La Tunisie rêve d’exporter ses nombreux savoir-faire sur le reste du continent. Dans le secteur de l’urbanisme, les entreprises tunisiennes ne cachent pas leurs ambitions. Borhène Dhaouadi, architecte et fondateur de la société Groupement DTA, espère faire rayonner son expertise au-delà des frontières de son pays. Un pari qui est déjà partiellement réussi.
Cet architecte tunisien ne manque pas d’ambition pour la Tunisie et le reste du continent. Dans le secteur de l’urbanisme, Borhène Dhaouadi est l’un des rares à porter des projets autant pour son pays que pour le reste du continent. «Il faut imaginer collectivement la ville africaine du futur. Pour Tunis, nous conceptualisons un quartier connecté près du lac. Et dans le même temps, nous portons aussi une vision panafricaine, car nous sommes impliqués dans des constructions au Sénégal», affirme-t-il.
À la tête de Groupement DTA, un cabinet d’architectes d’une vingtaine de collaborateurs, Borhène Dhaouadi, 39 ans, ne se fi xe aucune limite. «L’an dernier, Borhène voulait organiser un congrès sur la smart city de Bizerte en un temps limité. Il n’a pas compté ses heures. C’est un fonceur», raconte Marwen, l’un de ses anciens employés avec qui il collabore encore ponctuellement. Borhène Dhaouadi tient ce tempérament de son enfance : «Je suis fils d’entrepreneur. Je suis admiratif de mon père qui travaillait durement. Il m’a inspiré», explique celui qui espère réaliser un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros d’ici à cinq ans.
UNE VISION PANAFRICAINE
Situé à Zarzouna, une localité du nord de la Tunisie, près de Bizerte, Groupement DTA affiche l’Afrique en grand sur ses murs. «Quand nous avons créé notre entreprise en 2008, notre premier projet n’était pas pour la Tunisie, mais au Sénégal. Nous avons conçu l’Autoroute de l’avenir à Dakar avec des partenaires comme Eiffage», raconte fièrement Borhène Dhaouadi. Puis il ajoute : «Ce lien qui nous unit avec le Sénégal n’a cessé de s’accroître, car c’est notre entreprise qui est chargée de concevoir le train express régional de Dakar.» Actuellement, ce sont 10 personnes qui travaillent sur ce projet, dont cinq basées dans la capitale sénégalaise.
«Notre force réside dans notre capacité à attirer des talents locaux vers la réalisation de leurs infrastructures», poursuit Borhène Dhaouadi. Après ce premier succès sur l’Autoroute de l’avenir au Sénégal, d’autres pays n’ont pas hésité à recourir aux services de Groupement DTA. «Le Gabon nous a aussi contactés. Nous avons complètement conçu l’aéroport de Port-Gentil, avec un pavillon présidentiel intégré», détaille-t-il. Il espère convaincre prochainement d’autres États de lui confi er des projets structurants.
Borhène Dhaouadi n’a jamais caché ses ambitions panafricaines. Son continent, comme il aime à le dire, est une terre d’opportunités pour les architectes. «En Tunisie, une prise de conscience a été nécessaire pour nous rappeler à nous-mêmes que nous sommes africains. Dans mon entreprise, nous avons souvent des débats intergénérationnels sur la vision que nous avons de notre Afrique, explique-t-il. Les plus âgés font la distinction entre l’Afrique du Nord et le reste du continent, alors que les plus jeunes voient le Sénégal ou la Côte d’Ivoire comme étant des terres d’opportunités où il fait bon vivre. C’est important de travailler sur les consciences, car les entreprises tunisiennes, dont la nôtre, ont beaucoup à partager en terme d’expertise vers le reste du continent africain, autant que nous devons apprendre d’autres États ou entreprises.»
BIZERTE 2050
Malgré ses ambitions panafricaines, Borhène Dhaouadi n’oublie pas son pays. «Nous travaillons sur la construction d’un écoquartier intelligent dans la zone proche du lac de Tunis. Nous espérons voir ce projet se conclure d’ici à 2025. Actuellement, nous devons conceptualiser ce futur quartier auprès de la Société de promotion du lac de Tunis», dit-il. Au total, ce sont un million de mètres carrés qui seront construits pour un montant avoisinant un milliard d’euros. «Ce genre de projet structurant est une vitrine de notre savoir-faire qui peut s’exporter au-delà de Tunis», ajoute Borhène Dhaouadi. Et il compte bien s’appuyer sur cette future réussite pour conceptualiser complètement les villes tunisiennes.
«Nous avons fondé une association nommée “Bizerte 2050”. Notre objectif est de transformer Bizerte en créant la première smart city tunisienne. Nous voulons faire en sorte que la transformation de la ville appartienne à la société civile, à celles et ceux qui vivent à Bizerte», explique-t-il.
C’est dans cet esprit que l’association a souhaité créer une impulsion positive autour du projet, en partenariat avec le gouvernement tunisien. «L’an dernier, nous avions invité des scientifiques, chercheurs et architectes pour concevoir ensemble la ville du futur à Bizerte. L’objectif est de créer la cité du XXIe siècle en Tunisie. Plusieurs milliers d’emplois peuvent être créés», développe Borhène Dhaouadi. Puis il conclut : «Bizerte 2050 est un projet qui intéresse nombre d’investisseurs. Lors de notre conférence organisée l’an dernier, nous avions attiré sur l’ensemble des trois jours près de 12000 participants, dont 2000 entreprises. Cela démontre bien que le secteur privé s’est saisi des enjeux liés à la création de la smart city de Bizerte.»
Dans le cadre de Bizerte 2050, ce sont près de 10 chantiers majeurs qui sont au programme, dont la création d’un technoparc. Ce centre abritera les chercheurs qui travailleront à l’amélioration de la qualité de vie à Bizerte.
Pour lire l’intégralité de cet article, rendez-vous pages 34-35 du numéro 57 Mai 2019,