Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le média de ceux qui construisent l'Afrique d'aujourd'hui et de demain

5 Choses à Savoir Sur Sidi Ould Tah, Nouveau Président de la Banque Africaine de Développement

Dernier candidat à entrer en campagne, le Mauritanien a été élu président de la Banque africaine de développement (BAD), première institution financière du continent. La reconnaissance ultime d’une longue et brillante carrière.

Par Jérémie Suchard


#1. Une Élection Remportée Avec Un Large Soutien

Entré tardivement dans la course, en janvier, avec une candidature officialisée quelques jours avant la date butoir, Sidi Ould Tah aura finalement eu le dernier mot. Présent jeudi 29 mai à Abidjan (Côte d’Ivoire) pour les assemblées annuelles de l’institution, l’ancien ministre de l’économie mauritanien a très vite fait consensus puisqu’il a été élu président de la Banque africaine de développement (BAD) avec 76,18 % des voix, au troisième tour du scrutin. Il devient ainsi le 9e président de la plus puissante institution financière panafricaine. Une victoire nette, portée en premier lieu par les suffrages des pays africains (72,37 % des voix africaines), et qui lui a permis de devancer le Zambien Samuel Munzele Maimbo (20,26 % des voix) et le Sénégalais Amadou Hott (3,55 % des voix).  Pour rappel, en 2015, six tours avaient été nécessaires au Nigérian Akinwumi Adesina pour l’emporter avec 58,1 % des voix.

« Il a été élu président de la Banque africaine de développement (BAD) avec 76,18 % des voix, au troisième tour du scrutin »


#2. Un Homme à la Croisée des Mondes

À 60 ans, le 9président de la plus puissante institution financière panafricaine se présente volontiers comme un trait d’union entre l’Afrique et le monde arabe. Et pour cause :  Sidi Ould Tah est originaire de la Mauritanie, nation multiethnique et multiculturelle à cheval entre le monde arabe et l’Afrique subsaharienne. Issu d’une famille d’intellectuels, ce technocrate discret, titulaire d’un doctorat en économie de l’université de Nice-Sophia-Antipolis (France), fait ses premières armes en travaillant pour différentes structures publiques mauritaniennes – dont la Banque mauritanienne pour le développement et le commerce (BMDC) – avant d’élargir ses horizons. Ce sera d’abord au sein de l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole, basée à Khartoum (Soudan), puis à la Banque islamique de développement (BID), basée à Djeddah (Arabie saoudite), où il occupera notamment le poste de conseiller du président. Une riche expérience à l’international qui le fera très vite remarquer par le pouvoir mauritanien, désireux de capitaliser sur l’expertise financière du « fils du pays ».

« Un trait d’union entre l’Afrique et le monde arabe »


#3. Une Solide Expérience Gouvernementale

Après plusieurs années passées à l’étranger, Sidi Ould Tah revient fin 2006 en Mauritanie, en tant que chargé de mission à la Primature et à la Présidence de la République. Très vite, il est nommé ministre de l’Agriculture, puis ministre de l’Économie et des Finances, en juillet 2007. Un an et un coup d’État plus tard, le technocrate parvient à conserver son poste de grand argentier du pays, à la tête du ministère des Affaires économiques et du Développement. Un tour de force dans un pays marqué alors par l’instabilité politique. Sidi Ould Tah a, il est vrai, su très vite montrer qu’il était l’homme de la situation. Sept ans plus tard, quand le ministre quitte ses fonctions pour prendre la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), l’inflation a été maîtrisée, la croissance est solide et les réserves de change ont été multipliées par quatre.

« Quand le ministre quitte ses fonctions pour prendre la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), l’inflation a été maîtrisée, la croissance est solide et les réserves de change ont été multipliées par quatre »


4. Un Bilan Flatteur à la Tête de la BADEA

Lorsque Sidi Ould Tah prend les rênes de la Badea, en 2015 – banque multilatérale dont les financements sont réservés aux pays africains non-membres de la Ligue des États arabes –, l’institution est peu visible et décaisse, bon an mal an, un quart de milliards de dollars. Une donne qui va très vite changer sous la houlette du financier mauritanien qui, fort du soutien des fonds du Golfe, va peu à peu moderniser l’institution pour faire rentrer celle-ci dans la cour des grands. En une décennie, la Badea a changé de dimension : les décaissements ont été multipliés par huit, tandis que les approbations de financements ont plus que décuplé. Mieux, cet activisme assumé ne s’est pas fait au détriment de la solidité financière de la banque, la Badea affichant aujourd’hui le deuxième meilleur profil de crédit du continent derrière… la BAD.


#5. Des Défis Majeurs à Relever à la BAD

Peu après la proclamation des résultats le consacrant nouveau président de la BAD, Sidi Ould Tah s’est exprimé brièvement devant l’assemblée, concluant par ces mots en anglais : « Now, it’s time to go to work. I’m ready » (« Maintenant, au travail. Je suis prêt »).  De fait, le Mauritanien aura bien des défis à relever au cours de son mandat de cinq ans, à commencer par ceux liés au désengagement des États-Unis des mécanismes d’aide au développement. L’administration Trump devrait notamment arrêter sa contribution de 550 millions de dollars au Fonds africain de développement (FAD), qui finance les projets sociaux et climatiques dans les pays africains les plus vulnérables. Face à cette situation potentiellement compliquée et fort de son bilan à la tête de la Badea, Sidi Ould Tah compte innover dans les financements pour lever plus de fonds, et ce en mobilisant davantage les capitaux privés et institutionnels pour créer un effet de levier « vertueux », au service du développement. Un pari loin d’être gagné. Le nouveau président de la BAD pourra toutefois compter sur les solides fondamentaux laissés par Akinwumi Adesina, qui quitte une institution en excellente santé financière (résultat net de 248 millions d’unités de compte en 2024, soit environ 345 millions de dollars).

« Sidi Ould Tah compte innover dans les financements pour lever plus de fonds, et ce en mobilisant davantage les capitaux privés et institutionnels pour créer un effet de levier “vertueux”, au service du développement »


En Savoir+ :

Partager l’article


Ne manquez aucun de nos articles.

Inscrivez-vous et recevez une alerte par email
à chaque article publié sur forbesafrique.com

Bonne lecture !

Profitez de notre abonnement illimité et sans engagement pour 5 euros par mois

√ Accédez à tous les numéros du mensuel Forbes Afrique de l'année grâce à notre liseuse digitale.
√ Bénéficiez de l'accès à l'ensemble des articles du site forbesafrique.com, y compris les articles exclusifs.