Le média de ceux qui construisent l'Afrique d'aujourd'hui et de demain

La vie Forbes

Madagascar : Naïma Meralli-Ballou Ismaël, Créatrice De La Marque De Chocolat Sambika

Après avoir excellé dans la pâtisserie durant dix ans, la cheffe d’entreprise malgache Naïma Meralli-Ballou Ismaël a créé il y a trois ans la chocolaterie Sambika. Ses confiseries made in Madagascar seront présentées pour la seconde fois à Paris au Salon du chocolat, qui se tiendra du 30 octobre au 4 novembre 2024. Portrait d’une femme qui a fait de la gourmandise une aventure entrepreneuriale.

Par Stéphanie O’Brien


« Enfant, je rêvais d’avoir une fabrique de bonbons et de lait concentré dont je raffolais. Pour moi, c’était le summum de la réussite », se souvient avec amusement Naïma Meralli-Ballou Ismaël. À 37 ans, la cheffe d’entreprise a réalisé son rêve d’enfance et fait de sa passion pour la cuisine une entreprise florissante. Styliste de formation et titulaire d’un master en marketing et management du luxe, elle fait ses armes à Paris et à l’international en travaillant successivement au Vogue India, au Plazza Athénée avec le pâtissier Christophe Michalak, puis chez Paul & Joe, où elle est responsable commerciale Europe. Malgré ce beau début de carrière, Naïma sent qu’elle manque d’opportunités stimulantes. 


Du Stylisme à la Pâtisserie

De retour à Madagascar en 2012, elle est rattrapée par le gène de l’entrepreneuriat. « Mon père a des sociétés de textile et de matériaux de construction et ma mère gère une cartonnerie. Je voulais me lancer dans cette aventure pour valoriser les beaux produits de Madagascar et rendre à cette île ce qu’elle a apporté à ma famille, arrivée d’Inde il y a 100 ans », explique-t-elle. Le défi est de taille pour la jeune femme qui n’avait jamais imaginé que sa passion pour la gastronomie deviendrait un jour une aventure entrepreneuriale. « J’ai toujours aimé cuisiner pour les autres, je tiens ça de ma grand-mère. Je pense que le goût pour la pâtisserie vient du fait que ma famille est originaire du Gujarat [État indien le plus à l’ouest du pays, NDLR]… Là-bas, le repas commence et se termine par le sucré ».

« Je pense que le goût pour la pâtisserie vient du fait que ma famille est originaire du Gujarat… Là-bas, le repas commence et se termine par le sucré ».


Faire Rayonner Madagascar Dans Le Reste du Monde

En 2013, elle ouvre Dité, la première pâtisserie-salon de thé d’inspiration française. L’entreprise se développe rapidement, avec la création d’une deuxième pâtisserie, de deux restaurants, Indian Express et Joe’s, d’un service traiteur et d’un glacier, Scoop. Durant dix ans, la société Dité prospère et se distingue par ses produits haut de gamme. Mais l’inflation ne cesse de faire monter les coûts. « En dix ans, les prix de nos pâtisseries ont quasiment triplé. » Naïma décide alors de se recentrer sur l’activité traiteur, de conserver les deux boutiques Dité et de développer un nouveau projet qui lui tient à cœur : la chocolaterie. « Après Dité, j’avais besoin de me challenger en développant quelque chose qui me permette d’exporter et de faire rayonner Madagascar dans le reste du monde. Notre île est connue pour la finesse de son cacao et tous les grands chocolatiers l’utilisent, mais nous ne le transformons pas ou peu. J’ai créé la marque Sambika pour réparer ce déséquilibre et prouver que nous pouvons confectionner des produits d’excellence à Madagascar », insiste Naïma.

« Nous pouvons confectionner des produits d’excellence à Madagascar »


Labellisé « cacao fin » depuis 2015 par l’International Cocoa Organization, le cacao malgache ne représente que 1 % de la production mondiale et, avant la création de Sambika, l’île ne comptait qu’un seul planteur-chocolatier, la société Robert. Visant toujours l’excellence, Naïma n’utilise que des ingrédients bio et des fèves bio de qualité supérieure provenant de la vallée de la rivière Sambirano, d’où vient le nom Sambika, « bika » signifiant « la forme » en malagasy. L’entrepreneure se fournit auprès de planteurs qu’elle connaît bien, afin de s’assurer de la qualité du séchage et de la fermentation. « Nous obtenons un chocolat single origin, rond en bouche, avec des notes d’agrumes et de fruits rouges qu’on ne retrouve que dans une infime partie de la production mondiale », précise-t-elle.

Avant la création de Sambika, l’île ne comptait qu’un seul planteur-chocolatier, la société Robert.

Comme pour Dité, Naïma se met aux fourneaux et apprend le métier de chocolatière grâce à des formations en ligne. Inspirée par la nature qui l’entoure, elle imagine les combinaisons gourmandes qui seront mises au point et finalisées par la responsable production. Chez Sambika, on met un point d’honneur à sublimer les produits locaux comme la cacahuète, le gingembre, la noix de coco qui vont garnir les tablettes ou les bâtonnets de chocolat.  La chocolaterie Sambika propose également des tablettes pure dark 70 % et 80 % et les gourmands pourront bientôt se régaler d’une confiserie à base de marmelade d’achards de citrons. Tous les produits sont vendus en ligne, ainsi que dans les deux boutiques Dité et à l’aéroport d’Antananarivo, et ils se déclinent aussi en cadeaux d’entreprise.


Voyage Officiel En France En 2023

Grâce à la réputation acquise avec Dité, la cheffe d’entreprise a bénéficié de l’appui du président malgache, Andry Rajoelina, qui la convie à un voyage officiel en France, durant l’été 2023. Quelques mois plus tard, la jeune marque participe au Salon du Chocolat puis au Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l’alimentation (SIRHA) de Lyon, où les premiers produits made in Madagascar de Sambika suscitent un véritable intérêt de la part des connaisseurs et des gourmets. Actuellement, l’export ne représente que 5 % des 500 000 euros de chiffre d’affaires et la seconde participation au Salon du Chocolat représente une vraie opportunité de développer la notoriété de Sambika.


Engagement Social

Portée par les encouragements de ses clients, Naïma est avant tout animée par son désir de transmettre et d’avoir un impact positif sur les communautés locales. Elle a donc fondé la Sambika School afin de permettre aux femmes de développer de nouvelles capacités professionnelles, notamment dans l’industrie du chocolat et la restauration.

« L’entreprise qui emploie une trentaine de personnes (12 à la chocolaterie), majoritairement des femmes, finance la scolarité des enfants ainsi que la vaccination et le suivi médical des employées »

L’entreprise, qui emploie une trentaine de personnes (12 à la chocolaterie), majoritairement des femmes, finance la scolarité des enfants ainsi que la vaccination et le suivi médical des employées. « Si les enfants n’ont pas une scolarité régulière, on va reproduire les mêmes schémas d’échec. Ma plus belle récompense, c’est de voir qu’une personne arrive à sortir de la misère grâce à son travail et qu’elle s’épanouit. Si on y arrive, alors on a tout gagné ». Cet engagement social s’affiche au dos des emballages, avec une photo et une brève présentation de celle qui a confectionné le produit.

Pour la cheffe d’entreprise qui est également mère de trois jeunes enfants, l’humain doit être au cœur de la réussite. « Chez Sambika, tout le monde œuvre pour la même mission : faire rayonner Madagascar dans le monde. Dans dix ans, je souhaite que notre marque se hisse au niveau des grands noms de la chocolaterie, comme Pierre Marcolini ou Jean-Paul Hévin, et que l’on ouvre des boutiques dans les grandes capitales ».


Partager l'article


Ne manquez aucun de nos articles.

Inscrivez-vous et recevez une alerte par email
à chaque article publié sur forbesafrique.com

Bonne lecture !

Profitez de notre abonnement illimité et sans engagement pour 5 euros par mois

√ Accédez à tous les numéros du mensuel Forbes Afrique de l'année grâce à notre liseuse digitale.
√ Bénéficiez de l'accès à l'ensemble des articles du site forbesafrique.com, y compris les articles exclusifs.