À l’occasion de Transform Africa Summit 2025, dont la 7e édition – la première en Afrique francophone – s’est tenue du 12 au 14 novembre dernier à Conakry (Guinée), Lacina Koné, directeur général de Smart Africa, partage sa vision d’une intelligence artificielle centrée sur les Africains.
Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed
Forbes Afrique : Pour cette 7ᵉ édition du Transform Africa Summit, le thème central est l’IA africaine. Pouvez-vous expliquer ce que cela implique concrètement pour le continent ?
Lacina Koné : Une IA africaine, c’est une intelligence artificielle qui comprend nos réalités et nos besoins. Elle n’est pas seulement une technologie importée, mais un outil que chacun peut utiliser dans sa vie quotidienne, même dans les zones rurales ou pour ceux qui n’ont jamais eu accès à l’école ou à Internet. Nous développons des modèles capables de fonctionner en arabe, berbère, wolof, français ou anglais, pour toucher tous les segments de la population et garantir une vraie inclusion numérique.
« Nous développons des modèles capables de fonctionner en arabe, berbère, wolof, français ou anglais »

Comment l’IA peut-elle améliorer la vie quotidienne des Africains ?
L. K. : Elle peut transformer la vie des citoyens dans des secteurs essentiels. Par exemple, en santé, l’IA permet de détecter plus tôt des anomalies médicales. En éducation, elle offre un suivi personnalisé aux élèves éloignés des écoles. Pour l’économie, elle ouvre de nouvelles opportunités à ceux qui n’ont pas accès aux services traditionnels. L’objectif est simple : que chaque Africain, où qu’il vive, puisse bénéficier des technologies numériques.
Quels défis doivent être relevés pour construire cette IA africaine ?
L. K. : Les principaux défis sont l’infrastructure, la gouvernance des données, le développement des talents et la création de datasets locaux. Smart Africa travaille sur tous ces aspects depuis plusieurs années. Nous renforçons nos réseaux numériques, formons les jeunes talents africains et construisons des bases de données africaines pour que l’IA reflète nos cultures et nos valeurs. L’IA est un levier pour accélérer l’inclusion et le développement durable.
Quel rôle joue Smart Africa dans cette « révolution » numérique ?
L. K. : Smart Africa est bien plus qu’une alliance : c’est un catalyseur opérationnel pour le numérique africain. Nous coordonnons des projets phares comme le Digital ID, SANIA ou la Smart Africa Data Exchange. Nous formons également des talents via l’Académie numérique. Tout ceci permet de créer un écosystème africain compétitif et inclusif. Notre mission est que l’Afrique devienne autonome dans la conception et l’usage de ses technologies.
« Notre mission est que l’Afrique devienne autonome dans la conception et l’usage de ses technologies »
Quels messages souhaitez-vous transmettre aux jeunes Africains afin qu’ils saisissent les opportunités que leur offre le numérique, l’IA en particulier ?
L. K. : L’IA est une chance unique pour innover et transformer nos sociétés. Je veux que chaque jeune comprenne qu’il peut contribuer, créer et utiliser ces technologies pour améliorer son environnement. Nous devons former une génération capable de créer l’IA de demain, pas seulement de la consommer. L’avenir du continent passe par l’innovation locale avec un impact global.
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