Évoquée dès 2013, l’installation pétrochimique du magnat nigérian a réceptionné sa première cargaison de pétrole brut. Un pas décisif pour l’indépendance énergétique du Nigeria.
Inauguré en grande pompe fin mai par le président Muhammadu Buhari, en présence de cinq autres chefs d’État africains — Macky Sall, Nana Akufo-Addo, Faure Gnassingbé, Mahamat Idriss Déby, Mohamed Bazoum — et de l’actuel président nigérian, Bola Tinubu, le complexe pétrochimique du groupe Dangote a réceptionné le 8 décembre sa première cargaison de pétrole brut pour sa mise en service.
Une cargaison d’un million de barils
C’est la major anglo-néerlandaise Shell, huitième exportateur de pétrole au monde et premier producteur privé d’or noir d’Afrique subsaharienne (plus de 2 millions de barils par jour) qui a assuré cette première fourniture de pétrole brut. La cargaison a porté sur un volume d’un million de barils, provenant du champ offshore d’Agbami, exploité par Chevron. Cette livraison sera prochainement suivie d’autres puisque quelque 6 millions de barils sont attendus d’ici la fin de cette année, pour le démarrage des opérations de la raffinerie, ont rapporté nos confrères de l’agence Reuters. Le complexe pétrochimique devrait notamment lancer, dans un premier temps, la production de diésel, de gaz liquéfié et de carburant aviation, avant de démarrer la production d’essence.
Chiffrée à près de 20 milliards de dollars, la méga raffinerie du milliardaire Aliko Dangote(10,4 milliards de dollars de fortune personnelle selon Forbes) s’étend sur plus 2 600 hectares dans la zone franche de Lekki, au sud-est de la ville de Lagos et ambitionne d’être la première raffinerie d’Afrique avec un objectif de 650 000 barils par jour en pleine capacité. Une bonne nouvelle pour le Nigeria — première puissance économique du continent — qui est aujourd’hui très dépendant au carburant importé (essence, diésel, kérosène). Or, selon les estimations de la Banque centrale du Nigeria, la mégaraffinerie du milliardaire Aliko Dangote devrait permettre au pays d’économiser « environ 3 milliards de dollars » par an sur ses importations de produits raffinés. Sans compter l’usine d’engrais- d’une capacité de 3 millions de tonnes par an- qui est intégrée au complexe et déjà en service depuis quelques mois.
Un groupe déjà très profitable
De quoi assurément faire les affaires du patron du groupe Dangote lui-même puisque les revenus annuels du conglomérat, aujourd’hui de l’ordre de 4 milliards de dollars environ, pourraient atteindre à terme 30 milliards de dollars, lorsque la raffinerie et l’usine d’engrais fonctionneront à plein régime, estime la direction de la société. Avec une marge opérationnelle supérieure à 40 %, et un bénéfice net estimé à 830 millions de dollars en 2022, le groupe est d’ores et déjà une formidable vache à lait, qui rémunère copieusement ses actionnaires. Détenteur de près de 86 % du capital du cimentier, via sa holding Dangote Group, Aliko Dangote a perçu cette année un dividende de 636 millions de dollars, au titre de l’exercice 2022.