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Le sport, un business rentable

Lancé au Qatar depuis le 20 novembre, le Mondial 2022 de football rappelle que le sport constitue également un levier de croissance grâce à l’organisation d’événements et de compétitions. Une stratégie désormais appliquée  par un  nombre croissant de pays africains.

Par Hawa Sidibe

Lentement mais sûrement, le Rwanda tisse sa toile dans l’univers des pays hôtes de grandes manifestations sportives, à l’instar du Qatar.  Après avoir abrité en mai 2021, la ligue africaine du basket-ball (BAL), une compétition regroupant douze pays et organisée sous l’égide de la Fédération internationale de basket-ball (FIBA) et de la NBA, Kigali a accueilli du 24 août au 5 septembre 2021, la 30ème édition du championnat d’Afrique de basket-ball, l’AfroBasket. Une opportunité de « faire grandir le sport et le business » selon la formule d’Amadou Gallo Fall, le président de la BAL. Opportunité que le pays des Mille collines a su saisir. 

Le Rwanda, hub de manifestations sportives

La petite nation est-africaine attire ainsi des manifestations sportives à dimension panafricaine et internationale. Un pari quasi-réussi : lors des compétitions de basket-ball, le pays est parvenu à remplir les hôtels de sa capitale pendant plusieurs jours, tout autant que son nouveau complexe sportif du Kigali Arena.

Des résultats encourageants, fruit d’une stratégie, chère au président Paul Kagamé. Cette vision vise à « promouvoir le secteur du sport et d’en faire un pan du développement national », explique Clare Akamanzi, la directrice du Rwanda Development Board (RDB), l’agence rwandaise de promotion des investissements. « L’industrie du sport représente plusieurs milliards d’euros à l’échelle mondiale. Il offre un énorme potentiel économique aux investisseurs ainsi qu’à la population qui bénéficie, directement ou indirectement, des retombées », rappelle la dirigeante du RDB. Elle justifie ainsi « la décision stratégique » du gouvernement rwandais d’investir « dans les infrastructures sportives afin de renforcer son ambition de devenir une destination phare pour les compétitions sur le continent ».

Parmi ces investissements, outre le complexe Kigali Arena, se trouve « un terrain de golf […] mais aussi un stade de cricket et une modernisation imminente des stades existants », précise Clare Akamanzi. Elle invite, par ailleurs, “le secteur privé local à saisir cette opportunité et à investir dans ce secteur au fort potentiel économique dont l’impact touche tous les domaines, du tourisme au transports en passant par les infrastructures”. Dans ces conditions, le Rwanda devrait continuer à utiliser la diplomatie du sport pour promouvoir ses priorités nationales, à l’image de la campagne Visit Rwanda avec les clubs de football du Paris-Saint-Germain et Arsenal. Ce partenariat de sponsoring, initié en 2018, pour plus de 42 millions de dollars, a été renouvelé récemment. Signe de la rentabilité de l’investissement.

Maroc, Côte d’Ivoire, Sénégal … Le sport, un axe de développement majeur

Le pays des Mille collines n’exclut aucune activité pour gagner son pari du sport-business. Outre le football et le basket-ball, le Rwanda fait place au cyclisme : le pays accueillera les championnats du monde de cyclisme sur route en 2025. Cette politique assumée et visionnaire consiste à maximiser les retombées économiques liées au sport et va bien au-delà de l’exemple rwandais. Ainsi, le montrent les cas du Maroc, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. Ces pays ont accueilli ou accueilleront respectivement la Coupe d’Afrique des Nations féminines en 2022, la Coupe d’Afrique des Nations en 2023 et les Jeux Olympique de la Jeunesse en 2026 ; et font également du sport un axe de développement majeur. Amadou Gallo Fall rappelle, qu’en Afrique, “la part de l’industrie du sport ne représente que 0,5 % du PIB, […] et ce malgré la grande popularité de disciplines qui ne cessent de se diversifier”. Ce pourcentage illustre la marge de croissance qu’il reste à conquérir.

Un potentiel bien compris par les bailleurs de fonds. Ces derniers investissent aussi dans la filière sport pour accompagner l’émergence du continent. L’Agence française de développement (AFD) a ainsi placé le sport au cœur de ses priorités et s’est engagée aux côtés de la Fédération internationale de football (FIFA) et de la NBA pour faire du football et du basket-ball des vecteurs de développement et de changement social en Afrique. De ce point de vue, la création d’une NBA Academy Africa et le lancement de la ligue africaine de basket-ball, dont l’AFD est partenaire, illustrent parfaitement cette volonté d’allier « l’expertise de la NBA sur la pratique sportive à celle de l’AFD sur le développement durable », se félicite l’agence de coopération française. Montants engagés : l’AFD a débloqué 75 millions d’euros, depuis 2018, lesquels sont répartis sur soixante-dix projets.

Crédit-photo : Yahye Abdi

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