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Diool, la fintech qui simplifie la vie des commerçants

Serge Boupda ©Diool

Face à la multiplication des canaux de paiement digitaux, devenue un véritable casse-tête pour les commerçants, l’entrepreneur camerounais Serge Boupda a lancé sa plateforme Diool, destinée à simplifier la vie de ses clients.    

Par Patrick Nelle

La quarantaine entamée, Serge Boupda est à la tête de Diool, la plateforme camerounaise de paiement digital qui surfe à plein sur l’essor actuel de la fintech continentale : sur les 4,3 milliards de dollars levés par les start-up africaines en 2021- un record- les sociétés actives sur le segment des technologies financières ont capté 53 % du total des financements (2,3 milliards de dollars).

Lancée en 2015 par plusieurs associés, dont Serge Boupda, la start-up est sortie de l’anonymat en 2021 grâce à une levée de fonds réussie. Une opération qui lui a permis de récolter plus de 3,5 millions de dollars auprès d’investisseurs. Ce montant, inédit pour une jeune pousse évoluant principalement sur les marchés d’Afrique francophone, a placé Diool dans le cercle des start-up qui façonnent la transformation digitale sur le continent africain.

Une idée née d’un besoin

Expatrié en France depuis la fin des années 90 pour y suivre ses études supérieures, Serge Boupda a vu germer l’idée de Diool au fil de ses fréquents séjours au Cameroun, son pays natal : « Pendant mes vacances au Cameroun, j’étais régulièrement frustré au moment de faire des achats. Je me retrouvais bloqué, juste parce que je n’avais pas d’espèces, alors que j’avais une carte de crédit. Il fallait que je me rende d’abord à un guichet pour retirer quelques liquidités », se rappelle l’entrepreneur, évoquant le refus péremptoire des commerçants d’accepter toute autre forme de paiement que des espèces. Aujourd’hui encore, en dépit de l’adoption généralisée des moyens de paiement mobile (Mobile money), « nombre de commerçants se montrent toujours réticents à leur emploi », fait-il remarquer.

Pour comprendre l’utilité de la plateforme, il faut s’imaginer la difficulté que représente pour un commerçant le fait d’avoir à gérer une multitude de canaux de paiements : versements en espèces à la caisse, chèques, carte magnétique, argent mobile (Mobile money), virements, etc. « C’est déjà un énorme travail pour le commerçant lambda d’avoir à gérer ses stocks, ses fournisseurs, ses ventes, etc. Si à cela vous ajoutez la tâche qui consiste à réconcilier les paiements issus de diverses plateformes, ça devient mission quasi impossible », constate Serge Boupda.

Centraliser pour simplifier

La valeur ajoutée de Diool est d’intervenir dans la chaîne des flux pour centraliser sur une seule et unique plateforme, les informations relatives aux paiements effectués sur des canaux différents. Les fonctionnalités sont en premier lieu conçues pour les entreprises, l’objectif étant de simplifier l’interaction entre le marchand et son client au moment de la transaction, mais aussi de faciliter les flux d’argent entre le commerçant et ses fournisseurs.

De fait, ce positionnement comme rouage du commerce a influencé les fondateurs de l’entreprise au moment de lui choisir un nom. Inspiré du mot Dioula, ce peuple d’Afrique de l’Ouest connue pour sa maîtrise des subtilités du commerce, Diool est un service destiné aux commerçants et non une solution grand public. « Diool est une plateforme qui permet aux commerçants de recevoir et d’effectuer des règlements quel que soit le moyen de paiement utilisé par les clients ou par les fournisseurs », résume Serge Boupda qui ajoute que « cela permet aussi aux opérateurs d’évacuer tous les risques liés à la manipulation du cash, aux vols, aux destructions et aux pertes ».

Plus de 900 millions d’euros de transactions

La start-up se déploie actuellement sur un portefeuille de plus de 2000 clients-commerçants, dont « le volume cumulé des transactions réalisées se chiffre entre 600 à 800 milliards de francs CFA (entre 900 millions et 1,2 milliard d’euros) », précise le patron de Diool, qui se rémunère en prélevant une petite commission sur chaque transaction.

Il n’empêche, les défis restent immenses. Même si l’entreprise est  parvenue à conclure une série de partenariats avec des opérateurs de téléphonie mobile pour l’infrastructure et des institutions financières  pour encadrer les flux financiers, il reste à convaincre des acteurs souvent très conservateurs, d’embrasser de nouvelles habitudes de gestion. L’optimisme est cependant de mise au sein des équipes de la start-up : « Nous apportons vraiment une solution concrète à un problème concret. Et généralement, les gens n’hésitent pas à adopter une nouveauté quand ils y voient leur intérêt » assure, convaincu, Serge Boupda.

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