Sur fond de crise alimentaire, Emmanuel Macron a entamé le 25 juillet une tournée africaine, qui a démarré au Cameroun avant de se poursuivre au Bénin et en Guinée-Bissau. Objectif : renforcer le partenariat France-Afrique.
Par Dounia Ben Mohamed
Dans un contexte marqué par la guerre Russie-Ukraine et son impact négatif sur la sécurité alimentaire, la nouvelle tournée du président français en Afrique revêt plusieurs enjeux. Géopolitique avant tout, alors que l’influence française est en perte de vitesse dans son « pré carré », mais également économique.
« Réaffirmer le rôle de la France, partenaire privilégié du Cameroun »
Au Cameroun notamment, première puissance économique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, il s’agissait pour Emmanuel Macron- qui effectuait sa première visite dans le pays- de réaffirmer le rôle de la France, « partenaire privilégié » du Cameroun.
La visite, qui avait pour thème « la crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine, les enjeux de production agricole et les questions sécuritaires », devait, selon l’Élysée, permettre de présenter l’initiative FARM, lancée fin mars avec l’Union Européenne, le G7 et l’Union Africaine.
Initiative FARM : « renforcer la production locale »
Portée par la France et le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, l’initiative européenne FARM (Food and Agricultural Resilience Mission), vise à soutenir les pays les plus touchés par la crise alimentaire mondiale, en stimulant la production agricole durable et en veillant à ce que les pays les plus vulnérables bénéficient d’un accès équitable aux denrées et produits agricoles. Le tout, à un prix juste.
« L’initiative FARM vise à faciliter les échanges et la transparence sur les marchés agricoles, à renforcer la production locale durable et à travailler avec le secteur privé dans un esprit de solidarité afin d’orienter les excédents alimentaires vers les pays qui en ont le plus besoin », a notamment indiqué l’Elysée dans un communiqué.
Et de préciser : « Le “Mécanisme de Solidarité” qui est lancé aujourd’hui constitue une plateforme pour une réponse multisectorielle dans laquelle le secteur privé a un rôle central à jouer. Les entreprises sont encouragées à s’associer au PAM en fournissant des services, des intrants agricoles et des denrées alimentaires à un coût réduit, afin de garantir la continuité des opérations du PAM et de lui permettre d’atteindre les pays et les personnes qui en ont le plus besoin ».
Promouvoir « les possibilités d’investissement français dans l’agriculture camerounaise »
En somme, il s’agit d’une plateforme collaborative destinée à créer des synergies entre les institutions internationales, les États, les ONG ainsi que les secteurs privés pour répondre à l’urgence que pose cette crise sanitaire mondiale. L’occasion, a souligné le chef de l’Etat de promouvoir “les possibilités d’investissement français dans l’agriculture camerounaise”.
Culture au Bénin, sécurité et géopolitique en Guinée-Bissau
Seconde étape pour le président français, le Bénin, où sera créée en octobre prochain la Fondation de l’innovation de la démocratie, dirigée par le politologue camerounais Achille Mbembe. Ce dernier avait été missionné par le président français, en 2021, pour produire un rapport sur l’avenir des relations entre la France et l’Afrique.
Enfin, l’ultime rencontre à Bissau avec le président Umaro Sissoco Embaló, qui occupe actuellement la présidence tournante de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), illustre la nouvelle stratégie française sur le continent : plus d’intervention en première ligne sur le plan militaire- à l’image du retrait acté au Mali- mais des partenariats stratégiques avec les institutions régionales afin de contrer l’influence russe grandissante sur le continent.
« Le choix des trois pays visités reflète à la fois une volonté de continuité sur le fond mais aussi d’approfondissement des partenariats »
Quant aux choix des trois pays visités, il « reflète à la fois une volonté de continuité sur le fond mais aussi d’approfondissement des partenariats », a expliqué l’Elysée dans un communiqué.