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De l’utilité sociale des résidences secondaires en Afrique

Résidence secondaire © Max Vakhtbovych

Alors qu’en Europe, un marché dynamique de millions de résidences secondaires est depuis longtemps entré dans les mœurs, l’approche est perçue différemment en Afrique subsaharienne, où les propriétaires ont sensiblement les mêmes tranches d’âge et/ou une aisance financière qui permet cet achat.

Par Albert Menelik Tjamag, Designer-Promoteur immobilier, COO de Glocal-Atom (Cameroun) 

La résidence secondaire est peu développée en Afrique car la majorité de la population cherche encore à se doter d’un logement principal convenable et moderne. Il semble donc difficile de mettre en avant une économie de la villégiature alors que des besoins plus primaires ne sont pas comblés. Quand on parle de résidences secondaires, on pense davantage à la maison du village. Souvent située à moins de trois heures de route, c’est un havre de paix qui permet de se ressourcer et d’échapper à une vie citadine chaotique. Malgré une ruée massive des populations vers les villes, avoir sa maison au village est une tendance qui s’impose pour les tenants de la nouvelle classe moyenne. Cette résidence peut être le fruit d’un héritage, auquel il faudra redonner vie ou une nouvelle construction qui confirme l’ascension sociale de l’enfant du pays. 

L’Afrique n’est pas encore entrée dans l’immobilier de revente, qui sous-tend le marché des résidences secondaires. Le dynamisme et la fluidité d’un marché de seconde main dans le domaine de l’immobilier supposent d’abord un consensus sur les goûts en matière de construction ou de décoration. Or, ce n’est pas toujours le cas et encore moins dans les villages où la tradition chasse avec force toute aventure architecturale. Ce marché de seconde main est également tributaire d’une grille moyenne de prix dans laquelle les acheteurs se retrouvent. Là encore, mis à part le prix des terrains qui est connu, le prix des bâtiments peut varier d’une échelle de 1 à 10 selon les matériaux utilisés par le propriétaire, la générosité des espaces, l’aménagement des pièces… etc.

Un bien à risque

Cette résidence d’accompagnement, si elle est considérée comme un simple investissement, devient dès lors un bien à risque à cause de la complexité de sa sécurisation et de la difficulté de sa revente. Les caméras pourraient bien indiquer au propriétaire toute intrusion, mais elles sont tributaires d’un réseau internet parfois capricieux. Les alarmes sonores émeuvent peu un voisinage souvent distant, compte tenu de l’ampleur des propriétés en Afrique. Un gardien et des chiens restent la meilleure solution, mais cela implique des frais qu’il faut accepter d’assumer. Pour ce qui est de la revente, l’envisager suppose que les autochtones puissent accéder au train de vie du notable qui a construit sa résidence secondaire… Ce qui est loin d’être le cas. Enfin, la localisation pose parfois problème aux citadins qui accepteraient un tel achat.

Dans une société africaine qui s’occidentalise, mais garde néanmoins des valeurs communautaires, la résidence secondaire prend un tout autre sens. Elle apparaît comme une maison de campagne ou citadine occupée par une partie de la famille plus ou moins proche. Ce sera une famille nordiste installée au Sud ou une famille de l’Est installée à l’Ouest. Cela peut être aussi une résidence de retraite, au bénéfice de personnes âgées retournant au village pour passer des jours plus paisibles. 

Nouvelles générations, nouvelles ambitions ?

Avec les nouvelles générations, va-t-on assister à un renouveau de la résidence secondaire à l’africaine, où l’utilité du lieu prendrait le pas sur la propriété ? On pourrait assister à l’émergence de lieux de revitalisation de nos villages, où les jeunes citadins lessivés par la vie urbaine iraient se ressourcer. Partager une maison, redonner vie à nos villages et recréer les conditions du vivre ensemble, donner à ces lieux une autre destination que la simple villégiature, imprimer un sens, faire naître un lien qui se fait de plus en plus rare dans les mégalopoles africaines. Au final, la résidence secondaire conçue comme une maison de passage et de mise en commun des émotions donnerait sans doute à ses propriétaires africains davantage de satisfaction.

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