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Algérie-France : un nouveau partenariat centré sur le gaz

Le président français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune à Alger, le 27 août 2022 ©APP NurPhoto via AFP

Au-delà des enjeux politiques habituels (question mémorielle, immigration, sécurité régionale), le récent déplacement du président Macron à Alger a permis d’acter l’intérêt français pour le gaz algérien.  Une approche « business » qui pourrait in fine permettre de réchauffer les relations entre les deux pays, jusqu’à présent complexes.

Par Dounia Ben Mohamed

À l’issue d’une visite de trois jours à Alger, organisée du 25 au 27 août, le président français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, ont signé une déclaration commune “pour un partenariat renouvelé” entre les deux pays, et ce afin [d’]inscrire leurs relations dans une dynamique de progression irréversible », soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie (1954-1962)

 « Ce rapprochement va nous permettre d’aller très très loin »

« Aujourd’hui, nous avons le même entêtement à réussir ensemble parce que nous avons la même conviction qu’au fond, la relation n’est pas qu’une simple relation bilatérale comme les autres, c’est une relation d’intimité profonde pour l’Algérie, pour la France et pour nos deux pays », a notamment déclaré le président français , s’adressant à son homologue, Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier a pour sa part salué « une visite excellente et réussie [qui] a permis un rapprochement qui n’aurait pas été possible sans la personnalité même du président Macron », annonçant au passage que les deux pays allaient également « agir ensemble dans beaucoup de domaines en dehors de l’Algérie et la France» et que « ce rapprochement [allait] permettre d’aller très très loin »

Ces nouvelles déclarations doivent désormais être concrétisées par la mise en place d’un « haut conseil de coopération », lequel prévoit notamment la création d’une commission conjointe d’historiens pour travailler sur la période coloniale et la guerre d’Algérie.

“À plus long terme, on veut consolider le partenariat entre TotalEnergies et Sonatrach”

C’est toutefois la question énergétique qui était le vrai enjeu du déplacement d’Emmanuel Macron, le chef d’État français étant accompagné de six de ses ministres ainsi que de la patronne du groupe énergétique français  Engie, Catherine MacGregor. Déjà fournisseur majeur de l’Italie et l’Allemagne, l’Algérie pourrait ainsi augmenter de 50 % ses livraisons de gaz à la France. Des échanges dans ce sens ont de fait été initiés entre Engie et Sonatrach, le géant (public) algérien de l’exploitation de pétrole et de gaz. Tout en rappelant que « la France [dépendait] peu du gaz dans son mix énergétique (20% environ), et qu’on [n’était] pas dans une dynamique où le gaz algérien pourrait changer la donne », le président Macron a concédé « [qu’] à plus long terme, [la France veut consolider] le partenariat entre TotalEnergies et Sonatrach ». Pour rappel, lors d’un récent sommet algéro-italien, tenu en juillet dernier, un important contrat pétro-gazier de « partage de production » entre les géants italien Eni, l’américain Occidental Petroleum et le français Total, portant sur 4 milliards de dollars, avait été annoncé.

L’Algérie, premier exportateur africain de gaz, dispose de réserves prouvées s’élevant à près de 2.400 milliards de m3.

De fait, la France, comme d’autres pays européens pris dans la guerre russo-ukrainienne, doivent d’urgence trouver des alternatives au gaz russe. C’est dans cette optique que l’Italie a récemment conclu un accord avec l’Algérie, premier exportateur africain de gaz (11% du gaz consommé en Europe), qui dispose par ailleurs d’une des plus grandes réserves fossiles prouvées au monde (2400 milliards de m3). Davantage,  les Européens ne sont pas les seuls à convoiter le gaz algérien. Pour preuve, ces derniers mois, avant le responsable français, Alger a reçu le secrétaire d’État américain Anthony Blinken, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov ou encore le Premier ministre italien Mario Draghi (qui a depuis démissionné de son poste).  De quoi confirmer l’Algérie dans son rôle de puissance régionale stratégique.

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