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Comment asseoir la puissance de l’euro ?

Steve Forbes

Cette année, nous célébrons  le 20e anniversaire de l’euro,  mais l’événement n’a guère  été célébré en grande pompe.  L’Union européenne a traversé depuis 2008 crise économique  sur crise économique, qui ont  fini par ternir tout le lustre  de la nouvelle monnaie.

C’est bien dommage. Si les Européens avaient assimilé les principes cardinaux de la politique monétaire, l’euro aurait connu un franc succès et servi les pays de l’eurozone de la même manière que le dollar a servi les États-Unis, en étant une monnaie commune qui dynamise l’investissement et le commerce, et favorise la prospérité économique. Mais cette formidable invention a pâti de profondes mécompréhensions qui pourraient,  à terme, mettre en péril son existence même.
Nombre de ses détracteurs pestent de ce que l’euro a ôté toute possibilité à la Grèce, au Portugal, à l’Espagne, à l’Irlande et à d’autres pays de recourir à la dévaluation pour se remettre de sévères replis économiques. D’autres encore critiquent le fait que grâce à l’euro, l’Allemagne a empoché un excédent commercial toujours plus substantiel sans craindre de devoir réévaluer sa monnaie, comme cela aurait été le cas auparavant. L’attaque la plus virulente : l’euro serait voué à  l’échec, à moins que l’Union européenne n’instaure une réglementation financière et bancaire unifiée, ainsi qu’un système fiscal et budgétaire unifié.
Ces analyses, comme d’autres théories pessimistes, sont dépourvues de bon sens :
• Prospérité. L’euro a, à n’en pas douter, simplifié la circulation transfrontalière des capitaux, diminuant ainsi le coût des commissions de change pour chaque monnaie et prémunissant l’Europe contre les fluctuations entre ses monnaies. Cela dit, les résultats économiques de l’Europe, désespérément inférieurs à la moyenne, n’ont pas connu le redoux attendu du fait de dysfonctionnements structurels : une fiscalité et une réglementation excessives, notamment les règles inflexibles du droit du travail. Lorsque l’Allemagne a réformé le marché de l’emploi et les retraites  au début des années 2000, la situation économique du pays a marqué une nette amélioration.
• L’euro est un carcan étouffant. L’un des plus dangereux mythes qui accablent aujourd’hui l’élaboration des politiques veut que la dévaluation soit une formule magique, qui donnerait de l’allant à une économie chancelante. Selon cette faribole, le prix des exportations diminuerait ainsi en un clin d’œil, ce qui stimulerait les ventes réalisées à l’étranger. À doper la masse monétaire, on vitaliserait l’activité. Mais dans les faits, aucun État n’a connu de regain de dynamisme et de prospérité en dévaluant sa monnaie. Une monnaie instable met à mal l’investissement productif. Pire, elle détourne le flux de capitaux. N’oublions pas que c’est la dépréciation du dollar qui a engendré la bulle immobilière.
Malgré cela, une flopée d’économistes déplore que des pays tels que la Grèce et l’Italie ne puissent dévaluer leur monnaie. Estimons-nous heureux qu’il en soit ainsi. Dans le cas contraire, la Grèce serait aujourd’hui le Venezuela de l’Europe et la valeur de la lire italienne, à l’image de celle du peso argentin, fondrait comme neige au soleil. (L’État de l’Illinois se trouve aujourd’hui au bord du gouffre financier, mais personne ne songe à sortir l’État de la «zone du dollar US» pour apaiser ses tourments.)
• L’euro est voué à l’échec s’il n’est pas adossé à un unique cadre réglementaire, fiscal et budgétaire paneuropéen. Balivernes. Un pays peut avoir recours à la monnaie de son choix. Le Panama, L’Équateur, le Salvador et le Timor-Oriental utilisent directement le dollar américain. Au Costa Rica comme dans d’autres pays, le dollar est utilisé concurremment à la monnaie nationale. L’euro a cours à Monaco et au Vatican. De nombreuses nations ont recours à une caisse d’émission pour arrimer leur devise à une monnaie forte, telle que le dollar ou l’euro. (Avec le système de la caisse d’émission, la couverture de la monnaie locale est assurée à 100%, par le dollar par exemple.) Hong Kong procède ainsi avec le billet vert depuis le début des années 1980. La Bulgarie a pris  le même pli avec l’euro pendant  plus de vingt ans. Et plusieurs  pays d’Afrique sont chevillés à  la monnaie européenne.
Il va sans dire que dans aucun de ces cas de figure les dotations, les taxes, les dépenses publiques et la réglementation financière ne sont harmonisées avec celles des ÉtatsUnis ou de l’Union européenne.
• L’euro court droit au naufrage, car il impose à l’Allemagne de renflouer des paniers percés tels que la Grèce. Faux. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et ce ne sera pas le cas dans le futur. Dans les années 1970, Washington a refusé de tirer d’embarras la ville de New York, qui se trouvait au bord de la faillite, quand bien même les deux cités avaient une monnaie en commun.
L’euro pourrait s’en sortir si les pouvoirs publics prenaient à cœur les vérités fondamentales suivantes, qui sont aujourd’hui passées de mode :
• L’argent n’est pas un instrument destiné à assurer la direction de l’économie d’un pays. Il n’est pas comparable au volant d’une voiture. À tenter de pervertir de la sorte son usage, on en vient à freiner le progrès économique. Les pays forts d’une monnaie stable et fiable s’en sortent toujours mieux que ceux dont la monnaie est affaiblie. C’est imparable.
Trop souvent, les Banques centrales américaine et européenne ont tenté de s’appuyer sur la politique monétaire pour surmonter les obstacles structurels à la croissance.
• L’argent permet de mesurer la valeur, de la même manière qu’une montre mesure le temps qui passe. Il donne de meilleurs résultats lorsque sa valeur est arrêtée, de la même manière que les marchés sont plus efficaces avec un système de poids et mesures fixes.
• Pour assurer la stabilité et la fiabilité d’une monnaie, il n’y a rien de mieux que de rattacher la valeur de cette dernière à un poids fixe d’or. Contrairement aux idées reçues, cette mesure ne restreint pas l’ampleur d’une économie. Pas plus que le fait qu’un pied comporte douze pouces ne restreint la taille d’un immeuble qu’un entrepreneur souhaiterait édifier. Quatre mille ans d’histoire ont prouvé que la solution réside dans l’adoption d’un étalon-or.
Le Nobel d’économie Robert Mundell, considéré comme le père de l’euro, estimait que sa création donnerait naissance à une Europe plus forte et plus prospère, s’imposerait comme alternative au dollar à l’échelle mondiale, et contraindrait les organismes de contrôle des deux monnaies à mener une politique monétaire saine. Jamais il ne se serait douté que les deux monnaies demeureraient prisonnières d’une logique de monnaie de singe.

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