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Fonds Yavarhoussen : Un Projet Holistique au Service de l’Art Malagasy

Depuis 2019, le Fonds de Hasnaine Yavarhoussen, le directeur général de Filatex, participe au rayonnement de l’art malgache à l’international. Entre sensibilisation populaire et succès d’estime sur le marché de l’art contemporain, les projets se diversifient et l’engouement grandit. Avec l’ouverture du nouvel espace « Hakanto » en 2024, le Fonds franchit une nouvelle étape de son développement.

Par Marie-France Réveillard


« Vingt-trois ans, c’est l’âge où l’on aime les belles voitures et les montres sophistiquées, en général. Personnellement, je me suis découvert une véritable passion pour l’art contemporain, qui ne m’a jamais quittée. Mon père a souhaité m’accompagner dans cette passion en m’offrant mes premières œuvres », explique Hasnaine Yavarhoussen, le directeur général du Groupe Filatex et fondateur du Fonds Yavarhoussen. L’homme d’affaires malgache nourrit une passion durable et profonde pour l’art, qu’il envisage comme « un pont entre la réalité et l’immatérialité des sens », également synonyme « d’évasion » pour s’extraire d’une pression professionnelle qui en a fait l’un des businessmen les plus puissants de l’océan Indien. En effet, le groupe qu’il dirige, présent dans l’immobilier, les zones franches et l’énergie, emploie plus de 800 collaborateurs et génère près de 40 000 emplois indirectement.

Après l’achat d’une première œuvre du peintre David Ratcliff, il multiplie les acquisitions. En quelques années, il se retrouve à la tête d’une collection importante, ce qui lui a donné l’opportunité de rencontrer un artiste en pleine ascension, Joël Andrianomearisoa. « Nous nous sommes rencontrés à l’occasion de la Biennale de Venise à laquelle nous avons collaboré en 2019. La connexion a été rapide et nous avons décidé de développer une initiative artistique commune », se souvient-il. Suite à cette rencontre, un projet d’envergure se dessine progressivement. « L’absence de représentation des artistes malagasy à Venise, mais aussi la détermination sans faille de Joël Andrianomearisoa, m’ont convaincu de m’impliquer de façon pérenne à Madagascar, pour replacer notre pays sur la carte mondiale de l’art contemporain » explique-t-il.

À mesure que la collection du jeune Hasnaine Yavarhoussen s’enrichit, son nom commence à circuler dans le petit milieu de l’art contemporain. La passion de l’entrepreneur se professionnalise. Ainsi, en février 2019, le Fonds Yavarhoussen voit le jour. L’année suivante, le centre d’art Hakanto Contemporary ouvre ses portes dans la capitale malagasy (« Hakanto » signifie « esthétisme » en langue malgache).

« L’absence de représentation des artistes malagasy à Venise, mais aussi la détermination sans faille de Joël Andrianomearisoa, m’ont convaincu de m’impliquer de façon pérenne à Madagascar, pour replacer notre pays sur la carte mondiale de l’art contemporain »


Hakanto Contemporary : Un Lieu Unique et Pluridisciplinaire 

« Hakanto Contemporary a récemment fêté ses 5 ans », se félicite Hasnaine Yavarhoussen. Cofondée par Joël Andrianomearisoa, qui en assure la direction artistique, et par Hasnaine Yavarhoussen, cette plateforme dédiée aux artistes, aux expositions, à la réflexion et aux rencontres, offre un écrin inédit aux artistes de « l’île rouge », à Antananarivo. Depuis 2020, Hakanto Contemporary a accueilli plus de 18 expositions et présenté les œuvres de 125 artistes. Quarante-cinq rencontres et discussions ont été organisées dans le cadre de l’événement « Resaka Hakanto », ainsi que des workshops et des ateliers d’éveil artistique pour les élèves des écoles primaires publiques. Le centre accueille aussi des résidences d’artistes. À travers ce lieu, Hasnaine Yavarhoussen entend démocratiser l’art tout en le portant à l’excellence, pour le plus grand bonheur des habitants de Tananarive. « Chaque vernissage accueille entre 800 et 1 200 personnes, dont les trois quarts sont âgées de moins de 30 ans », précise-t-il.

En octobre 2024, Hakanto Contemporary s’est transporté dans un nouvel espace de 2 000 m2, toujours situé à Antananarivo. « La taille de ce nouvel espace permet d’organiser notre programmation en plusieurs temporalités : les grandes expositions changeront environ tous les six mois, et les projets présentés dans les trois modules seront plus flexibles. Bénéficier d’un terrain de jeu aussi vaste et polyvalent est extrêmement motivant, nous pourrons aller toujours plus loin dans notre engagement concret auprès de la création contemporaine », explique Joël Andrianomearisoa, par voie de communiqué.

Le site abrite plusieurs espaces modulables : salle d’exposition, librairie, ateliers et bibliothèque, pour présenter les œuvres des nouveaux talents, mais aussi celles des artistes malgaches historiques. « Joël ne s’est jamais mis en avant en tant qu’artiste », souligne Hasnaine Yavarhoussen. « Il a néanmoins fait une exception avec Please Sing My Song Before You Go, à ma demande pour le closing du premier espace », ajoute-t-il.

 À travers ce lieu, Hasnaine Yavarhoussen entend démocratiser l’art tout en le portant à l’excellence, pour le plus grand bonheur des habitants de Tananarive.

Pourtant, le succès de Hakanto Contemporary repose en grande partie sur l’implication de l’artiste franco-malgache, qui fut chargé en 2019, d’édifier le premier Pavillon de Madagascar à la Biennale de Venise. Grâce à un don d’Hasnaine Yavarhoussen, le Metropolitan Museum of Art (MET) expose depuis mai 2025 trois de ses œuvres installées dans la nouvelle aile du musée dédiée à l’art africain. « C’est un grand pas en avant pour Madagascar et une véritable success story pour Joël », considère Hasnaine Yavarhoussen, qui vient de rejoindre le Comité d’acquisition d’art contemporain africain de la Tate Modern (Londres). « Cette reconnaissance permettra de placer Madagascar dans une œuvre globale qui ouvrira sur une forme d’universalité », explique-t-il. Les œuvres de Joël Andrianomearisoa (sculpture, installations, artisanat et textile), ont notamment été exposées au Palais de Tokyo au Zeitz MOCAA à Cape Town, ou encore au Studio Museum à Harlem.

« Le succès de Hakanto Contemporary repose en grande partie sur l’implication de l’artiste franco-malgache [Joël Andrianomearisoa], qui fut chargé en 2019, d’édifier le premier Pavillon de Madagascar à la Biennale de Venise »


Le Fonds Yavarhoussen : le Bras Philanthropique d’un Mécène Engagé

« Entrepreneur mais aussi amateur d’art et collectionneur, je suis convaincu que l’art et la culture constituent un des piliers essentiels du développement d’un pays », explique Hasnaine Yavarhoussen, qui a créé en 2019, le Fonds Yavarhoussen pour soutenir le premier Pavillon de Madagascar à la Biennale de Venise, et pour encourager la création contemporaine de Madagascar. « Depuis, nous n’avons cessé d’élargir nos domaines d’intervention, franchissant rapidement les frontières et traversant d’autres disciplines, au-delà des seuls arts visuels » ajoute-t-il. Le Fonds s’allie régulièrement à des institutions ou à des acteurs locaux et internationaux pour faire rayonner l’art et la culture malgaches au-delà des frontières nationales.

 « Nous n’avons cessé d’élargir nos domaines d’intervention, franchissant rapidement les frontières et traversant d’autres disciplines, au-delà des seuls arts visuels » 

Dirigé depuis Paris par Emmanuel Bérard, le Fonds Yavarhoussen est financé directement par Hasnaine Yavarhoussen. «Depuis 2021, nos activités se sont diversifiées. Parallèlement à notre soutien apporté à Hakanto Contemporary, nous apportons notre soutien au patrimoine culturel et artistique de Madagascar », explique Emmanuel Bérard. C’est avec satisfaction qu’il annonce la publication de la première Anthologie de la poésie malgache chez Seghers*, un projet que le Fonds Yavarhoussen a initié.

« Depuis 2021, nos activités se sont diversifiées. Parallèlement à notre soutien apporté à Hakanto Contemporary, nous apportons notre soutien au patrimoine culturel et artistique de Madagascar »

« Nous cherchons à créer des outils pour la connaissance et un savoir partagés », ajoute le directeur général. Si Hakanto Contemporary représente le volet artistique du projet porté par Hasnaine Yavarhoussen, le Fonds participe au développement de la politique culturelle malgache dans son ensemble. « Nous sommes en train de construire les fondations du rayonnement de la culture malgache », explique Emmanuel Bérard. Du 17 octobre 2024 au 5 janvier 2025, le Fonds Yavarhoussen s’associait au Palais de Tokyo (Paris) pour l’exposition « Figures » de Malala Andrialavidrazana. Cette année, la poésie malgache est à l’honneur et « en 2026, l’accent sera porté sur l’architecture », annonce Emmanuel Bérard.

 « Nous sommes en train de construire les fondations du rayonnement de la culture malgache »

Alors que la documentation sur l’histoire culturelle et artistique de Madagascar demeure lacunaire, le Fonds entend apporter sa contribution à la connaissance de ce patrimoine séculaire, pour graver dans le marbre œuvres et savoir-faire de la grande île, à travers une approche holistique. Partant du principe que « pour construire le futur, mieux vaut connaître sa propre Histoire », le Fonds Yavarhoussen s’est rapproché de l’Institut national d’histoire de l’Art (INHA) de Paris, pour créer une bourse d’étude destinée à encourager, chaque année, un étudiant à travailler sur l’Histoire de l’Art malgache. Mais ses activités ne s’arrêtent pas là… En 2023, leFonds lançait la newsletter Art Culture Madagascar, pour faire circuler l’information sur les initiatives culturelles et artistiques de Madagascar. Multipliant les initiatives relatives aux arts vivants, il accompagne notamment la chorégraphe Soa Ratsifandrihana en co-produisant sa dernière création, « Fampitaha, fampita, fampitàna ». En 2024, ils’allie avec la Michelangelo Foundation for Creativity and Craftsmanship pour soutenir l’artisanat. Enfin, le Fonds Yavarhoussen ne compte plus les initiatives destinées à faire briller les artistes malgaches à l’international, du Palais de Tokyo à Paris, au Zeitz MOCAA au Cap en passant par la Tate Modern à Londres…

« Le Fonds Yavarhoussen s’est rapproché de l’Institut national d’histoire de l’Art (INHA) de Paris, pour créer une bourse d’étude destinée à encourager, chaque année, un étudiant à travailler sur l’Histoire de l’Art malgache »


* La Poésie de Madagascar, anthologie de Dominique Ranaivoson, Seghers, février 2025.


 1. « L’homme d’affaires malgache nourrit une passion durable et profonde pour l’art, qu’il envisage comme « un pont entre la réalité et l’immatérialité des sens »

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