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Rendez-vous insolite à Eséka

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Eséka est une petite localité de la région du Centre du Cameroun. Elle a été marquée en 2016 par un tragique accident de train qui a causé la mort de plusieurs dizaines de personne. Après avoir porté le deuil, la ville a redressé la tête faisant preuve de résilience et de vitalité. Un exemple de la vitalité retrouvée de la commune d’Eséka est l’organisation du 8 au 13 avril 2019 de la 6ème édition festival de Bogso Eséka (FIBE) qui a la particularité, cette année, de s’accompagner d’un forum économique. Création de richesses, financement de projets des PME et des artisans, innovation digitale, médias interactifs et réseaux sociaux. Tels sont quelques-unes des thématiques qui seront débattues au cours de ce forum inédit, loin de Douala et Yaoundé. Forbes Afrique a rencontré Michèle Essam, directrice de Culture FM, la radio locale qui organise le Forum Economique. Elle nous explique la particularité du rendez-vous d’Eséka.

Forbes Afrique : Qu’est-ce qui vous a poussé à organiser un évènement tel que celui-ci à Eséka, une ville régionale, hors de la capitale économique et de la capitale politique, une ville encore meurtrie par l’accident de train qui a causé plusieurs dizaines de victimes ?

Michèle Essam : Le Forum économique n’est pas un évènement isolé, c’est une articulation du FIBE 2019 (Festival International Bogso Eseka). Je suis toujours surprise quand on me pose la question de savoir pourquoi Eséka. Et ma réponse spontanée est pourquoi pas Eséka?

Eséka est comme vous le dites une ville régionale, qui a un atout majeur, celui d’être géographiquement située entre la capitale économique et la capitale politique du Cameroun. Ceux qui ont le flair des affaires comprennent que c’est une position stratégique tout comme le marché de Boumnyebel pour les voyageurs qui partent de Yaoundé pour Douala.

Un Forum Economique à Eseka? Les anglais disent Disruptive innovation. C’est une idée innovante qui va certainement changer un paradigme et nous donne une position de pionniers. Le même événement à Yaoundé ou Douala serait noyé dans le bruit et n’aurait pas eu la même ampleur. Pour ceux qui connaissent le langage de l’argent, quand il y a des catastrophes, ils pensent reconstruction, ils s’activent dans la quête des opportunités, et ils pensent investissements. Warren Buffet est un excellent exemple…

Enfin le Fibe (Festival International Bogso Eseka) qui abrite ce Forum économique a pour thème “Mémoire et Patrimoine”, Eséka représente mieux que plusieurs autres villes la mémoire et le patrimoine réels du Cameroun.

Qu’attendez-vous du Forum économique? Quels sont les acteurs économiques que vous avez ciblé?

 Nous attendons des enseignements adaptés à notre contexte suivis d’actions concrètes. C’est une plateforme qui va être témoin des mutations culturelles en facilitant la marche vers la création et la conservation de notre patrimoine matériel. Nous allons instruire sur un paradigme autre que celui en vigueur dans son approche de la problématique centrale que constitue la réussite économique et sociale à laquelle la jeunesse aspire ; Il s’agit de faire comprendre aux jeunes que la réussite économique et sociale individuelle ne passe pas nécessairement par l’obtention d’un matricule de la fonction publique ,mais aussi et surtout , dans le contexte socio- économique d’aujourd’hui en pleine mutation , par la maîtrise d’outils économiques et manageriaux simples dont la mise en fonction au quotidien par ces populations est efficace pour sortir de la précarité financière.

Vous insistez sur l’idée de comprendre comment faire de l’argent. En Afrique francophone, il y a un certain complexe, un certain tabou à parler ouvertement d’argent. Comment ce Forum compte-t-il aborder une telle question?

Les conférences, tables rondes et ateliers viendront en appoint et contrepoint de ce forum économique orienté volontairement sur la doxa et les pratiques libérales actuelles, d’acquisition et de consolidation de l’argent ; celui-ci, vécu comme du Patrimoine.

La question du patrimoine matériel est en effet taboue dans nos sociétés mais dans le monde capitaliste où nous évoluons avec les nouvelles technologies d’information et la finance qui prend un visage de plus en plus sophistiqué, il devient suicidaire de ne pas enseigner aux nôtres, le langage de l’argent.

 Bien leur expliquer que l’esprit d’entreprise, le goût de l’initiative, l’appât du gain n’ont en soi rien de honteux. l’argent n’est ni moral ni immoral. Nous pensons que l’argent est juste quand il est gagné par le labeur, l’intelligence et l’audace.

 Dans nos sociétés africaines post coloniales le constat est clair, la précarité financière fait partie de notre patrimoine materiel et si nous n’apprenons pas à créer des richesses nous allons transmettre ce patrimoine négatif aux générations futures.

Vous avez créé à Eséka, une radio FM qui apparemment marche très bien. Racontez-nous cette surprenante histoire.

Petit rectificatif, je n’ai pas créé une radio à Eséka, j’y ai trouvé une structure moribonde que j’ai transformé dans les règles de l’art en Entreprise prospère et admirable. Les objectifs de la radio Culture FM 99.8 sont les suivants : Promouvoir à partir d’Eséka, un média culturel “panafricain” qui pose un regard alternatif sur l’imaginaire de la Culture Africaine traditionnelle et populaire ; Promouvoir un média de référence et d’influence sur les transformations et les mutations sociales en Afrique ; Soutenir et accompagner l’action du Théâtre Forum qu’est le FIBE.

J’en profite ici pour dire merci à tous les annonceurs et partenaires qui continuent de nous faire confiance.

Comment allez-vous pouvoir régler les problèmes de logistique dans cette ville régionale?

La 6ème édition du Fibe 2019 aura le privilège de s’installer dans les tous nouveaux bâtiments de l’un de nos partenaires Institutionnels, la Mairie d’Eséka qui abritera toutes les conférences, tables rondes et ateliers. Les festivités scéniques se dérouleront en plein air sur les beaux parvis de l’hôtel de ville. Les capacités d’hébergement sont bien au-delà des besoins des festivaliers et si nous avons des surprises de dernière minute, le génie logistique du FIBE s’exprimera au plus haut point. Ne dit-on pas que impossible n’est pas Camerounais? (rires). Et j’ajoute ce mot de Mark Twain : “Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”…

 

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