Convaincue que l’amélioration des performances des organisations passe par les compétences comportementales et interrelationnelles des individus, Patricia Sennequier a créé Beautiful Soul, société de conseil spécialisée dans le changement organisationnel et le développement du capital humain. Basée à Dakar, celle-ci rayonne aujourd’hui dans toute l’Afrique et au-delà. Portrait d’une coach et facilitatrice en intelligence collective, qui place sa foi en l’être humain.

^{Par Dani Kianimi}

« Elle a déjà accompagné 250 organisations et plus de 10 000 individus, dans 15 pays »

À la tête d’une équipe multiculturelle d’une vingtaine de personnes, dont plusieurs coachs professionnels, Patricia Sennequier met à profit ce qu’elle considère comme sa plus grande compétence, l’empathie, afin d’accompagner et améliorer le fonctionnement des organisations. Selon elle, les résultats, voire l’avenir de ces structures, dépendent de leur capacité à s’adapter aux mutations sociétales. De fait, les échecs liés aux processus de conduite du changement sont, à près de 80 %, liés à une raison que nous expose la fondatrice de Beautiful Soul : « Le plus souvent, on se focalise sur la stratégie, les systèmes, les procédures et l’on oublie le collaborateur, le salarié, le cadre – et donc l’humain – au cœur de ce changement ».

Beautiful Soul, un accélérateur de performance

« Notre société moderne a surévalué la logique, la rationalité, les études, etc. Il est nécessaire, aujourd’hui, de redonner de l’importance à nos valeurs et aux comportements qui les font vivre »

Souriante, solaire et curieuse de l’autre, Patricia Sennequier, la cinquantaine, a fait le choix de mettre ses compétences au service de la co-construction de communautés de vie et de travail, socles d’un monde plus inclusif, égalitaire, éthique, écologique et heureux. Pour faire face aux enjeux de demain, dans une société en perpétuelle accélération, les projets de transformation des organisations qu’elle mène avec son équipe allient humanité et efficacité. « Ils se situent dans une perspective de responsabilité, de reconnaissance et de redevabilité », comme elle le souligne. Et d’ajouter : « Notre société moderne a surévalué la logique, la rationalité, les études, etc. Il est nécessaire, aujourd’hui, de redonner de l’importance à nos valeurs et aux comportements qui les font vivre ».

De fait, en activant nos énergies positives, tant au niveau individuel que collectif, c’est le meilleur de nous-mêmes que nous pouvons incarner, pour nous-mêmes et pour un monde meilleur. C’est dans cette perspective qu’elle accompagne les organisations (ONG, entreprises, administrations) afin de faire émerger leurs forces et leurs valeurs et de capitaliser sur l’humain en tant que catalyseur d’une performance collective exceptionnelle. Mais, précise-t-elle, « le préalable est que les dirigeants portent en eux cette ambition et cette volonté forte d’évoluer en tant qu’être ».

Le métissage culturel, à la source de tout

« Je porte en moi plusieurs cultures, beaucoup de ponts, et suis issue d’une famille dont les membres ont toujours été au service d’autrui. Cela me permet de pouvoir aider les personnes et les organisations à traverser leurs transitions. Je suis une passeuse »

La philosophie de Beautiful Soul trouve sa source dans le parcours personnel et professionnel de sa fondatrice. Le souci de l’autre, la diversité, la richesse du métissage sont en effet des concepts que Patricia Sennequier porte en elle, dans sa chair et dans son âme. 

Née en France d’un père centrafricain et d’une mère d’origine capverdienne née au Sénégal, elle a été élevée à Dakar, avant de s’envoler vers la France, pour effectuer ses études supérieures post-bac. « Je porte en moi plusieurs cultures, beaucoup de ponts, et suis issue d’une famille dont les membres ont toujours été au service d’autrui. Cela me permet de pouvoir aider les personnes et les organisations à traverser leurs transitions. Je suis une passeuse. »

Bon sang ne saurait mentir : à l’instar de sa mère, professeure en médecine interne, qui est sa plus grande inspiratrice (elle a dirigé le Comité médical de l’un des hôpitaux publics les plus connus du Sénégal et a formé un grand nombre de professeurs agrégés en médecine dans ce pays), Patricia Sennequier a la transmission chevillée au corps : à titre d’exemple, elle a, entre autres, accompagné avec Beautiful Soul le premier service d’oncologie pédiatrique au Sénégal, transformé aujourd’hui en un institut qui forme les Africains dans ce domaine. Un bel exemple des valeurs qu’elle incarne.

Retour sur les débuts d’une riche carrière internationale 

Celle qui privilégie l’humain aux chiffres purs a commencé à travailler formellement avec des organisations et des entreprises au Sénégal après avoir été mise en contact avec le regretté Gabriel Fal, premier entrepreneur à avoir créé une société de gestion d’actifs au Sénégal, et par ailleurs cofondateur et ancien président de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). « Une des personnes que je formais siégeait au conseil d’administration de l’entreprise de Gabriel Fal. Elle lui a parlé de moi. Gabriel m’a dit : “Viens accompagner CGF Bourse dans sa transition”. C’est de là que nous avons commencé à travailler avec des organisations plus traditionnelles ».

Mais avant de créer Beautiful Soul, Patricia Sennequier a mené une riche carrière internationale. Titulaire d’un master en sciences et techniques comptables et financières (MSTCF) de l’université Paris-Dauphine, elle débute au sein du département « Expertise-comptable » de PricewaterhouseCoopers (PwC) en France. Très vite consciente que ce travail lui apportera peu d’épanouissement, elle quitte cependant le cabinet d’audit. Suivront neuf mois de disette, où parfois, dit-elle, « il me manquait 10 ou 20 centimes pour acheter une demi-baguette de pain ». Cette période, explique-t-elle aujourd’hui, lui a néanmoins permis de se connecter profondément à ses ressources intérieures : « C’est l’année où j’ai fait l’effort de regarder à l’intérieur de moi. J’ai découvert la confiance en l’univers (je trouvais toujours les 10 ou 20 centimes), en moi, et cela a ouvert ensuite plusieurs portes ».  

La première porte qui s’ouvre est celle de la multinationale Oracle, où Patricia Sennequier progresse vite et occupe plusieurs postes, au moment où le groupe technologique est en pleine transition, passant d’éditeur de bases de données à éditeur d’applications. Puis elle est nommée directrice des ventes et du marketing d’Oracle Afrique de l’Ouest et du centre, rattachée à Genève. 

D’intrapreneure à entrepreneure

Par la suite, et par amour pour sa « meilleure moitié », Patricia Sennequier quitte Oracle et rejoint son époux à Strasbourg. Elle décroche un Certificat à l’entrepreneuriat de l’ESCP Business School et, forte de son expérience acquise chez Oracle, elle crée Setup Partners, société dont l’objectif est d’accompagner les entrepreneurs désireux de s’installer en Afrique. Son client principal est AppsTech, société dirigée par la Camerounaise Rebecca Enonchong, figure reconnue de la tech en Afrique. « À l’époque, AppsTech était basée principalement aux États-Unis. J’accompagnais son développement en France et en Afrique », explique-t-elle. Simultanément, Setup Partners travaille également sur le business plan de ce qui deviendra l’hôtel Radisson Blu de Dakar. Trois ans plus tard, alors que sa société connaît des difficultés à la suite de la crise des dotcoms, Patricia Sennequier décide finalement de retourner aux études : elle obtient un MBA à l’Institut européen d’administration des affaires (INSEAD), avant d’être recrutée par le Centre du commerce international (CCI) à Genève, une agence conjointe de l’Organisation mondiale du commerce et de l’Organisation des Nations unies. Elle y occupe de hautes fonctions à responsabilité, en tant que point focal chargé des pays de l’Afrique australe. Elle est aussi impliquée au premier chef dans le projet de transformation de cette organisation. 

Le saut de l’ange 

Reste un écueil, lié à sa vie privée : tout au long de ce parcours, Patricia Sennequier est en effet confrontée à la difficulté de tomber enceinte. Aussi prend-elle, contre l’avis de ses collègues et de ses proches, la décision radicale de quitter son poste à l’ONU (et des perspectives d’évolution alléchantes) afin de rejoindre son mari, alors Business Development & Planning Manager pour une multinationale à Dubaï. Deux mois plus tard, la bonne nouvelle tombe : elle attend un enfant. Dans une période de parfaite plénitude, la jeune femme donne ainsi naissance à une petite fille et, pendant deux ans et demi, fait le choix de se consacrer entièrement à sa famille. 

En 2010, elle relance sa carrière : cette fois, elle accompagne des entrepreneurs sociaux, via notamment un séminaire organisé à Paris. « On ne travaillait pas sur leur business, mais sur eux. J’avais compris que pour faire vivre une transition à une organisation, il faut que le leader de celle-ci effectue d’abord lui-même une démarche de transition ».  

Trois ans plus tard, au Sénégal, cette série d’accompagnements se transformera en une démarche plus formelle, plus aboutie, plus conforme à ce qu’elle a toujours été : une « passeuse ». Sa société de conseil, Beautiful Soul, voit ainsi le jour en 2013 au Sénégal. Dix ans plus tard, le bilan est éloquent : elle a déjà accompagné 250 organisations et plus de 10 000 individus, dans 15 pays, avec un taux de satisfaction client de l’ordre de 80 à 90 % et un taux de recommandation de 90 à 99 %. 

Ce succès, Patricia le doit à sa détermination, à sa vision et à sa capacité à s’être entourée d’une équipe experte, engagée, riche de sa diversité et de son multiculturalisme. Elle le doit aussi à une conviction : le changement ne s’impose pas, il doit être inspiré par un leader qui l’incarne et émaner des forces vives de l’organisation pour rayonner dans toute la société.

Des méthodes participatives et inclusives 

Elle est devenue en 2021 la première coach basée en Afrique à être lauréate de l’International Coaching Award décerné par l’EMCC 

Si Patricia Sennequier appelle de ses vœux des transformations sociétales, c’est au prisme de méthodes participatives et inclusives qu’elle les voit : selon elle, celles-ci sont les seules susceptibles de mettre en valeur la richesse de la diversité humaine. C’est pour cette raison qu’elle s’est formée à leurs techniques : certifiée comme praticienne senior en coaching par l’European Mentoring & Coaching Council (EMCC), elle est devenue en 2021 la première coach basée en Afrique à être lauréate de l’« International Coaching Award » décerné par l’EMCC. La même année, elle lance la plateforme Naaw, consacrée au développement professionnel et personnel des femmes. À ce jour, explique-t-elle, 3 000 inscriptions ont déjà été enregistrées sur la plateforme. 

Sa boîte à outils ? Des sessions de coaching (individuel et collectif), des formations sur la conduite du changement, sur les compétences comportementales (management des hommes, communication, gestion des conflits, leadership), de l’accompagnement en ligne… et toujours cette volonté de transmission, puisque Beautiful Soul propose une gamme complète de programmes de certifications au coaching accrédités par EQA (European Quality Standards) et par l’European Mentoring and Coaching Council (Conseil européen du coaching, du mentorat et de la supervision – EMCC).

Partir de l’humain pour aller vers l’humain 

Aujourd’hui, Patricia continue à prôner sans relâche des valeurs qui partent de l’humain pour aller vers l’humain. Des valeurs qu’elle et son équipe dynamique et créative s’attachent à incarner chaque jour pour eux-mêmes. 

Conférencière internationale reconnue, l’executive woman au cœur d’or parcourt le monde pour témoigner de la force de cette démarche, pour partager son expérience, son expertise, sa vision, ses convictions, sa quête : « La quête est un voyage qui mobilise tous les sens. Elle se connecte au cœur dont la vibration, cinq mille fois plus puissante que celle du cerveau, nous met en mouvement ». Car c’est le cœur, elle en est persuadée, qui transformera le monde et lui permettra de faire face à ses enjeux.

« Le changement ne s’impose pas, il doit être inspiré par un leader qui l’incarne et émaner des forces vives de l’organisation pour rayonner dans toute la société »