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Arnaud Lagesse, Un Capitaine d’Industrie Mauricien Qui Lorgne Sur l’Afrique de l’Est

Région en forte croissance, l’Afrique de l’Est suscite l’intérêt d’un nombre croissant d’investisseurs. Parmi eux, le groupe diversifié mauricien IBL, qui a récemment investi le marché kényan de la grande distribution avec une prise de participation dans la société Naivas. À la tête de ce conglomérat qui pèse près de 900 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, Arnaud Lagesse revient pour Forbes Afrique sur les raisons de ce nouveau positionnement stratégique.

Propos recueillis par Szymon Jagiello


Forbes Afrique : Vous avez récemment signé un accord pour acquérir 40 % du capital de Naivas International Ltd, qui détient 100 % de la chaîne kényane de supermarchés Naivas. Quel a été le montant engagé pour cette prise de participation et quelles sont vos attentes  ?

Arnaud Lagesse : Cette acquisition est un acte de foi dans la stratégie à l’international du Groupe IBL car Naivas est un leader dans la grande distribution kényane, un secteur en forte croissance. Pour l’achat évoqué des 40 % du capital de Naivas International, la transaction s’est chiffrée à 145 millions de dollars, dont près de 95 millions de dollars que nous avons nous-mêmes déboursés. Le reliquat a quant à lui été obtenu par le biais de nos partenariats avec Proparco (une filiale de l’Agence française de développement [AFD] et la DEG (filiale de l’institution allemande KfW Group). L’objectif pour IBL est que Naivas devienne sa filiale, en plein accord avec la famille fondatrice Mukuha, qui restera de fait présente à nos côtés sur le long terme.

Cette acquisition traduit votre désir de vous positionner en Afrique de l’Est, comme l’indique votre stratégie « IBL Beyond Borders ». Quelles sont vos ambitions pour cette sous-région et quels sont les investissements que vous allez consentir ? 

A.L. : Au total, nous projetons d’utiliser plus de 125 millions de dollars sur les 5 prochaines années pour nous positionner dans la sous-région. De ce point de vue, l’acquisition de Naivas est l’élément fondateur du déploiement de cette stratégie axée sur l’Afrique de l’Est.

Quels sont, selon vous, les principaux défis à relever ?

A.L. : Comme toute nouvelle initiative qui est lancée, il est toujours important de prendre le temps de comprendre le marché, ses dynamiques et ses spécificités. La mise en place d’un bureau permanent de Business Development, en janvier 2018, à Nairobi, nous a permis de cerner cela. Pour répondre spécifiquement à votre question sur les difficultés et défis rencontrés, la recherche de partenaires potentiels ou d’actionnaires vendeurs de compagnies  en droite ligne avec les secteurs identifiés et avec le bon profil de croissance, n’a pas toujours été facile. Par ailleurs, dans certains cas, la fiabilité des données financières sur lesquelles nous avons pu nous appuyer n’a pas toujours été au rendez-vous.

Pourquoi privilégiez-vous ce marché plutôt qu’un autre, comme l’Afrique de l’Ouest ?

A.L. : Je pense que chaque région de l’Afrique possède sa propre attractivité. Ceci étant dit, nous avons privilégié l’Afrique de l’Est car notre revue stratégique avec le cabinet de consultants McKinsey nous a permis d’identifier d’abord une démographie favorable et des secteurs à forte croissance sur l’Afrique de l’Est, où IBL a développé une vraie expertise. Le Kenya, avec une population estimée à plus de 55 millions d’habitants, fait figure de leader. Cependant, même si nous avons un focus stratégique sur l’Afrique de l’Est, nous restons ouverts et à l’écoute d’autres opportunités sur tout le continent, comme le démontre notre récent investissement dans une usine de fabrication de farine et d’huile de poisson en Côte d’Ivoire.

Arnaud Lagesse, PDG du Groupe IBL Group ©Eric Lee

Même si nous avons un focus stratégique sur l’Afrique de l’Est, nous restons ouverts et à l’écoute d’autres opportunités sur tout le continent, comme le démontre notre récent investissement dans une usine de fabrication de farine et d’huile de poisson en Côte d’Ivoire.


Quelles sont les autres raisons qui vous incitent à pénétrer ce marché est-africain ?

A.L. : Au-delà de l’élément démographique, la proximité géographique et une culture business alignée sur des pratiques juridiques proches de l’Île Maurice, nous ont conforté dans notre choix. La connectivité, notamment aéroportuaire – fréquente et rapide entre notre pays insulaire et cette région- a également été des facteurs contribuant à notre décision.

Diriez-vous que le déploiement régional offre plus d’avantages actuellement que le très attendu projet de Zone de libre-échange continentale africaine ?

A.L. : Tout à fait ! Je crois, qu’à l’heure actuelle, il n’y a aucun leadership africain capable de faire de l’Afrique un marché unique, comme c’est le cas dans l’Union européenne. Dans ce contexte, je suis persuadé que ce n’est pas demain la veille que les 55 pays qui composent le continent y parviendront. Du point de vue stricto sensu des affaires, la régionalisation offre plus de perspectives à moyen terme. Comme indiqué pour l’Afrique de l’Est, les lois sur les sociétés, tant sur le plan fiscal, que législatif, et la manière de fonctionner du Kenya, voire de la Tanzanie, sont plus proches de celles pratiquées à l’Île Maurice que dans la zone de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Une réalité qui incite de facto à faire des affaires dans cette sous-région.

Photo : Arnaud Lagesse, PDG du groupe diversifié IBL. Crédit photo : Eric Lee


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