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Ô CANADA !  TOUT N’EST PAS PERDU

Steve Forbes

Le Canada mène depuis longtemps une politique plus à gauche que celle adoptée par son voisin du sud. Prenons ainsi son système de santé : un modèle « socialisé » et rigide,  qui ne laisse guère de marge pour le secteur privé. Mais la situation pourrait bien changer – au moins dans une certaine mesure. Lors des récentes élections organisées au Québec, deuxième province la plus peuplée du Canada, le Parti libéral, qui revendique le plus grand nombre d’années au pouvoir, a été mis en déroute non par le Parti québécois, parti indépendantiste et traditionnel fer de lance de l’opposition, mais par Coalition avenir Québec (CAQ), la nouvelle plate-forme de centre droit. Contrairement aux deux partis historiques qui affichent une certaine appétence pour le matraquage fiscal, le CAQ porte un regard sceptique sur le projet de taxe fédérale sur le carbone et se montre résolu à amorcer une déréglementation. Il pourrait même donner un coup de rabot aux taxes. (Point noir de cette élection : Québec solidaire, un parti de la gauche radicale, a recueilli 16 % des voix.) L’été dernier, les électeurs de l’Ontario, la plus vaste province du pays, ont provoqué un séisme en éjectant, à une écrasante majorité, un gouvernement de « gauche » pour élire un gouvernement conservateur qui avait fait campagne contre le subventionnement des sources d’énergie alternatives. Malheureusement pour le gouvernement sortant, aux penchants dilapidateurs, éoliennes et panneaux solaires ne sont pas donnés. Les candidats conservateurs ont exploité la colère des consommateurs, exaspérés par la hausse de la facture d’électricité, qui a bondi de plus de 70 %. Il va sans dire que le nouveau gouvernement provincial a opposé une fin de non-recevoir au projet de taxe sur le carbone porté par le Premier ministre du pays, Justin Trudeau. Les conservateurs prévoient par ailleurs de revenir sur un projet visant le  salaire minimum – le type de programme poussé par des magnats de la Silicon Valley, tels que Mark Zuckerberg, qui devraient faire preuve d’un peu plus de discernement. La gauche est également en perte de vitesse dans plusieurs autres provinces. Certes, le Canada reste à des années-lumière de marcher dans les traces de la Suisse ou de Singapour, j’en veux pour preuve l’élection du taxomane Justin Trudeau. Mais certains signes laissent entrevoir l’amorce d’une évolution salutaire.

Antivapotage : une hystérie toxique

N’obéissant à aucune logique, autorités médicales et militants anticigarette ont engagé les hostilités contre la cigarette électronique. Pour des millions de personnes, il s’agit pourtant du seul remède efficace contre la cigarette. Les consommateurs savourent le plaisir procuré  par la nicotine sans inhaler les substances contenues dans la cigarette et le goudron,  qui eux sont véritablement nocifs. Qu’ont  donc fumé ces prohibitionnistes insensés ? Aux États-Unis, la FDA – l’agence du médicament – et autres bileux s’inquiètent du fait que le vapotage chez les adolescents atteigne des proportions « épidémiques », oubliant que, sans celui-ci, nombre de ces jeunes s’adonneraient aujourd’hui à la cigarette et/ou à la boisson. Toujours est-il que les autorités de réglementation fédérales  menacent à présent de prendre des mesures drastiques pour interdire le vapotage ou restreindre sensiblement sa disponibilité.

Les États-Unis ne font pas figure d’exception. En Australie par exemple, la cigarette électronique est interdite dans les lieux publics. Malheur au vapoteur étranger peu averti ! Il est impossible de se fournir en liquides nicotinés dans les États ou territoires du pays. Les nations qui luttent contre le tabagisme devraient prendre le contre-pied de cette ligne et suivre l’exemple de la GrandeBretagne. Étonnamment, alors que l’hystérie se répand partout ailleurs, le législateur britannique a donné le feu vert au vapotage. Résultat : la verte Albion arrive au deuxième rang des pays européens où l’on fume le moins.

Disparition d’un pionnier de la chirurgie

Le monde a perdu un thérapeute, un esprit visionnaire, un homme d’affaires et entrepreneur de grand renom, et la famille Forbes pleure un ami très cher avec la récente disparition du docteur Richard Rothman,  à l’âge de 81 ans. Le docteur Rothman était  un chirurgien accompli qui, au cours de  ses cinquante ans de carrière, transforma  de manière spectaculaire la prise en  charge médicale des patients souffrant  de dégradation articulaire. Lorsqu’il commença à se spécialiser dans la restauration des articulations, les patients atteints d’une affection de la hanche se  voyaient offrir, en tout et pour tout, deux solutions inacceptables : s’équiper d’un déambulateur ou passer sur la table d’opération, avec des résultats mitigés. Le docteur Rothman fut un précurseur de l’arthroplastie moderne et inventa notamment un système de prothèse totale de hanche qui figure aujourd’hui parmi les plus avancés  et les plus utilisés dans le monde. À partir d’une équipe de quatre collaborateurs et d’un unique bureau en 1970, le docteur Rothman a bâti un empire médical, le Rothman Orthopaedic Institute, qui compte aujourd’hui quelque 200 médecins (dont mon gendre, le docteur John Anderson) répartis sur près de 40 sites. Fervent défenseur d’une approche médicale axée autour du malade, le docteur Rothman estimait que l’ouverture de plusieurs antennes médicales permettrait aux patients de recevoir leurs soins plus rapidement, sans devoir venir jusqu’à lui. Le Rothman Orthopaedic Institute se trouve au premier plan de la recherche orthopédique mondiale. Le centre est également réputé pour sa palette de programmes de spécialisation en chirurgie orthopédique et reçoit chaque année des milliers de demandes de chercheurs. Il s’agit aussi du deuxième groupe orthopédique en nombre de subventions accordées par le National Institutes of Health, le centre américain de recherche biomédicale. L’institut engrange un chiffre d’affaires annuel qui dépasse le demi-milliard de dollars, mais l’argent n’a jamais été le moteur de son fondateur. Le docteur Rothman aspirait à ce que les patients bénéficient de soins médicaux de pointe – mais accessibles –, efficaces et délivrés avec bienveillance. Peu sont parvenus mieux que lui à servir ces nobles causes. Jusqu’à son récent retrait de la vie active, le docteur Rothman officiait encore au bloc deux jours par semaine, en plus d’honorer un programme chargé comprenant l’encadrement de jeunes praticiens, la participation à divers conseils d’administration et même l’enseignement à des étudiants en médecine en Chine. S’il estime avoir personnellement posé plus de 50 000 prothèses totales du genou et de la hanche, les interventions chirurgicales réussies grâce à ses années de dévouement à  sa profession sont bien plus nombreuses. Son héritage lui survivra, car la relève est assurée par l’équipe chevronnée qu’il a mise en place, dont le PDG de l’institut Mike West et son président Alexander Vaccaro, également médecin. La disparition du docteur Rothman représente une perte immense pour sa famille, ses amis, ses confrères et pour les nombreux patients qu’il a accompagnés. Son parcours prolifique demeurera pour tous une source d’inspiration et de reconnaissance.

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