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Arielle Kitio Tsamo, tout pour l’inclusion numérique !

Formations au numérique, à la robotique et au codage, mais aussi actions de lutte contre les préjugés sexistes et de promotion des filles dans les métiers scientifiques… Au Cameroun, la fondatrice de Caysti est sur tous les fronts, convaincue que la révolution digitale est une voie d’avenir pour le continent. Les femmes et les jeunes sont la cible prioritaire de ses messages. 

Par Harley McKenson-Kenguéléwa

Arielle Kitio Tsamo a le digital dans la peau  ! En l’espace de quelques années, sa contribution dans le domaine du numérique éducatif a valu à cette jeune informaticienne de nombreuses reconnaissances internationales : prix Afrique innovante de la Fondation Norbert Ségard en 2018, ambassadrice du Next Einstein Forum en 2017, lauréate du prix Margaret 2019 de la Journée de la femme digitale, lauréate 2020 du concours mondial sur l’éducation de qualité organisé par Deloitte. Sans oublier son classement dans Forbes 30 Under 30 Afrique en 2018, entre autres distinctions ! Celle que l’on appelle « l’enfant prodige de l’économie digitale camerounaise » affiche un curriculum vitae bien étoffé. Élève brillante inscrite au lycée de Biyem-Assi à Yaoundé, elle obtient un baccalauréat scientifique avec mention à l’âge de 15 ans et devient titulaire, en 2011, d’une licence en informatique. Elle décroche ensuite un master en informatique option Cloud Computing (mention très bien), puis débute sa vie professionnelle comme développeuse logiciel dans des entreprises de services numériques à Yaoundé (World Voice, Afreetech). 

Briser le plafond de verre

Très vite, Arielle Kitio fait un triste constat : dans l’univers du numérique, rares sont les femmes qui ne se heurtent pas à des inégalités au cours de leurs carrières. C’est pourquoi elle crée en 2015 l’association WIT (Information Technology for Women and Youth), qui vise à établir une parité dans le domaine des métiers scientifiques et technologiques et organise des compétitions au Cameroun afin d’encourager les filles à opter pour ces filières.  

Deux ans plus tard, elle fonde la société Caysti (pour Cameroon Youth School Tech Incubator) afin de concevoir des outils d’apprentissage de nouvelles technologies. La start-up crée ainsi abcCode (acronyme de « Art de Booster la Créativité »), logiciel qui permet d’initier les enfants (6-15 ans) à la programmation informatique à la seule condition qu’ils sachent écrire leur langue maternelle, que celle-ci soit officielle ou non. L’idée est donc de faire du codage de façon ludique et intuitive, que l’on parle wolof, haoussa, foulfouldé ou français. Très vite, abcCode rejoint le top 10 des innovations technologiques dans l’éducation établi par l’Unesco. Quant à la start-up, elle multiplie, auprès des enseignants et des élèves, des actions de formation pour l’intégration du numérique dans l’enseignement. « Aujourd’hui, Caysti est une belle équipe, un réseau dense de coachs certifiés », dit Arielle Kitio, ajoutant que « plus de 9 000 enfants ont été formés à l’innovation technologique, au codage, à la robotique et à l’intelligence artificielle ».

Lancement de Techwomen Factory

Les enfants, mais pas que : en 2022, Caysti a lancé Techwomen Factory, un programme d’initiation aux nouvelles technologies destiné aux jeunes Camerounais de 18 à 35 ans (en reconversion, en situation de chômage ou de sous-emploi) et en particulier aux femmes, qui grâce au numérique peuvent améliorer leur autonomie. Lors de sa première édition, 179 boursières ont pu bénéficier de cette initiative financée par des fonds canadiens* et qui permet d’acquérir des compétences dans trois domaines : art numérique, développement web ou data science (science des données).  « Le processus de sélection est complexe », souligne Arielle Kitio. « Outre les aptitudes techniques et psychotechniques, les conditions socio-économiques sont aussi prises en compte ». Miriam Tadjeu Ngassam, une de ses heureuses bénéficiaires, témoigne : « En neuf mois, je me suis initiée au graphisme. La formation a été ludique, dense et enrichissante, professionnellement et personnellement ». Un enthousiasme que partage Nadège Merlin Bouche, une autre participante qui, elle, s’est initiée au design graphique : « J’ai pu mettre en pratique mes connaissances en réalisant des travaux pour le compte de l’organisation Youth Voices Cameroon ». Pour ce cursus, qui comprend une période de stage en entreprise, l’objectif de Techwomen est ambitieux : former 2000 femmes d’ici 2026, avec un taux d’insertion professionnelle de 75 %.

WIT, Caysti, Techwomen Factory… : l’appétit d’Arielle Kitio pour mettre son expertise à la portée de tous semble inépuisable. À la mesure de ses engagements, qui visent tout à la fois à lutter contre les stéréotypes sexistes, démystifier la technologie, combattre la barrière de la langue afin que l’anglais ne soit plus un frein pour les enfants africains non anglophones, mais aussi travailler sur les aptitudes cognitives (pensée critique, résolution de problème…). Ateliers d’éveil technologique et colonies de vacances sur la robotique et le codage, formations d’enseignants aux techniques d’impression et de modélisation 3D, bootcamps sur la diversité et l’intelligence artificielle, partenariat avec l’Unicef pour réduire la fracture numérique en milieu scolaire… : Arielle Kitio est présente sur tous les fronts, avec des résultats très encourageants.  « Il est toujours gratifiant de voir l’impact de ses actions sur le terrain », reconnaît-elle humblement. Mais les challenges restent nombreux pour améliorer les performances scolaires. C’est la raison pour laquelle Caysti se doit de poursuivre sa mission ». Une mission tous azimuts, dont l’ambition, au fil des ans, reste la même : développer les compétences numériques de la jeunesse camerounaise, dans une ère portée par la révolution digitale.

*Techwomen Factory est une initiative de Caysti, en partenariat avec CUSO international, Affaires mondiales Canada, l’agence de coopération allemande GIZ et ONU Femmes.

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