Le cabinet de recherche BMI Research vient de relever de 20 dollars, à 120 dollars, ses prévisions de prix moyen du minerai de fer pour 2024. Une conjoncture qui favorise mécaniquement les pays africains producteurs.
Par Jérémie Suchard
Ce relèvement de cours est au diapason de la solide tendance haussière constatée sur le cours du minerai depuis le début de l’année (+ 27 %). Un développement qui selon BMI — filiale du groupe de notation financière Fitch — se justifie en premier lieu par la reprise de l’activité économique en Chine — notamment dans le transport maritime, l’automobile et les infrastructures — l’empire du Milieu étant le premier consommateur mondial de minerai de fer (le pays importe environ 1,1 milliard de tonnes de fer par an), indispensable à la production d’acier.
Un renforcement des investissements sur le continent
Pas étonnant dans ces conditions que les opérateurs économiques chinois aient renforcé leurs investissements dans la filière fer, en particulier sur le continent africain comme le montre la récente signature en Guinée, d’un accord d’investissement et de coopération de Winning Consortium Simandou (WCS) avec China Baowu Resources, filiale de China Baowu Steel Group Corp, premier producteur mondial d’acier.
Plus largement, combinée à la baisse des stocks portuaires, « cette configuration favorise une hausse des prix », expliquent les analystes de BMI. De fait, à la clôture des marchés le 24 novembre, les contrats à terme sur le minerai de fer avaient enregistré leur cinquième progression hebdomadaire consécutive, les cours évoluant autour de 137 dollars la tonne métrique.
Des recettes accrues
Une bonne tenue des prix qui fait bien entendu le bonheur des pays producteurs africains (Afrique du Sud, Mauritanie, Guinée, Liberia, Sierra Leone) — qui voient mécaniquement les recettes générées par le secteur s’accroître (sous forme notamment d’impôts et de taxes) — mais aussi celui des compagnies minières présentes sur le continent, ces dernières accélérant l’exécution de leurs projets pour profiter de cette fenêtre conjoncturelle favorable. À l’arrêt depuis plus de dix ans, le projet de la mine de fer gabonaise de Belinga, dans l’Ogooué-Ivindo (nord-ouest du pays), a ainsi été relancé par l’Australien Fortescue Metals Group et le Fonds pour la transformation et l’industrialisation de l’Afrique (Atif), avec l’objectif d’expédier les premières cargaisons de minerai de fer d’ici la fin de l’année. Seul bémol, cette hausse des cours pourrait ne pas durer, la progression attendue de la production minière ayant pour effet de réduire à terme la pression sur les prix, pronostiquent les équipes de BMI.