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Spécial Côte d’Ivoire : “Au Démarrage En 2027, le Métro Et le BRT Transporteront Un Million De Passagers Journaliers” 

Membre éminent du parti présidentiel et par ailleurs maire de la ville de Bouaké depuis 2023, le ministre des Transports Amadou Koné fait le point sur les chantiers en cours et explique ses priorités à Forbes Afrique.

Complément d’Interview publiée dans l’Édition N°80 – Propos recueillis par Kouza Kiénou


Forbes Afrique : Quel est le moyen de transport le plus utilisé à Abidjan ?

Amadou Koné : Le transport informel domine les déplacements quotidiens, estimés à 15 millions. Je fais allusion aux fameux wôrôs-wôrôs et gbakas(1), ainsi qu’aux taxis quasi informels, car n’utilisant plus les compteurs. Viennent ensuite les bus de la SOTRA (Société des transports abidjanais) qui transportent environ 400 millions de passagers par an. Enfin, les VTC montent en puissance et commencent à prendre plus de personnes que les wôrôs-wôrôs. Sur Abidjan, nous avons plus de 3 000 VTC recensés, de sorte que le coût de la course est fluctuant et continue de peser sur le portefeuille des ménages. Nous travaillons au développement du transport public de masse avec le métro, prévu pour fin 2027, et la mise en service des bus électriques de transit, lancés le 10 juillet dernier par le Premier ministre. Ensemble, le métro et ces bus nous permettront à terme de transporter plus de 400 millions d’usagers par an, avec un million par jour au démarrage.

« Nous travaillons au développement du transport public de masse avec le métro, prévu pour fin 2027, et la mise en service des bus électriques de transit »


 Comment expliquez-vous la persistance des embouteillages ?

A. K. : Le dynamisme économique est un facteur prépondérant. En 2018, le gouvernement a décidé de diminuer l’âge moyen (moins de cinq ans) du parc automobile, notamment des véhicules d’occasion importés. Beaucoup ont prédit une pénurie de voitures. Mais le constat est tout autre : l’économie est florissante et les ventes de voiture ont bondi de plus 400 % en six ans, passant de moins de 7 000 immatriculations à plus de 50 000 véhicules neufs l’an dernier. On dénombre environ 18 000 voitures d’occasion.

En deuxième lieu, nous avons un transport public de masse qui est insuffisant. Le gouvernement a consenti d’énormes efforts pour construire des routes et moderniser le réseau routier du grand Abidjan de Bingerville à Grand-Bassam en passant par Songon, mais si le transport public reste inorganisé et non compétitif, vous aurez toujours des embouteillages. Car la population a les moyens d’acquérir une voiture et doit se déplacer dans une ville qui compte 6 millions d’habitants. En vingt ans, le nombre de citadins a doublé et les besoins aussi.

« L’économie est florissante et les ventes de voiture ont bondi de plus 400 % en six ans »

Amadou Koné, Ministre des transports de Côte d’Ivoire

Où en sont les travaux du métro d’Abidjan ?

A. K. : Le délai de mise en service, prévu au plus tard début 2028, sera respecté. Le chantier est impressionnant, les travaux de terrassement avancent très bien. Nous déplaçons par endroits le réseau ancien, Sitarail, en vue de réaliser les plateformes du métro. Nous avons lancé la production des trains. Les équipes sont fortement mobilisées pour tenir les délais.

« Dans trois ans, nous devons avoir un système de transport plus robuste, structuré »

De même, les travaux du BRT, estimés à 242 milliards de francs CFA [environ 368 millions d’euros, NDLR], sont en cours. Notre objectif, grâce au leadership du chef de l’État, est de parvenir à mettre en service le BRT et le métro dès fin 2027 et d’achever le plan de développement du transport lagunaire, ainsi que la modernisation partielle du parc des gbakas et wôrôs-wôrôs. Dans trois ans, nous devons avoir un système de transport plus robuste, structuré. À cet horizon, les effets de tous les chantiers engagés pourraient se ressentir sur les déplacements à Abidjan.


Quelle est l’incidence des bouchons sur la productivité et donc sur la croissance du PIB ?

A. K. : En moyenne, les gens passent deux heures par jour dans le transport. Selon la Banque mondiale, les embouteillages font perdre un point de croissance à la Côte d’Ivoire chaque année. Abidjan est la deuxième ville la plus dynamique de la région. Vous allez au Caire, il y a des bouchons ; idem à Lagos, Paris ou New York. Plus un pays se porte bien, plus la consommation augmente. Nous travaillons à trouver des solutions pour fluidifier le trafic. Au-delà du ministère des Transports, il faut un plan global. Les réflexions sont en cours, en collaboration avec les autres départements, pour encourager les gens à se déplacer le moins possible. Prenons le cas d’un salarié résident de la Riviera qui travaille au Plateau et dont le fils est dans une école à Cocody. Pour ses déplacements et ses courses, il passera beaucoup de temps dans les bouchons, d’où des conséquences sur l’absentéisme. Le Plateau reçoit 2 millions de personnes par jour, mais vous y verrez peu de véhicules stationnés, même si les gens sont dans les bureaux. Nous devons œuvrer à offrir le maximum de services autour des lieux de résidence et de travail. C’est un travail collectif, à réaliser avec l’Autorité de la mobilité urbaine dans le Grand Abidjan, englobant l’énergie propre et les déplacements organisés.

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Quelle est la place que vous accordez aux voitures électriques et, au-delà, au développement durable ?

A. K. : Nous aurons des véhicules plus propres, moins polluants. Nous collaborons avec les départements de l’Énergie et de l’environnement pour avoir une législation robuste en ce qui concerne la mise en circulation des véhicules électriques, le traitement des batteries, l’installation des bornes de recharges, etc. En attendant, des tests sont en cours et des véhicules font leur entrée sur le marché. Je pense que leurs coûts d’acquisition vont baisser au fur et à mesure. J’encourage d’ailleurs les transporteurs à investir, d’autant que les charges d’exploitation en énergie sont quatre fois moins élevées. Pour rallier Yamoussoukro, un plein de carburant vous coûte 40 000 francs CFA [environ 61 euros, NDLR], contre 5 000 francs CFA [environ 7,60 euros, NDLR] avec l’électrique.


Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés ?

A. K. : La modernisation du mode de transport et la prolifération des motos ou engins à deux roues, de plus en plus impliqués dans les accidents de la circulation, sont des défis. Nous mettons en place un groupe de travail pour réfléchir à ces problématiques, qui concernent aussi l’hygiène publique. Il est vrai que les résultats s’améliorent en termes de sécurité routière, mais nous devons réduire le nombre de victimes sur nos routes. L’Autorité de la mobilité urbaine et celle de régulation du transport intérieur doivent monter en puissance. Nous devons travailler dans la même vision que les collectivités locales.


1. Le wôrô-wôrô est un véhicule utilisé comme taxi collectif (4 à 5 passagers) suivant un itinéraire fixe avec un tarif préétabli. Le gbaka est un minicar de transport en commun d’une vingtaine de places.


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