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L’IA au coeur des échanges au Cyber Africa Forum

Rendez-vous incontournable du secteur numérique en Afrique, le Cyber Africa Forum a tenu sa 4e édition les 15 et 16 avril au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire. L’intelligence artificielle, la cybersécurité et la représentation des femmes dans le numérique en Afrique étaient au cœur des discussions.

Par Charlène Kalala


« D’ici 2030, l’IA pourrait contribuer à hauteur de 15,7 % du PIB africain »

Plus de 1500 participants et 50 acteurs clés du milieu de la tech ont répondu présent à la 4e édition du Cyber Africa Forum (CAF), l’événement de référence en matière de cybersécurité et de confiance numérique sur le continent africain. Cette année, ses organisateurs avaient placé l’intelligence artificielle (IA) et la cybersécurité au coeur des débats.

Et pour cause : avec l’essor et la démocratisation de l’IA, le secteur numérique connaît actuellement des avancées majeures, qu’illustre le succès de la plateforme Chat GPT (plus de 180 millions d’utilisateurs). L’IA, « une révolution qui affecte l’avenir de tous les secteurs », pour reprendre les mots de Frank Kié, commissaire général et fondateur du CAF, transforme les domaines clés de l’économie tels que l’éducation, la santé, la finance, l’énergie et la  sécurité. D’ici 2030, elle pourrait contribuer à hauteur de 15,7 % du PIB africain, soit une valeur ajoutée de 1,2 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros).

En matière de cybersécurité, l’IA est capable d’analyser de vastes volumes de données et donc d’améliorer la détection et la gestion des menaces. Toutefois, sa montée en puissance représente aussi un danger pour le cyberespace africain. «L’heure est grave et notre action est plus que jamais cruciale », a alerté Franck Kié : « L’accessibilité accrue des outils d’IA permet désormais aux acteurs malveillants, même les moins expérimentés, de lancer des attaques efficaces. Ces dernières peuvent prendre diverses formes, notamment les deepfakes, qui manipulent des médias pour créer des contenus trompeurs, et les campagnes de phishing personnalisées, qui ciblent spécifiquement les individus en utilisant des informations personnelles ».De fait, les pertes financières liées à la cybercriminalité sont estimées pour le continent à 4 milliards de dollars en 2022 (3,7 milliards d’euros), selon l’Union internationale de Télécommunications (UIT).

« Les pertes financières liées à la cybercriminalité sont estimées pour le continent à  4 milliards de dollars en 2022 (3,7 milliards d’euros), selon l’Union internationale de Télécommunications (UIT) »

Stanislas Zézé, Charles Kié et Serge Doh / Didier Kla & le Ministre Kalil Konaté de la Transition Numérique et la Digitalisation


Pour une IA éthique et équitable

Le sujet de la protection des données africaines a donc été au cœur des débats du Cyber Africa Forum. Seulement « 2 % des données africaines sont hébergées sur le continent », a notamment déploré Adnane Ben Halima, vice-président en charge des relations publiques de Huawei. Pour faire face à l’utilisation malveillante de l’IA, les intervenants du CAF ont évoqué les stratégies à mettre en place, comme l’investissement dans des infrastructures (datacenter), l’enseignement de l’IA dans le système scolaire, la mise en place de cadres réglementaires et institutionnels pour encadrer son utilisation, et la nécessité d’une collaboration régionale et internationale. En outre, une charte baptisée « L’appel d’Abidjan » a été signée, dans le but d’instaurer un partenariat pour la création d’un comité sur une intelligence artificielle éthique et équitable en Afrique.


Le prix Cyber Woman Africa remis à Andrea Longa (Abidjanaises in Tech)

Cette édition s’est conclue par la remise de 7 prix destinés à récompenser des décideurs ayant démontré leur engagement à relever les défis de la cybersécurité en Afrique et à renforcer le cyberespace africain.

De son côté, la session Cyber Woman Africa a été un moment fort de partage et de recommandations stratégiques en faveur d’un secteur numérique plus inclusif. L’occasion de rappeler que les femmes représentent désormais 25 % de la main-d’œuvre dans la cybersécurité, une progression significative par rapport aux années précédentes (source : Rapport sur les femmes dans la cybersécurité de 2022 réalisé par l’organisme de formation IT Ironhack). Cette tendance à la hausse laisse entrevoir une perspective encourageante, suggérant que d’ici 2031, les femmes pourraient occuper jusqu’à 35 % des postes dans la cybersécurité.

En l’occurrence, le prix Cyber Woman Africa 2024 a été remis à Andrea Longa, du collectif Abidjanaises in Tech qui vise à outiller les femmes et susciter des vocations afin qu’elles profitent de toutes les opportunités offertes par le numérique.

« Les femmes représentent désormais 25 % de la main-d’œuvre dans la cybersécurité, une progression significative par rapport aux années précédentes »

Fognon Maïmouna Kone, Elisabeth Moreno et Madia Bamba


L’Artificial Intelligence Forum for Africa (AIFA)

Le Cyber Africa Forum a été l’occasion pour Franck Kié d’annoncer le lancement de l’Artificial Intelligence Forum for Africa (AIFA). Consacré exclusivement à l’IA et à son impact en Afrique, ce rendez-vous est prévu pour le quatrième trimestre 2024. Il vise à fédérer les décideurs autour de la mise en œuvre concrète de stratégies en intelligence artificielle.


Le site du Cyber Africa Forum : https://www.cyberafricaforum.com/


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