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Meta à l’assaut du continent africain

Mark Zuckerberg, PDG de Meta Platforms et cofondateur de Facebook ©DR

À la recherche de nouveaux relais de croissance, la maison mère de Facebook est plus que jamais déterminée à investir sur le continent, où elle multiplie les projets et initiatives. 

Par Miriam Fogoum Siekappen

Dévoilés fin juillet, les derniers résultats trimestriels de Meta (maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp) – en baisse de 36 % par rapport à la même période en 2021 – ont confirmé que la dynamique de croissance du groupe californien était désormais grippée. Dans ces conditions, le leader mondial des réseaux sociaux (plus de 2,9 milliards d’utilisateurs quotidiens) est plus que jamais à la recherche de relais de croissance. Notamment en Afrique, où près d’un quart de la population n’a pas encore accès à l’internet mobile.

Des investissements tous azimuts

Pour parvenir à ses fins, le géant du numérique n’a pas hésité à investir des centaines de millions de dollars dans des projets liés à la connectivité sur le continent au cours des dernières années, le lancement du câble sous-marin 2Africa – financé par Meta avec un consortium d’opérateurs télécoms internationaux – étant l’opération la plus médiatique. En parallèle, via son initiative Internet.org, Meta a multiplié les partenariats avec des opérateurs de téléphonie mobile pour offrir un accès gratuit à la toile dans 17 pays du continent africain : MTN au Bénin et en Guinée-Bissau, Airtel au Rwanda, au Kenya et au Malawi, mais aussi en Tanzanie, au Togo et en République démocratique du Congo… Des efforts qui paient : en nombre d’utilisateurs, Facebook est aujourd’hui le leader des réseaux sociaux en Afrique avec 206 millions d’inscrits, soit près d’un internaute africain sur deux (48.7%) selon l’agence spécialisée tunisienne Medianet. 

Par ailleurs, pour jouer au mieux de son « soft power », Meta a réitéré cette année sa campagne internationale « Made by Africa, Loved by the World », lancée en 2021. Objectif : rendre hommage à la créativité africaine « [en mettant] en valeur les incroyables talents présents sur le continent », explique Kezia Anim-Addo, directrice de la communication à Facebook pour l’Afrique subsaharienne. Le patron de Meta, Mark Zuckerberg, a par ailleurs annoncé en juillet dernier le déploiement prochain de son projet « No Language Left Behind (Ne laisser aucune langue de côté) » grâce aux dernières avancées de l’intelligence artificielle. Une initiative qui devrait permettre de « développer des capacités de traduction automatique de bonne qualité pour les langues à faibles ressources à travers le monde (…) », selon le fondateur de Facebook et, par conséquent, bénéficier à nombre de pays africains (plus de 2000 langues recensées sur le continent).

Des méthodes contestées

Les méthodes du géant numérique n’en restent pas moins contestées. Ainsi, l’offre Free Basics, qui permet au groupe de Mark Zuckerberg de donner un accès gratuit à internet, via sa plateforme, dans 32 pays africains, est vue comme « une stratégie d’expansion agressive » par le PDG – et concurrent – d’Apple, Tim Cook. Plus nuancé, Toussaint Nothias, Directeur de recherche au Digital Civil Society Lab de l’Université de Stanford explique pour sa part que « l’Afrique a une population jeune et croissante et [qu’à ce titre], elle offre des opportunités pour que Meta devienne une porte d’entrée sur internet, via Facebook, WhatsApp, Instagram ou autre ».

La firme américaine est par ailleurs accusée de renforcer la fracture numérique, creusant un peu plus l’écart entre les riches, qui ont un accès illimité à internet, et les autres, qui doivent se contenter de quelques sites auxquels Free Basics donne accès. En Inde par exemple, des activistes ont dénoncé la “cyber-colonisation” de Meta, l’extraction des données personnelles par Facebook étant comparée à celle des ressources naturelles pendant la colonisation. Résultat, l’application Free Basics n’y a pas été autorisée. Auteure de “We Need New Stories : Challenging the Toxic Myths Behind Our Age of Discontent”, la journaliste soudanaiseNesrine Malik estime pour sa part que  « tant que Facebook échappera à toute régulation en Afrique, les bienfaits de la plateforme pour les personnes sans voix seront neutralisés par ceux dont la parole est plus bruyante et plus puissante ».  Une allusion à peine voilée à certains précédents, où le média social américain a parfois été pointé du doigt pour ne pas avoir stoppé (à temps) la diffusion de contenus polémiques.  En mars 2018, la justice ivoirienne avait ainsi condamné à Abidjan un homme de 31 ans pour incitation au meurtre sur le réseau social tandis que plus récemment, en juin 2021, la diffusion sur les réseaux sociaux de la sextape d’une jeune femme au Cameroun, a donné du grain à moudre aux partisans d’une réglementation plus stricte des grandes plateformes numériques telles que Facebook.

57 milliards de dollars d’avantages économiques attendus

Pas de quoi néanmoins arrêter les ambitions de l’américain sur le continent, qui reste son meilleur VRP à l’heure de la transformation numérique. Dans une étude menée pour le compte de Meta et publiée en juillet 2020, le cabinet britannique de conseil spécialisé dans les télécoms et la technologie, Analysys Mason, a estimé que les investissements de la firme californienne dans les infrastructures et la connectivité en Afrique pourraient se traduire par 57 milliards de dollars d’avantages économiques induits jusqu’en 2024 pour le continent.

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