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Paris Sportifs : Un Secteur en Plein Boom

Porté par le développement continu de l’Internet mobile, le marché africain des paris sportifs, en plein essor, devrait croître de 4 % par an pour atteindre 3,61 milliards de dollars en 2029, selon Statista. Les acteurs reconnus du secteur tirent leur épingle du jeu en misant sur des stratégies ciblant les jeunes, qui constituent la majorité des parieurs sur le continent. Analyse.

Par Szymon Jagiello


Sur le continent africain aurait été multipliée par 50 entre 2013 et 2023, pour atteindre environ 2,6 milliards d’euros. Des chiffres qui, bien qu’impressionnants à l’échelle africaine, restent modestes en comparaison du marché mondial, estimé à près de 60 milliards de dollars. Rien qu’aux États-Unis, les parieurs devraient miser plus de 18,5 milliards de dollars cette année, avance le portail en ligne Statista. Pour autant, la taille du marché africain ne cesse de grossir. Au point que « celui-ci pèserait aujourd’hui près de 3 milliards de dollars au total, en prenant en compte les flux officiels et non officiels », comme l’observe David Moshi, Managing Partner chez Gaming Advisory Africa, société de conseil en matière de jeu d’argent et de hasard basée à Nairobi (Kenya).


Les Flux Illégaux En Baisse

Ainsi, souligne Ntoudi Mouyelo, ancien directeur général du groupe Mchezo IP Limited, l’entreprise derrière la marque betPawa, « le nombre de parieurs actifs sur le continent s’élève à 400 millions, avec 100 millions de joueurs légaux qui portent le marché à hauteur de 1,4 milliard de dollars, et 300 millions de personnes qui misent leur argent de manière illégale, par le biais de flux physiques, représentant environ 40 % des flux totaux de paris ». Un marché parallèle qui devrait diminuer avec la pénétration du numérique. « La montée constante du digital s’accompagnera d’une augmentation du pourcentage, à court et moyen terme, des flux légaux », poursuit Ntoudi Mouyelo, aujourd’hui à la tête de la Fondation Lefa, qui œuvre à la professionnalisation du sport en Afrique. « Avec la digitalisation du secteur, il est en effet beaucoup plus facile pour les régulateurs d’avoir une vue directe sur ce qui se passe, notamment grâce au règlement par mobile money ». Évoquant l’engouement pour ce mode de paiement qui a bouleversé les habitudes des parieurs, Frankline Kibuacha, responsable marketing auprès du groupe d’étude américain GeoPoll, observe : « Au fil des années, les téléphones mobiles se sont imposés comme la plateforme de prédilection pour les paris en Afrique. D’après notre enquête publiée en avril 2025, 94 % des joueurs déclarent miser via leur mobile ».


Le Football en Tête

Les volumes de paris, eux, divergent selon les régions et les pays. Ainsi, explique l’expert kényan, « au Nigéria, l’un des plus gros marchés africains en matière de paris sportifs, 24 % de la population misent entre 10 et 25 dollars par mois, alors qu’au Ghana et au Kenya, respectivement 43 % et 58 % des citoyens misent moins de 10 dollars mensuellement ». Par ailleurs, si 34 % des parieurs en Afrique du Sud parient au moins une fois par semaine, en Côte d’Ivoire, plus de 40 % de la population dit avoir parié « au moins une fois par an ». Si les montants et la fréquence diffèrent, on observe, dans tous les pays, une forte concentration des mises sur le football. « Les parieurs sentent et comprennent ce jeu mieux que d’autres disciplines sportives », analyse David Moshi. De fait, « le sport roi représente en 2024 plus de 76,5 % des mises, devant le casino (9,7 %) et les autres sports (5,1 %) », indique Frankline Kibuacha. Cela signifie qu’à lui seul, le football pèserait plus d’un milliard de dollars. Pas étonnant donc que des géants de l’industrie, à l’image de 1xBet – devenu depuis 2019 l’un des principaux partenaires de la Confédération africaine de football (CAF) –, cherchent à nouer des accords avec le milieu footballistique africain afin de promouvoir leur marque et se frayer un chemin sur ce marché juteux. Mais miser sur les partenariats avec le sport roi suffit- il pour se positionner durablement sur le continent ? Pas si sûr…


Les Marques Qui Font La Différence

Les sociétés qui réussissent à s’imposer dans le domaine des paris sportifs en Afrique suivent trois politiques, selon Ntoudi Mouyelo : « Premièrement, elles proposent des plateformes très simples, facilement utilisables sur les téléphones portables. Si votre service en ligne utilise beaucoup de mémoire ou nécessite un laptop, vous perdez la bataille en Afrique». Ensuite, « il faut que l’offre soit, autant que possible, accessible à des portefeuilles modestes, avec des mises minimales ». Enfin, précise l’entrepreneur rwandais, les marques qui se différencient « sont celles qui parviennent, d’un point de vue publicitaire, à s’associer à des artistes de renom, car l’Africain accorde de la valeur aux personnes influentes. Il existe ainsi un lien non seulement avec le sport, mais aussi avec le divertissement et l’industrie créative ». Autant de facteurs, précise David Moshi, l’un des promoteurs du Gaming Tech Summit Africa (GTSA), « qui, associés à une stratégie marketing sur les réseaux sociaux visant les jeunes fortement connectés – ceux-ci représentent 70 % de la population africaine – permettent à quelques acteurs de capter jusqu’à 60 % du marché dans certains pays ». Un public cible au sein duquel les jeux peuvent conduire à des addictions chez les plus vulnérables. D’où, selon lui, «l ’importance d’introduire un contrôle et une gestion plus stricts des profils, en termes d’âge et de ressources, pour engager l’industrie de manière plus responsable ». Un engagement, conclut Ntoudi Mouyelo, « qui pourrait se traduire par la création de fonctionnalités limitant le nombre de paris effectués par certaines personnes ».


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