Phénomène relativement nouveau, les locations meublées ne cessent de prendre de l’ampleur sur le continent, dans le sillage notamment de l’essor du tourisme. Un mouvement alimenté tant par les particuliers que par les professionnels de l’immobilier.

Par Oju Babayaro

Visiteurs de passage, diaspora venue se ressourcer au pays, expatriés en séjour à durée limité : ils sont de plus en plus nombreux à faire le choix d’un meublé de tourisme (appartement ou maison) plutôt que celui d’une chambre d’hôtel pour leur hébergement courte durée dans les villes africaines. Une tendance qui n’a pas échappé aux particuliers bailleurs et aux promoteurs, qui redoublent d’effort pour capter cette clientèle souvent à la recherche de solution de logement bon marché. « Entre la mi-Mai et le mois d’août, c’est la période où la demande est la plus forte. C’est la saison touristique », explique Eric Nloka, agent immobilier basé à Dakar. « Il y a beaucoup de Sénégalais qui rentrent et qui préfèrent se loger dans des meublés », ajoute notre interlocuteur pour qui le principal atout d’un tel type d’appartement est « la flexibilité et une chaleur humaine que peut difficilement procurer un établissement hôtelier ».

Rapport qualité-prix 

Sans parler du rapport qualité-prix : « Un meublé loué à 45 000 francs CFA (68 euros) par jour peut comprendre deux chambres et un salon, tandis qu’au même prix vous avez une chambre d’hôtel qui fait à peine 12m² », rappelle Eric Nloka. Loin d’être le monopole des grandes entreprises, le secteur est investi par de nombreux particuliers. Mais pour ces non-professionnels, les affaires ne sont pas toujours faciles. Retraitée, Albertine Ngoumou est propriétaire de deux logements meublés au Cameroun, l’un situé à Douala, l’autre à Kribi, une cité balnéaire très prisée des touristes située dans le sud du pays : « A Kribi, ça marche plutôt bien, il y a beaucoup de touristes qui y vont pour les week-ends ou pendant les vacances. A Douala par contre, j’ai dû me résoudre à placer ma maison en location longue durée parce que la formule du meublé n’était pas rentable », confie-t-elle. Autre formule, des particuliers louent des appartements vides, les aménagent en meublés et les exploitent. C’est le cas de Samantha Semdjel, une belge d’origine camerounaise installée à Bruxelles, qui dit avoir « pris un appartement qui lui sert de pied à terre quand elle va au pays ». Le reste du temps elle indique « le louer en appartement meublé ».

Airbnb, l’allié indispensable

Sa clientèle, elle la trouve principalement dans son réseau d’amis ainsi que via la plateforme Airbnb, la première entreprise mondiale du tourisme par sa capitalisation boursière (77 milliards de dollars de valorisation).  « Certains particuliers développent ce schéma et peuvent se retrouver avec une chaîne de 10 meublés qu’ils exploitent », témoigne ainsi Eric Nloka. De fait, la dynamique liée au tourisme est porteuse sur le continent la SFI (Société financière internationale) rappelant qu’en 2019, la filière pesait 7 % du PIB continental et représentait un chiffre d’affaires de 169 milliards de dollars. Toujours selon la SFI, l’Afrique serait aujourd’hui le deuxième marché touristique du monde en termes de croissance et son immense potentiel touristique commence tout juste à être exploité. Et après le choc né de la crise sanitaire et des années 2020 et 2021 extrêmement difficiles, le secteur rebondit de nouveau depuis le début de l’année.

Les professionnels à l’affût

Une croissance retrouvée qui encourage tout naturellement des entreprises à développer des projets sur le segment des locations meublées, à l’image de Sablux, une société de promotion immobilière sénégalaise fondée en 2009 et qui depuis quatre ans s’est lancée dans le développement de projets d’appartements meublés : « On a démarré notre activité  de location d’appartements meublés à Dakar en début 2018. Chaque année on note une évolution importante, la demande est très forte à Dakar », constate Moustapha Diaw, responsable du Pôle meublés au sein de la société. Les offres de standing comme celles proposées par l’entreprise attirent d’ailleurs au-delà des touristes, et séduisent de plus en plus les multinationales et les organisations internationales qui cherchent à loger leurs agents en séjour professionnel. Pour le dirigeant, c’est une certitude, « la donne a changé ». « Avant, le réflexe était de demander où se trouvaient les hôtels corrects. Aujourd’hui, les visiteurs demandent des appartements meublés car ça leur donne plus d’espace, plus de liberté », conclut Moustapha Diaw.