Président du groupe StartStone, une holding diversifiée basée aux Émirats arabes unis, l’entrepreneur Serge Pereira, qui est né au Congo-Brazzaville, pilote des projets audacieux dans une Afrique en pleine mutation. Porté par une ambition sans frontières, il opère dans des secteurs stratégiques : immobilier, distribution alimentaire & automobile, ou encore énergie, un secteur où il développe actuellement un projet hydroélectrique d’envergure sur le fleuve Congo.
Propos recueillis par Patrick Ndungidi
Forbes Afrique : StartStone Group a été Fondé en 2001. Quelles Sont Aujourd’hui Ses Activités ?
Serge Pereira : StartStone Group a été fondé en 2001. Il regroupe aujourd’hui une dizaine d’entreprises et opère dans une dizaine de pays africains. Nous intervenons dans des secteurs variés tels que l’hôtellerie, l’immobilier, le BTP et, plus récemment, les télécoms, avec la distribution de fibre optique. Parmi nos partenariats stratégiques, nous collaborons avec META pour la distribution de données en Afrique et développons également des projets ambitieux dans le secteur de l’énergie. Avec un chiffre d’affaires avoisinant les 2 milliards d’euros et un pipeline de projets estimé à 3 milliards d’euros, nous sommes une entreprise en pleine croissance. Le groupe emploie environ 1 500 collaborateurs, tous engagés dans notre vision de l’avenir.
« Avec un chiffre d’affaires avoisinant les 2 milliards d’euros et un pipeline de projets estimé à 3 milliards d’euros, nous sommes une entreprise en pleine croissance »



Vous Développez Actuellement à Brazzaville un Projet Phare, Baptisé Riverside. En Quoi Consiste-t-il ?
S.P. : StartStone développe actuellement un projet ambitieux, Riverside, qui consiste en un vaste aménagement sur les berges du fleuve Congo, à Brazzaville. Ce projet de remblai, s’étendant sur une cinquantaine d’hectares, donnera vie à un tout nouveau quartier en plein cœur de la ville. Un défi de taille, particulièrement sur le plan des infrastructures, puisqu’il implique l’acheminement de l’eau et de l’énergie. L’objectif est de créer un espace urbain moderne et attractif, qui valorisera le cadre exceptionnel du fleuve tout en répondant aux besoins croissants de Brazzaville en matière de développement immobilier et économique.
« StartStone développe actuellement un projet ambitieux, Riverside, qui consiste en un vaste aménagement sur les berges du fleuve Congo, à Brazzaville »


Projet Riverside, Congo Brazzaville

Quelles Sont Vos Ambitions Pour le Secteur de l’Immobilier, de l’Hôtellerie et de la Distribution ?
S.P. : Le groupe a récemment acquis plusieurs marques dans des secteurs clés tels que la distribution, le sport et l’alimentaire, tout en concluant des accords majeurs pour distribuer des véhicules électriques chinois dès l’année prochaine. Cette initiative s’inscrit dans notre objectif de renforcer notre présence industrielle, en complément de notre expertise historique dans la distribution de grandes marques automobiles comme Toyota. En diversifiant notre portefeuille, nous aspirons à explorer de nouvelles opportunités dans le secteur automobile, tout en consolidant notre position de leader et d’innovateur dans des industries en constante évolution.
« Le groupe a récemment acquis plusieurs marques dans des secteurs clés tels que la distribution, le sport et l’alimentaire, tout en concluant des accords majeurs pour distribuer des véhicules électriques chinois dès l’année prochaine »


La Production Locale de Véhicules Est-Elle Exclue ?
S.P. : La stratégie de StartStone repose sur une diversification ambitieuse de nos activités, tout en anticipant les défis majeurs, notamment dans le domaine de l’énergie. À terme, la production locale de véhicules représente une ambition de taille, mais plusieurs obstacles restent à surmonter avant de concrétiser cette vision. L’un des principaux défis est l’accès à une énergie stable, essentielle pour le développement d’industries lourdes telles que l’assemblage automobile.

Vous Développez Justement Des Initiatives Dans l’Énergie. Pouvez-Vous Nous En Dire Plus ?
S.P. : Le secteur énergétique représente aujourd’hui une opportunité majeure pour l’Afrique. Avec près de 650 millions de personnes encore privées d’accès à l’électricité, le développement économique du continent est fortement entravé. Sans une énergie fiable, l’industrialisation demeure un défi, et il devient difficile d’assurer des conditions de vie optimales dans des secteurs essentiels comme la santé et l’éducation.
Nous menons actuellement un projet hydroélectrique ambitieux sur le fleuve Congo, destiné à fournir de l’électricité tant au Congo-Brazzaville qu’à la République démocratique du Congo. L’intégration régionale dans le secteur énergétique constitue un enjeu majeur, en particulier face aux disparités démographiques et économiques entre les pays riverains. Par exemple, le Congo-Brazzaville, qui compte environ 5 millions d’habitants, partage le fleuve Congo avec la République démocratique du Congo, qui enregistre plus de 100 millions d’habitants. Ainsi, bien que le marché intérieur de la République du Congo soit relativement restreint, ce pays dispose d’un potentiel énergétique exceptionnel : ce projet lui ouvre des perspectives uniques de distribution vers un voisin aux besoins énergétiques considérables, contribuant ainsi au développement régional.
« Nous menons actuellement un projet hydroélectrique ambitieux sur le fleuve Congo, destiné à fournir de l’électricité tant au Congo-Brazzaville qu’à la République Démocratique du Congo »

Quels Sont Vos Objectifs Dans Ce Secteur ?
S. P. : L’objectif est de jouer un rôle clé dans le développement de l’intégration régionale en matière énergétique, en soutenant des initiatives telles que les zones économiques spéciales et l’industrialisation de secteurs stratégiques comme l’agriculture et la transformation. L’accès à une énergie fiable et abordable est essentiel pour stimuler ces domaines stratégiques et favoriser une croissance durable.
Face à une demande énergétique en constante augmentation, alimentée par la rapide croissance démographique du continent, nous avons pour ambition, au cours des dix prochaines années, de consacrer une part significative de nos investissements à ce secteur stratégique. Notre objectif est de devenir un acteur majeur dans la production d’électricité, contribuant ainsi à l’essor économique de la région.
« L’objectif est de jouer un rôle clé dans le développement de l’intégration régionale en matière énergétique, en soutenant des initiatives telles que les zones économiques spéciales et l’industrialisation de secteurs stratégiques comme l’agriculture et la transformation »
L’évolution du cadre réglementaire en Afrique ouvre également de nouvelles perspectives passionnantes. La plupart des gouvernements africains ont dérégulé le secteur, dissociant désormais la production et la distribution d’électricité, longtemps monopolisées par des compagnies nationales. Grâce à ce processus de privatisation, nous disposons d’une opportunité unique pour nous positionner comme producteurs d’énergie. À l’image de notre succès avec le projet Congo Câble, qui a révolutionné l’accès à une connexion rapide, nous aspirons à devenir un acteur clé du transport et de la fourniture d’énergie à travers le continent, en favorisant une transition énergétique essentielle pour le développement de l’Afrique.
« À l’image de notre succès avec le projet Congo Câble, qui a révolutionné l’accès à une connexion rapide, nous aspirons à devenir un acteur clé du transport et de la fourniture d’énergie à travers le continent »
D’ici 2030, nous avons l’ambition de nous imposer comme un acteur majeur du secteur énergétique en Afrique. En développant à la fois la production et le transport d’électricité, nous comptons répondre aux besoins croissants du continent, tout en soutenant des secteurs clés comme l’industrie, l’agriculture et l’éducation.
« D’ici 2030, nous avons l’ambition de nous imposer comme un acteur majeur du secteur énergétique en Afrique »
Vous Avez Également Développé Plusieurs Projets Liés au Biodiesel. De Quoi s’Agit-il ?
S. P. : Le biodiesel et l’agriculture représentent une opportunité exceptionnelle pour l’Afrique. Aujourd’hui, la consommation énergétique en Afrique subsaharienne (Afrique du Sud exclue) est remarquablement faible, avec environ 180 kWh par habitant, comparé à 6 000 kWh en Europe et 13 000 kWh aux États-Unis. Cette faible consommation met en lumière le retard énergétique du continent, mais aussi l’énorme marge de croissance à exploiter. Le mix énergétique de l’Afrique repose encore largement sur les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), soulignant ainsi l’urgence de prendre le tournant d’une transition énergétique durable.
Le biodiesel, produit à partir de matières végétales, représente une solution prometteuse pour amorcer cette transition, notamment en reliant l’agriculture à l’énergie. Ces projets visent à cultiver des plantes telles que le ricin sur des terres marginales, souvent peu adaptées à l’agriculture vivrière. Le ricin, une plante robuste et résistante, peut se développer facilement sur des sols sablonneux et produire jusqu’à une tonne de biodiesel par hectare.
Ce sont des projets qui nous tiennent particulièrement à cœur, car ils créent non seulement de nombreux emplois, mais aussi une alternative énergétique propre. En produisant du biodiesel, nous contribuons à réduire la pollution tout en répondant à une demande croissante d’énergie durable. Ce modèle présente également des opportunités considérables pour les grandes entreprises du secteur pétrolier, notamment en leur offrant la possibilité de développer des raffineries de biodiesel en Afrique. Cela permettrait de diversifier les sources d’énergie du continent tout en stimulant l’économie locale.
« En produisant du biodiesel, nous contribuons à réduire la pollution tout en répondant à une demande croissante d’énergie durable »
Au-Delà de StartStone Group, Quelles Sont Vos Ambitions Pour l’Afrique ?
S. P. : Que nos ressources naturelles ou humaines soient mieux valorisées, notamment en développant davantage l’hydroélectricité et en mettant en valeur les ressources encore sous-exploitées.
Au-delà des ressources naturelles, l’éducation et la formation sont des enjeux primordiaux. L’Afrique connaît une explosion démographique sans précédent, et dispose d’une jeunesse pleine de talent et d’ambition. Il est donc impératif d’investir massivement dans l’éducation. Nous avons besoin de plus d’universités, d’écoles et de formations alignées avec les exigences du marché.
Dans cette optique, nous avons déjà entamé des collaborations stratégiques, notamment avec le Rwanda Development Board et l’Université de Lausanne, dans le cadre d’un projet ambitieux : la création d’une école d’excellence en hôtellerie. En s’appuyant sur l’expertise de Lausanne, une référence mondiale dans ce domaine, nous avons pour ambition de former les futurs leaders du secteur, prêts à faire rayonner l’Afrique sur la scène internationale.
La santé est également un secteur où des progrès considérables doivent être réalisés. Malgré les défis persistants, il est crucial de renforcer les infrastructures et d’améliorer les conditions sanitaires à travers des initiatives durables et impactantes qui bénéficient directement aux populations.
« Nous avons déjà entamé des collaborations stratégiques, notamment avec le Rwanda Development Board et l’Université de Lausanne, dans le cadre d’un projet ambitieux : la création d’une école d’excellence en hôtellerie »
En somme, pour que l’Afrique puisse déployer toute la force et la richesse de son potentiel, il est impératif de valoriser ses ressources naturelles, de former sa jeunesse et d’investir dans des secteurs stratégiques tels que l’éducation, l’énergie et la santé, de puissants leviers qui permettront au continent de s’affirmer comme un acteur majeur sur la scène mondiale.
« Il est impératif […] d’investir dans des secteurs stratégiques tels que l’éducation, l’énergie et la santé »