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Énergie : Le Maroc prêt à illuminer l’Afrique

Depuis une dizaine d’années, le Maroc s’est engagé dans une transition énergétique axée sur le développement des énergies renouvelables (éolienne, hydraulique et solaire). Grâce au complexe Noor Ouarzazate, au cœur de la stratégie énergétique marocaine, la part des énergies renouvelables  dans le mix électrique du Royaume devrait atteindre 52 % à l’horizon 2030.

Par Dounia Ben Mohamed

Avec une quasi-absence de ressources énergétiques fossiles identifiées (hydrocarbures, charbon), le Maroc dépend à plus de 95 % de l’extérieur pour son approvisionnement. Conscient de sa vulnérabilité énergétique, le pays a adopté dès 2009 la Stratégie énergétique nationale à horizon 2020 et lancé cette même année le Plan marocain de l’énergie solaire. Objectif : faire en sorte que les énergies renouvelables représentent 42 % de la capacité installée en 2020 et 52 % en 2030, en installant des capacités additionnelles de production d’électricité d’un total de 6 000 mégawatts de sources éolienne, hydraulique et solaire.

Résultat de cette stratégie ambitieuse, plus de 4 000 mégawatts renouvelables ont déjà été mis en service dans le Royaume, et le mix électrique a aujourd’hui dépassé les 37 % selon les données de la MASEN (Moroccan Agency for Sustainable Energy, l’Agence marocaine pour l’énergie durable, créée en 2010 pour développer, étendre et exploiter des centrales solaires et éoliennes). Parmi les projets phares de l’agence, le programme Noor (« lumière » en arabe), premier projet solaire élaboré dans le cadre de la stratégie énergétique marocaine. 

Deux millions de Marocains alimentés en électricité propre

Plus grande centrale solaire thermodynamique au monde, le complexe Noor Ouarzazate, au sud-est de Marrakech, s’étend sur 3 000 hectares et compte 2 000 panneaux. Doté de quatre unités de production – Noor I (160 MW), Noor II (200 MW), Noor III (150 MW) et Noor IV (72 MW) –, il s’appuie majoritairement sur la technologie CSP (Concentrating Solar Power, énergie solaire thermique à concentration ou thermodynamique), où le stockage de l’énergie se fait sous forme de chaleur, ce qui permet d’avoir des capacités de stockage supérieures à celles des batteries et de répondre à tout moment à la demande d’électricité. Avec une capacité installée de 582 mégawatts (360 MW de solaire thermodynamique avec capteurs cylindro-paraboliques, 150 MW de solaire thermodynamique avec tour, 72 MW de photovoltaïque), cette centrale permet aujourd’hui d’alimenter deux millions de Marocains en électricité, tout en économisant le rejet de près d’un million de tonnes par an de gaz à effet de serre. Le Maroc, qui s’est aussi engagé à réduire de 32 % ses émissions de gaz à effet de serre en 2030, figure d’ailleurs en tête de liste de l’Indice international de protection du climat 2021, occupant la 7e position sur 57 pays.

D’un coût total de neuf milliards de dollars, le projet, financé par une dizaine d’institutions internationales, doit non seulement répondre aux besoins énergétiques du Maroc, mais également faire du pays un important fournisseur d’énergies solaire, éolienne et d’hydrogène vert à destination de l’Europe et de l’Afrique.

Autre pièce maîtresse de la révolution solaire marocaine, le projet de Noor Midelt, dont la première phase de construction a été attribuée à un consortium mené par le groupe français EDF Renouvelables. Décrit par la MASEN comme « le plus grand complexe solaire multitechniques au monde », ce mégaprojet devrait à terme combiner 600 MW de CSP et 1 000 MW de photovoltaïque, pour un total de 1 600 mégawatts.

Leader continental et incubateur d’initiatives

De quoi imposer le Maroc comme leader dans le domaine des énergies renouvelables et inspirer d’autres initiatives, comme celle de la Banque africaine de développement (BAD), un des bailleurs du programme, dont la contribution totale aux ambitions solaires du Royaume s’élève à 770 millions de dollars.

« Lancée en septembre 2019 à Ouagadougou, l’initiative Desert to Power ambitionne de produire 10 GW d’ici à 2030 et alimenter 250 millions de personnes, ce qui ferait de la bande sahélienne la plus grande région de production d’électricité solaire dans le monde »

Le Président de l’institution, Akinwumi Adesina, saluant la prouesse que représente le projet Noor, a réaffirmé en marge des dernières Assemblées annuelles de la BAD – tenues en mai 2022, à Accra (Ghana) –  la volonté de la Banque de rééditer l’exploit avec le projet Desert to Power (D2P). Lancée en septembre 2019 à Ouagadougou, cette initiative, qui couvre onze pays de la région du Sahel (Burkina Faso, Éthiopie, Érythrée, Djibouti, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal, Soudan et Tchad), vise à « débloquer le potentiel solaire des pays du G5Sahel » afin d’alimenter 250 millions de personnes en utilisant les sources d’énergie disponibles en abondance dans la région. Avec un investissement nécessaire de 20 milliards de dollars pour financer des centrales produisant de l’électricité à partir de sources propres, l’objectif de ce projet est de produire 10 gigawatts d’ici à 2030, ce qui ferait de la bande sahélienne la plus grande région de production d’électricité solaire dans le monde.

En photo : La centrale solaire Noor à Ouarzazate (Maroc). Crédit photo : Masen

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