier qui inspire la confiance des family offices. De plus, la connectivité est favorable et l’île est à la fois anglophone et francophone, ce qui la rend attrayante pour les familles et les propriétaires de richesses de tout le continent mais aussi du Moyen-Orient et d’Europe et en particulier pour ceux qui ont des intérêts sur le continent. L’île Maurice est un point d’entrée en douceur en Afrique.