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Le Tchad peine à lever des fonds sur le marché obligataire de la Cemac

Le dernier emprunt obligataire émis par le Tchad a mobilisé moins de la moitié du montant initialement visé. Un échec qui traduit la défiance des souscripteurs à l’encontre de la signature du pays. 

Publié sur le site de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), le rapport hebdomadaire du marché des valeurs du Trésor de la Cemac courant sur la semaine du 10 au 14 juillet 2023 révèle que la dernière émission obligataire de l’État tchadien n’a pu mobiliser que 6,8 milliards de francs CFA sur les 15 milliards recherchés. Le taux de souscription à cet emprunt, réalisé en obligations assimilables du Trésor avec un taux d’intérêt de 6,5 % et une maturité de deux ans – un placement à court terme qui répond le plus souvent à des besoins de gestion de trésorerie – n’a ainsi atteint que 45,8 %, traduisant une réelle réticence des investisseurs sur les titres émis par le pays d’Afrique centrale. 

Resserrement des conditions de financement, perturbation des chaînes d’approvisionnement… Les motifs propres à une conjoncture défavorable ont sans conteste pesé, mais n’expliquent que partiellement cette contre-performance tchadienne. Pour rappel, le Cameroun est parvenu à lever avec succès sur le marché régional fin juin un emprunt obligataire à tranches multiples de quelque 176,7 milliards de francs CFA (269 millions d’euros) par rapport aux 150 milliards de francs CFA (230 millions d’euros) initialement sollicités, soit une sursouscription de 117,8 %. 

Plus de 3 milliards de dollars de dette extérieure

Citées par plusieurs médias de la sous-région, plusieurs sources familières du dossier évoquent pour leur part « le contexte économique et social que traverse le pays en cette période de transition politique. Une situation accentuée par l’insécurité et les troubles sociaux [et qui] a un impact négatif sur la dette extérieure du pays, estimée à 3 milliards de dollars ». 

Dans une récente note, les équipes du Fonds monétaire international (FMI) pointent quant à elles le risque d’une « possible chute des prix du pétrole ou encore des insuffisances dans le financement des donateurs qui pourrait endiguer la relance de l’économie du pays ». De fait, nombre d’investisseurs gardent à l’esprit le passé financier récent du Tchad. Le pays est devenu, en janvier 2021, le premier à demander la restructuration de sa dette au titre du « cadre commun » mis en place après la crise économique née de la pandémie. Il faudra finalement près de deux ans pour qu’un accord orchestré par le Club de Paris et le G20 soit trouvé- en novembre 2022- et la dette extérieure tchadienne restructurée. 

Pas étonnant dans ces conditions que les principaux souscripteurs se montrent circonspects et privilégient la prudence en optant pour des solutions de placement de court terme sur des pays réputés plus « sûrs ». 

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