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Aéronautique : SFA-A, une école pour former les pilotes de demain

Séance de cours dans l'un des simulateurs de vol de l'école © SFA-A

Surfant sur l’explosion du trafic aérien continental, la Sabena Flight Academy Africa (SFA-A) forme les pilotes et autres professionnels de l’aviation civile avec des infrastructures et des programmes qui n’ont rien à envier aux meilleures écoles internationales. Forbes Afrique est allé à la rencontre des équipes à l’origine de cette initiative.

Par Julien Chongwang

Au cœur de Bonanjo, le quartier administratif de Douala, la capitale économique du Cameroun, dans un cadre calme et studieux, la Sabena Flight Academy Africa de Douala (SFA-A) tisse sa toile loin du vacarme de la ville. Unique en son genre en Afrique centrale, cette école des métiers de l’aviation civile n’est guère connue du grand public ; elle n’en demeure pas moins une référence dans la région, de par la qualité de sa formation. « Nous formons des gens qui sont prêts à travailler immédiatement au sein d’une compagnie aérienne », indique Jean-Yves Kotto, le président de l’école. De fait, les besoins du continent en la matière sont énormes : selon les estimations de l’avionneur américain Boeing, il faudra avoir formé 86 000 techniciens et pilotes pour l’Afrique d’ici à 2038

Créée en 2007, la SFA-A dispense en effet une formation aux standards internationaux. Pour les hôtesses de l’air, les stewards et les agents techniques d’exploitation dont les flight dispatchers (ceux qui préparent le vol pour les pilotes), toute la formation se déroule dans cette école. Idem pour la partie théorique de la formation des pilotes. Ivo Kamgang, instructeur du personnel navigant de cabine (PNC) chez Camair-Co, la compagnie nationale camerounaise, en a été impressionné. « Ayant été partiellement formé en France, je trouve que la qualité générale de la formation à SFA-A est très bonne. Ils ont des instructeurs qualifiés et rompus à la tâche. Sincèrement, très peu sont les pays d’Afrique subsaharienne qui peuvent offrir de tels équipements et un tel encadrement », témoigne notre interlocuteur.

Pour la partie pratique de leur formation, les pilotes doivent se rendre en Tunisie, où la SFA-Aa signé une convention avec une école locale, la Safe Flight Academy.« Cette école a été enregistrée comme une école camerounaise en Tunisie, et elle opère sous le contrôle de l’Autorité aéronautique du Cameroun. Elle est bien sûr agréée par la Tunisie, mais aussi par l’Union européenne et enfin par le Cameroun en tant que dépendance d’une école camerounaise à l’étranger », précise Joseph Barla, lui-même pilote de ligne.

Simulateurs de vols

Selon ce dernier, le choix de cette école en Tunisie a été guidé par la nécessité de trouver un établissement ayant une expérience dans la formation et utilisant le même type d’avions que ceux de la CAE (Canadian Aviation Electronics), la maison-mère de SFA-A. En outre, ajoute-t-il, la SFA-A a trouvé dans cette école en Tunisie une équipe d’instructeurs capables de faire ce qu’elle leur demande. Mais avant de se rendre en Tunisie, les élèves-pilotes doivent maîtriser la partie théorique de la formation et se familiariser avec l’environnement de l’avion à travers les infrastructures disponibles dans les locaux de l’école à Douala où l’on compte, entre autres, plusieurs simulateurs de vols. Formé à cette école, Raymond Ekenglo Ekoumen, commandant de bord sur un Boeing 737 NG (Next Generation) à Camair-Co affirme que « depuis la création de Camair Co, la majeure partie de nos formations réglementaires pour le personnel navigant technique (PNT), le PNC et les dispatchers se sont faites à la SFA-A de Douala ».

Pourtant, Jean-Yves Kotto ne s’attendait pas à une telle évolution quand il décida, un jour de 2006 en France où il vivait, de construire un simulateur de vol « juste pour s’amuser » et assouvir sa passion pour l’aviation. Et lorsqu’il s’appuya sur le pilote Joseph Barla, alors en service à la Camair (l’ancêtre de Camair-Co) et sur un ami français féru d’informatique, c’était davantage pour que cet appareil récréatif eût des performances « proches » de celle d’un avion. C’est en ramenant ce simulateur de Boeing 737 NGchez lui au Cameroun en 2007 qu’il se rendit compte, soudain, qu’il était « beaucoup trop beau pour jouer »… En réfléchissant à un autre usage possible de cet appareil, l’idée de la création d’une école apparut, motivée par le fait que la demande africaine en pilotes allait croissant. Le simulateur n’étant pas homologué, un partenaire fut rapidement trouvé, en l’occurrence la Sabena Flight Academy, une structure appartenant à la défunte compagnie belge Sabena (disparue en 2001, après une mise en liquidation judiciaire). Celle-ci aida à mettre en place l’école, ses structures et ses programmes avant d’être rachetée plus tard par le canadien CAE, leader mondial en matière de simulateurs de vols civils et militaires.

Ambitions

Depuis, la SFA-A, a formé trois promotions de 12 pilotes au total depuis 2014. « C’est bien peu par rapport à nos ambitions et notre potentiel », concède Joseph Barla. En revanche, la formation dans les autres métiers de l’aviation est un peu plus dynamique puisque l’école forme trois promotions d’hôtesses et de stewards ainsi que deux promotions de « flight dispatchers » par an. Il est vrai que la formation est beaucoup plus courte dans ces métiers : trois mois pour les hôtesses de l’air et stewards et cinq mois pour les agents techniques d’exploitation, contre 20 à 22 mois pour les pilotes de ligne. Dans tous les cas, « SFA-A est un bon partenaire tant au niveau de la qualité des formations qu’au niveau des coûts, car des formations similaires sont accessibles à l’étranger mais sont plus onéreuses », fait observer Raymond Ekenglo Ekoumen qui rappelle par ailleurs que la SFA-A est membre du réseau mondial d’écoles CAE Oxford Aviation Academy qui compte une douzaine d’établissements à travers le monde. Mais, loin de l’endormir, ces lauriers renforcent plutôt les ambitions de la jeune école. « Nous espérons que l’activité aéronautique va recommencer à progresser dans notre région pour que nous ayons un plus grand nombre d’élèves. À ce moment-là, soit nous-mêmes allons acquérir des avions pour la formation pratique, soit nos partenaires tunisiens mettront des avions à notre disposition au Cameroun », projette Jean-Yves Kotto.

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