Les sphères économiques du monde entier ne dissimulent plus leur intérêt prononcé pour le continent africain. Et elles comptent bien intégrer les réseaux diasporiques dans leur stratégie vis à vis du continent. C’est l’objectif que se donne ANIMA Investment Network, à travers la mise en œuvre du programme DiafrikInvest, qui souhaite établir des ponts solides entre la diaspora et les entrepreneurs du continent .
C’est par l’entrepreneuriat et l’investissement que le continent africain émergera. Et ses diasporas implantées dans le monde entier en ont bien conscience. Selon plusieurs études, la diaspora africaine de France envoie près de 10 milliards d’euros chaque année. Axé essentiellement vers la consommation de produits d’usage quotidien, une partie de cette somme tend désormais à être investi pour des actions entrepreneuriales. La plateforme de coopération ANIMA – qui assure la coordination de DiafrikInvest – s’est donnée pour mission d’accompagner cette dynamique. DiafrikInvest joue ainsi sur trois tableaux. « Nous accompagnons les institutions des pays d’origine pour créer des stratégies ciblant les talents et les investissements de la diaspora », explique Léonard Lévêque. Coordinateur de DiafrikInvest chez ANIMA. Puis il poursuit : « On organise aussi un programme d’accélération international d’entrepreneurs, qui utilise les compétences de ces diasporas pour renforcer les entrepreneurs locaux et aider leur développement ; et qui accompagne aussi des entrepreneurs de la diaspora qui veulent investir en Afrique en leur apportant une expertise des marchés locaux», conclu-t-il. Enfin, le troisième volet porte sur la mise en place d’un réseau d’investisseurs privés de la diaspora et d’investisseurs basés dans les pays d’origine.
L’agroalimentaire, les technologies vertes et les TIC priorisés
La recherche de financements d’amorçage est souvent compliquée sur les marchés continentaux. Les solutions de financement d’entreprises étant peu nombreuses, c’est également sur ce volet qu’ANIMA se mobilise. « Nous accompagnons individuellement et collectivement les entrepreneurs vers la levée de fonds. Par ailleurs, les meilleurs entrepreneurs de DiafrikInvest se verront offrir une campagne de levée de fonds via une plateforme de financement participatif », indique Léonard Lévêque. Les prochaines rencontres entre entrepreneurs et investisseurs en Afrique du Nord auront lieu début 2020 à Rabat et à Tunis. Si les besoins des entreprises demeurent conséquents, ANIMA opère néanmoins une sélection dans les dossiers selon des critères prédéfinis à l’avance. «Il faut notamment que ses services ou produits contribuent à la création d’emplois auprès des communautés et interviennent dans le secteur des TIC, de l’agroalimentaire et des technologies vertes. Il s’agit d’entreprises assez matures qui commercialisent déjà leurs solutions », explique Léonard Lévêque. Pour l’heure, le programme d’accélération DiafrikInvest, cofinancé par l’Union européenne, accompagne près de 70 porteurs de projets issus de Tunisie, du Maroc, du Sénégal et de la diaspora de ces trois pays. Afin d’accompagner au mieux ces porteurs de projets, ANIMA s’est associé à plusieurs partenaires dont Afrikwity« L’accès au financement pour les startup en Afrique est limité. Cela s’explique par le manque de financements en fonds propres et l’incapacité des entrepreneurs à comprendre les attentes des investisseurs », explique son fondateur Thameur Hemdane. qui est en charge de l’accompagnement des entrepreneurs en matière de préparation à la levée de fonds. Puis il conclu: «Face à ces enjeux, ANIMA a lancé des initiatives pour stimuler la mise en réseau des business angels et l’accès aux plateformes de crowdfunding ».
ANIMA axe sa stratégie sur les diasporas
Dans le cadre du déploiement de sa stratégie, DiafrikInvest met le cap sur le Sénégal pour l’Afrique subsaharienne. «Le 22 octobre 2019, nous organisons à Dakar la seconde journée de coaching collectif pour préparer les entrepreneurs à lever des fonds, et le lendemain, nous participerons au FIELD au cours duquel nous présenterons avec notre partenaire, le CJD Sénégal, notre nouvelle plateforme visant à promouvoir les échanges entre les acteurs sénégalais et la diaspora », explique Léonard Lévêque. Le FIELD étant le Forum de l’Innovation, Entrepreneuriat et du Leadership durant lequel 25 entrepreneurs du programme DiafrikInvest y prendront part. A cette occasion, DiafrikInvest inaugurera une plateforme digitale pour l’investissement productif de la diaspora qui référence l’ensemble des porteurs de projets sénégalais auprès des investisseurs de la diaspora. «Le CJD Sénégal a construit cette plateforme avec l’ensemble des incubateurs, institutions, agences publiques, acteurs financiers et de la coopération, intéressées à l’idée de construire une démarche coordonnée pour informer et orienter cette population expatriée qui représente un potentiel pour le développement du pays», détaille Léonard Lévêque.. Le choix du Sénégal n’est pas dû au hasard. Dakar multiplie les appels du pied auprès des diasporas afin de solliciter leurs investissements dans le cadre du Plan d’Appui aux Initiatives de Solidarité pour le Développement. Ce un guichet d’investissement en lien direct avec la présidence de la République permet à la diaspora d’investir son épargne dans les entreprises locales. Nul doute que cette nouvelle plateforme permettra aux diasporas d’y voir clair parmi toutes ces propositions.