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Fatou Kiné Diop, créatrice de tontines digitales

Fatou

Le digital, un sésame pour l’Afrique ? Fatou Kiné Diop, entrepreneuse sénégalaise à succès, en est convaincue. Cette Dakaroise a mis en place une tontine via les réseaux sociaux pour aider les ménages à s’équiper à moindre coût. Alors qu’elle avait démarré avec seulement 20 000 francs CFA, son chiffre d’affaires a atteint 50 millions de francs en 2018. Rencontre dans la banlieue de Dakar avec cette techwoman qui ne jure que par le numérique.

C’est à première vue une femme que rien ne distingue des autres : la taille élancée, le teint foncé, un goût prononcé pour les tenues traditionnelles, un français moyen, un cadre de vie habituel. Et pourtant, Fatou Kiné Diop, 34 ans, ne manque pas de mérite. Elle abandonne ses études en classe de première, faute de perspectives avec de mauvaises notes qui s’accumulent, et multiplie les petits boulots. Infographie, élevage, friperie, communication… Elle est loin d’être satisfaite. Élevée par une maman passionnée de tontine, Fatou Kiné Diop commence à s’intéresser à ce système d’épargne collective tournante qui contourne les crédits bancaires avec leurs taux d’intérêt décourageants. Et en 2015, elle décide de tracer son propre chemin. À la place d’une tontine traditionnelle faite de cotisations pour l’achat de matériel, la Dakaroise jette son dévolu sur une activité plus moderne et entend atteindre beaucoup plus de membres via les réseaux sociaux, dans un pays où tous les jeunes sont connectés. Le projet e-Tontine est ainsi né. Il consiste à monter une tontine en ligne, avec une acquisition à tour de rôle.
une Place De chOix POur les Femmes « De 20 personnes au départ, l’initiative compte aujourd’hui 3 000 membres, avec une forte dominante féminine », confie la présidente d’e-Tontine, qui s’appuie sur les compétences de deux collaboratrices. L’une d’elles, Bineta Mbengue, a été recrutée comme comptable dès le début de l’aventure, il y a quatre ans. Elle décrit une directrice générale « avec beaucoup de vergogne, sociale, ouverte, brave et travailleuse », mais qui « s’énerve parfois », sans jamais perdre de vue qu’il faut, ensuite, reprendre rapidement le contrôle de soi.
« Les jeunes prient pour moi comme si je leur donnais les équipements gratuitement », raconte Fatou Kiné Diop. Elle précise également que la tontine séduit de plus en plus les hommes. Elle a d’ailleurs son explication : le matériel, composé notamment de matelas, de salons, d’armoires, intéresse aussi l’autre sexe, sans compter la transparence dans les opérations, rassurant tous les membres. Et on y retrouve toutes les couches sociales, avec des « clients » qui ne sont pas forcément salariés. « Ce genre de projets concerne le plus clair du temps des personnes qui n’ont pas de compte bancaire », explique l’économiste Oumar Bâ. Pour Fatou Kiné Diop, pas de difficulté majeure : e-Tontine grandit. Tout le contraire des premiers temps, quand elle était assaillie de questions de toutes sortes concernant la fiabilité du projet et sa pérennité. La Dakaroise, qui a toujours su faire preuve de pédagogie pour rassurer les sceptiques en passant notamment par les réseaux sociaux, a attrapé le virus de l’entrepreneuriat auprès de sa mère qui s’activait aux tontines, mais à l’ancienne, sans le digital. En 2018, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 50 millions de francs CFA. Elle avait démarré avec 20 000 francs CFA. …

Pour lire l’intégralité de cet article, rendez-vous  pages 30-31 du numéro 62 Novembre 2019

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